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Une rencontre.

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Serge DIDELET

mardi 04 février 2025

Une rencontre.

Le huit novembre dernier, le G.P.S. (Groupe Psychanalytique de Sallanches) a accueilli Joseph Rouzel pour une soirée de travail suivie d’un moment convivial au restaurant dans une auberge accueillante. Si l’on ne présente plus Joseph, le GPS, groupe apocryphe sans existence légale, mérite bien quelques sous-titres. Ce groupe s’origine à l’année 2008, sous la houlette d’un psychanalyste, Pierre Hatterman, décédé en 2016 suite à l’attentat de Nice du quatorze juillet. Le groupe perdait un leader charismatique qui nous accompagnait, pas à pas, dans la lecture du Séminaire de Lacan ; et je perdais mon psychanalyste qui était devenu un ami.

Sidérés par ce réel qui fait irruption, nous avons réagi, et nous avons décidé de continuer le travail, mais selon d’autres modalités, nous ouvrant à des lectures éclectiques (JB Pontalis, S. Freud, J.D. Nasio, Cynthia Fleury, JP Lebrun, G. Amiel, J. Rouzel…). Nous nous regroupons mensuellement. Association de fait, c’est-à-dire non déclarée, le GPS réunit quelques psychistes de bonne volonté ; il y a des psychiatres, des psychologues cliniciens, une enseignante spécialisée, et des psychanalystes.

Invité de marque pertinent et sympathique : Joseph Rouzel a passé cette soirée avec nous afin d’échanger autour de son dernier ouvrage, « la technique du divan » (Editions le retrait 2024) que nous avions lu au préalable. C’est un très bon ouvrage, sans jargon lacanoide inutile - Joseph ne récite pas des mantras -, ni dérapage dans la vulgate, c’est l’ouvrage d’un artisan buriné par des décennies d’expérience qui nous livre « quelques notes saisies au vol dans l’après -coup des séances » , des bribes d’un savoir expérientiel transmissible et transposable.

Pourquoi ce livre, qui est un essai de transmission alors que Lacan disait que la psychanalyse ne se transmettait pas ? La psychanalyse est une praxis inachevée et inachevable, il y a là une transmission d’impossible. Pourquoi impossible ? Parce que, quoi qu’on fasse, il y aura toujours du ratage, ce sera insuffisant, et il faudra se coltiner la réalité de cette castration.

L’ordre symbolique à l’œuvre dans l’analyse, en tant que structure inconsciente implique la question du manque et du ratage. Quoiqu’il fasse, le sujet est et restera divisé du fait de son aliénation – nécessaire- au langage.  Aucun signifiant ne comblera le manque à être et exprimera la vérité-toute d’un sujet, ce manque est consubstantiel aux trumains, il est de structure.

Alors, quitte à rater, autant rater mieux et, de la psychanalyse en faire un dispositif, un outillage à sa main, afin de dénouer ce que la parole a noué dans le passé, cette volée de maudits mots-dits. Avec, à l’horizon ce but qui consiste à parler en son nom propre, dire « je ». Merci encore à toi, Joseph, pour cette rencontre par lequel ton dire a pu compléter le dit de l’ouvrage ; il n’y a pas de dichotomie entre le bouquin et son auteur, autant dire que le livre est incarné !

Il y a peu, nous avons fait un « tour de table » à propos de cette soirée initiée au préalable par la lecture individuelle de l’ouvrage. Fut évoquée unanimement la rencontre avec une psychanalyse vivante, contemporaine et concrète ; par laquelle les questions de l’accessibilité et de la transmission sont centrales.

Alors le GPS remercie encore Joseph d’être venu bénévolement nous insuffler un peu de sa psuké qui nous a (re)dynamisé dans notre recherche au long cours. Cette soirée fut une vraie bouffée d’air frais dans ce monde anxiogène où, peu à peu, la parole est discréditée au profit de la psychopharmacologie et les neurosciences. Ce fut, et pour paraphraser notre ami et regretté Jean Oury, « une rencontre qui fait sillon dans l’humus du réel ».

Serge Didelet le 14 janvier 2025.

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