samedi 27 décembre 2008
TROP C'EST TROP,
une réponse au discours du Président de la République
La situation qui est faîte aux personnes atteintes de souffrance et de pathologie mentales aussi bien qu'à ceux et celles qui s'en occupent est devenue totalement intolérable.
Ceux là mêmes qui dénoncent la dangerosité du malade mental, la nécessité de l’enfermer et le laxisme de ceux qui en ont la charge sont précisément ceux là mêmes qui ont créé cette situation inacceptable.
Ce sont eux qui ont fermé les lits des hôpitaux, qui ont réduit la durée des séjours, qui ont étouffé le soin dans des logiques de gestions protocolaires et évaluatives et de rentabilité financière. Ce sont les mêmes qui veulent, à nouveau, traquer le futur porteur de trouble dès l’âge de trois ans, l’enfermer dès 12 ans et le ficher dès 18.
Ce sont eux qui oeuvrent à exclure de la formation du futur soignant ou éducateur toutes les disciplines qui peuvent « indiscipliner » par des approches sans doute jugées pas suffisamment utilitaristes ou contrôlables. Il nous faut renoncer au seul regard « sécuritaire » porté sur notre métier et sur la psychopathologie. Il nous faut refuser de réagir à ce seul plan que l’on s’évertue à nous imposer : l’accepter c’est déjà perdre, car c’est l’ouverture à l’évidence de tout ce qui en découle.
S’il y a une victime de la situation actuelle autour de la folie c’est d’abord la personne qui en souffre, son entourage et ceux et celles qui l’accueille et la soigne.
Revenons à ce qui fonde nos pratiques, nos conceptions de l’homme et de sa liberté et celle de nos institutions et de nos groupes sociaux. Unissons-nous autour de ce que nous dénonçons mais aussi de ce que nous revendiquons.
Il ne faut jamais oublier que tout commence par la formation : « sauvons la clinique » gravement menacée par la disparition de l’enseignement de toutes les approches ne rentrant pas dans le moule de l’utilitarisme et du contrôlable.
Défendons une école où l’enfant ne sera pas traqué dès son plus jeune âge pour savoir quel futur citoyen il sera.
Refusons toute forme de fichage.
Les multiples réactions qui se sont manifestées sont réjouissantes par l’espoir qu’elle soulèvent : à nous tous de savoir les transformer en actions et non pas seulement en réactions.
Joseph Mornet, psychologue, Saint Martin de Vignogoul, Montpellier
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