dimanche 06 novembre 2005
D’une côté il y a « des piégés, des résignés ou des frustrés, de l’autre des profiteurs, des protégés ou des tricheurs » disent leurs comptables. Les logiques économiques grignotent du terrain, rongent et instrumentalisent tous les secteurs d’activités dans un déni effrayant de la finalité Humaine.
Les professions libérales du DROIT, jusque là soumises à des règles déontologiques strictes sont elles aussi appelées par les mêmes chants des sirènes, sur le point de déserter la place de la République pour rejoindre les zones commerciales comme les autres.
La déontologie professionnelle serait, selon les « modernes » réservée exclusivement aux clients, justiciables à protéger, et non pas pour leurs porte-feuilles.
Les plus réticents à se lancer dans l’aventure du marketing publicitaire ventant leurs « produits » en cabinets sont désignés par leurs pairs comme des ignorants des demandes de la clientèle, d’arrière garde, rétrogrades. Ce nouveau style de communication décrit comme un progrès par ses adeptes est présenté comme « un droit d’information ». Quand publicité se confond avec droit à l’information dans l’esprit de ceux qui véhiculent une telle image du droit devenu « tout mercantile», comment les jeunes générations peuvent-elle croire encore à la séparation des Pouvoirs, à des valeurs de Justice dans ces conditions ?
Une société dont la jeunesse ne croît plus en sa Justice est une société en danger de violences extrêmes. Les banlieues explosent les unes après les autres avec comme seule réponse cet aveu d’impuissance que révèle la répression policière et la violence « d’un nettoyage au carcher ».
Face à autant de dérives où chacun se demande si son Honnêteté va lui coûter de l’argent, l’Homme de DROIT se méprise en dénigrant l’Homme droit.
L’Homme droit se distingue en ceci qu’il ne considère pas comme but suprême de la vie d’amasser de l’argent mais préfère se concentrer sur ses études, ses recherches, son travail, pour améliorer son humanité comme ses compétences avec l’humilité qui s’impose.
Les violences urbaines qui se propagent deviennent profondément inquiétantes en ce sens qu’elles seraient l’expression à l’état brut d’un abus de pouvoir ou de faiblesse selon le point de vue duquel on se place. Il est urgent de soulever des questions de fond.
Le travail ne gouverne plus l’opinion de nos élites qui se méfient du peuple et inversement. Nous sommes entrés de plein fouet dans l’ère d’un Etat de défiance permanente où « économique » ne rime plus avec « social ».
Toutes les tentatives d’action de groupes dans des domaines divers et variés, sont tuées dans l’œuf par autant d’obstacles juridiques infranchissables.
Les conditions sont réunies pour que la violence surgisse de n’importe où ; à tout moment, imprévisible, brutale.
Lorsque les seules unités de valeurs retenues, encouragées, flattées sont réservées au culte de l’argent et de l’action en bourse, elles réduisent à néant la dignité , l’intégrité de l’Homme.
Fausses puissances, misérables normes, elles produisent inexorablement des effets secondaires sans précédents, de la légèreté et du décorum, du raisonnement à court terme, de l’étroitesse d’esprit. Il n’y aurait plus aucune autre alternative. Nous serions tous ruinés par une opinion publique « ignorante » de la vérité où seuls compteraient, plus de libéralisme et de flexibilité. Ceux qui se considèrent comme des véritables travailleurs dignes de respectabilité ne seraient donc plus que ces grands dirigeants d’une nouvelle « religion » libérale. Ceux qui savent ne parlent pas, ne parlent plus.
En tenue blanche, robe noire ou costume gris bleu, les élites se réunissent en cercles fermés et privés. Ils recrutent pourtant dans leurs rangs leurs propres oppresseurs formés par la même école de pensée pendant que la société civile, profane, mais bien réelle sent monter une colère comme une lame de fond dont personne ne peut prévoir le mode d’expression.
Le Monde s’unit pour combattre le terrorisme, il devrait aussi s’unir pour résister aux graves dérives actuelles qui remettent en cause les démocraties.
Le plus inquiétant pour ma part, est que le discours Politique entérine cet état de fait en formulant, par son vocabulaire public, la destruction du lien social « fracture, fossé, France d’en haut, d’en bas, discrimination positive » etc… pour n’avoir plus d’autre recours que d’envoyer une cohorte de policiers à l’assaut des banlieues.
Qu’en est-il de l’ordre caché derrière tout ce désordre apparent ?
Nous peinons à nous sortir de clichés très polis comme de nos archétypes du pouvoir et de la réussite. Nous dévorons avidement notre confort de surface sans même prendre soin de le sauvegarder. Nous perdons toute conscience que la richesse la plus importante pour continuer à construire son propre abri s’appuie sur les fondations de l’organisation sociale des liens que les Hommes établissent pour pouvoir vivre ensemble.
Nous excellons dans l’art du bavardage mondain et celui d’esquiver des questions qui pourraient se révéler dérangeantes. Combien de préoccupations cachées , sont d’abord d’obtenir de l’avancement à la moindre occasion , ou de grossir son porte –feuille, avant le souci du respect de la loi, du citoyen, de l’environnement, de l’autre. Maintenir l’ordre à tout prix, à n’importe quel prix pourvu que ce soit l’autre qui paye, tel est la dure réalité d’un état d’esprit qui donne à l’ultra libéralisme l’ampleur de son triomphe, le seul qui marche sans trop de résistances quelle que soit la couleur du Pouvoir.
Enivrés par notre vertige de la liberté, nous sommes sur le point de la vendre à quelques nouveaux Maîtres. Liberté de moins en moins assurée, les nouveaux propriétaires installés par l’ abstentionnisme, étayés par des usuriers « new look », envoient de plus en plus d’ Hommes au poteau.
Pendant que l’Homme de DROIT commerce et vend, l’Homme de Pouvoir achète. Les slogans se vendent pendant que l’opinion publique s’achète et le Maçon joue au promoteur immobilier. Sur une même bâtisse, nous trouvons désormais les deux panneaux juxtaposés « maison à vendre », « maison à acheter », Voilà bien de quoi en perdre son latin et les jeunes manqueraient de repères clairs, nous répète t-on … Qu’on me prouve qu’il s’agit là d’édifier de l’avenir pour l’Humanité. « L’hommo normalis » d’aujourd’hui est seulement formaté en consommateur non-pensant. Si par malheur il se prend à vouloir s’exprimer dans les règles de l’art, il est immédiatement rappelé à l’ordre par ses pairs « Qui est tu pour avoir une opinion personnelle ? ».
Les violences de masse, abruptes et soudaines ne seraient donc que la traduction dans le réel de cet état de résignation désespérée, contraire à l’état de nature humaine, contraires à la nécessité et à la soif de vivre, notre plus petit dénominateur commun à tous quelle que soit notre place dans les générations, notre statut ou notre jeu de rôle dans la vie.
Faut-il continuer aveuglément à faire la « guerre aux pauvres » ou « tuer la misère » ?
L’opinion publique n’est pas préparée en effet à cette vérité que la misère de masse n’est encore et toujours qu’une situation à but lucratif. Que les éniments spécialistes de la finance nous démontrent le contraire et le dialogue se réamorcera. LINCOLN a fait libérer les esclaves, mais ses successeurs les ont livrés à la libre concurrence de l’économie de marché.
01/11/05
Pour dossier de presse
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