lundi 01 août 2011
Malaises dans le travail social
Conférence de Joseph Rouzel à l'ISSM de Mulhouse le 14/11/2006
Le social va mal. Et les intervenants du champ social (travailleurs sociaux, psychologues, rééducateurs, enseignants…), sont malmenés. Bien sûr le malaise dans le social est de structure. Sigmund Freud nous avait mis la puce à l’oreille dès 1929 dans son ouvrage célèbre Malaise dans la Culture, qu’il clôturait par cette interrogation inquiète : « …le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées à la vie en commun par les pulsions humaines d’agression et d’autodestruction ? » Le malaise d’aujourd’hui est produit par le néolibéralisme que Pierre Bourdieu en mars 1998 définissait comme « un programme de destruction méthodique des collectifs ». Ce mode d’organisation féroce trame l’ensemble du tissu social – et ce à l’échelle du monde. Ses figures protéiformes se règlent sur le règne de la marchandise et du spectacle. Du coup le socle de l’humain est attaqué dans ses principes. Qu’en est-il aujourd’hui des valeurs qui font autorité et fondent tout acte de transmission ? Qu’en est-il du lien social lorsqu’une petite partie des habitants de la planète confisque les moyens de survie du plus grand nombre ? Qu’en est-il de la place de la parole et du sujet qui peut y advenir, dans une société où les mirages du scientisme, dans ses retombées les plus funestes de l’invasion des gadgets technologiques au management industriel, soumis à la loi du chiffre et de la quantité ?
Les signifiants-maîtres qui bordent les zones du malaise sont terribles : exclusion, désaffiliation, désinsertion, désymbolisation, chômage, violences multiples dans la sphère privée ou publique... Et tout ceci enveloppé dans un discours virtuel où ce qui est mis en avant c’est évidemment le bien de tous, alors que « le parlêtre n’aspire qu’au bien, nous avertit Jacques Lacan, d’où il s’enfonce toujours dans le pire » (RSI, inédit, 8 avril 1975). Un tel état d’urgence réclame des actes pour que ça change, à savoir pour que le malaise soit replacé au bon endroit, celui de la castration qui assujettit chaque sujet à l’ordre de la parole et du langage, au lieu d’un ordre féroce né du désenchantement du monde et de l’injustice. Il n’y a qu’une porte de sortie : que chacun s’assume comme manquant, car tel se profile la structure même de ce qui fait malaise dans l’ « humus humain », aujourd’hui menacé. « Le savoir par Freud désigné de l’inconscient, c’est ce qu’invente l’humus humain pour sa pérennité d’une génération à l’autre », souligne Lacan en 1973 dans sa « Note italienne » (in Autre écrits). Ce qu’on attend du travail social en ces temps difficiles c’est qu’il soutienne chacun, matériellement et psychiquement, dans cette épreuve. Or c’est bien cette pérennité d’une transmission dans des actes qui est aujourd’hui subvertie par le discours néolibéral. Le sens même du travail dit « social » relève de cette évidence. Si les intervenants sociaux prennent de plein fouet cet état de fait, c’est qu’ils sont logés aux avant-postes, là où ça fait mal.
La psychanalyse comme signal d’alerte, sur le plan subjectif et collectif, permet de se tenir éveillé sous l’aiguillon des questions qu’elle soulève. Mais questionner ne suffit pas dans ce contexte difficile. Il faut des actes pour que ça change : des actes cliniques, institutionnels, politiques. Autant d’ouverture à des réseaux de résistance active.
Joseph ROUZEL, Directeur de PSYCHASOC
Pour commander le DVD: envoyer 15 € à Psychasoc, 11 Grand rue Jean Moulin, 34000 Montpellier
Source : www.psychasoc.com
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