Populisme, nationalisme, communautarisme, ces mots lourds de connotations sulfureuses envahissent le champ de la communication et les médias ! Dans cet opuscule rigoureux et concis, l’auteur fait un point sur l’évolution du FN depuis sa création 1972, en examinant tous ses états, passés, présents et à venir. Il analyse les mutations de la société pour y sonder la causalité de la croissance de ce parti qui ne cesse de défrayer la chronique ; un constat s’en dégage : ce n’est pas le FN qui fait la société mais notre société qui fait le FN ; on n’a jamais que les têtes de file emblématiques qu’on mérite… Et si une société vacille sur le socle qui la fonde, à savoir, ses institutions, on a, alors, des leaders qui s’attaquent aux dites institutions, sans états d’âme.
Le premier FN, fondé par le père J.M. Le Pen, se veut l’héritier des valeurs nationalistes, (famille patrie) de l’extrême droite avec une vision xénophobe construite sur la haine d’une immigration nécessitée par une croissance soutenue. D’obédience pétainiste, voire négationniste et poujadiste, anti-européen a souhait, il se démarque par une absence de structuration au profit d’une volonté de scandale et de provocation. Le déclin historique des forteresses ouvrières, les chocs pétroliers à répétition, modifiant les fondements de l’économie du pays, lui font prendre, « au nom du peuple », des positions contre la libre circulation et l’immigration. Les lois sur le regroupement des familles, puis les effets de la mondialisation ouvrant la société actuelle à une quête identitaire, inaugurent la voie d’un repli propice à la stigmatisation des différences.
Le FN 2 sera dirigé par la fille, Marine, confrontée à la dérive de la crise économique vers une crise financière. Elle remodèle son parti, lâchant quant à elle, l’étiquette d’antisémitisme avéré pour un autre bouc émissaire, moins risqué : l’islam. Beaucoup plus stratège, elle ne va pas s’attaquer aux hommes d’une race, mais à une religion. Et non à la religion elle-même, mais à une islamisation qui érige un mode sociétal sur des principes de communautarisme et d’intégrisme. C’est le règne de l’intolérance, au nom de la tolérance, pour préserver le principe de la laïcité. Se démarquant des discours de son père, elle reste cependant prise par son attirance pour le scandale et le maniement des scoops. Elle oscille entre le maintien de la marginalisation et une aspiration bien pensante de respectabilité démocratique, pour accroître son score électoral. Pour atténuer les tensions, elle va jusqu’à accepter le principe du mariage gay afin de se montrer progressiste et moderne. Cet opportunisme de raison lui fera perdre l’électorat traditionaliste fédéré aux pieds de la statue de Jeanne d’Arc. Mais les gouvernements se heurtant à leurs incohérences, elle s’engouffre allègrement dans la faille, pour se récupérer sur l’abstentionnisme.
Le temps 3 sera celui de l’avenir… sans doute encore Marine…
Elle continue sur son ère, obstinée à saper et combattre ce qui tente de se faire sans rien proposer de bien constructif, campant toujours dans le déni de la pluralité des opinions et de la démocratie. De ce fait, elle contribue à l’appauvrissement de la réflexion par des propositions simplistes et basiques alors que la politique est, par définition, nuancée et compliquée ; elle persiste à proférer des invraisemblances qui parlent aux pulsions les plus archaïques en chacun, au détriment de la culture et de l’anticipation mesurée et sage du long terme. Faire du show et de l’audience avec une parole libérée et décomplexée, surtout depuis que le nombre des électeurs augmente, en jouant sur les peurs ancestrales, peut l’amener à occuper une place de chef charismatique, à l’instar de l’Italie ou de la Hongrie… Le pouvoir aux mains du FN, on l’a certes vu à l’œuvre dans certaines municipalités, avec un succès plus que réservé et mitigé de corruption et de violence. Donc, comme les erreurs se répètent, on peut craindre que, pour mettre en œuvre ses théories, elle n’entraîne ses leaders à se salir les mains et ce, jusqu’où et comment ? Au vu de la croissance des démocraties dites « dirigées » en Europe, dont les mesures liberticides, muselant toute opposition, s’infiltrent crescendo, nous est offert, cadeau empoisonné, ce risque de quitter le chemin de la démocratie.
Peut-être bientôt premier parti de France suite aux incapacités de la gauche et à la déréliction de la droite ? Si le mirage persiste et signe on vérifiera, une fois de plus, que l’Histoire n’apprend pas bien ses leçons !
Florence Plon
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vendredi 03 octobre 2014