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Rapport Benisti (suites)

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Jean-Marie Vauchez

jeudi 17 mars 2005

Pour un éducateur peu cultivé, mais internaute, il est des sites qui élèvent l’esprit et rendent plus intelligents. Ainsi, celui de l’assemblée nationale nous offre les lumineuses cogitations de nos élus, et sait amener des éléments de réflexions précieux pour notre pratique.

De cette manière, au détour d’un surf, il est possible de tomber sur une véritable perle qui va révolutionner les représentations que nous avons de la jeunesse. Ce problème est particulièrement ancien et grâce à ce tremblement de terre conceptuel, les sauvageons, les loubards, les délinquant, feront bientôt partie de l’histoire.

Un rapport parlementaire, nous donne la clef, l’explication, qui va nous permettre de comprendre, et donc de traiter la délinquance : le bilinguisme. Dès le début, il annonce son ambition : « jusqu’à maintenant les différentes politiques de prévention mises en place ont été généralistes, à aucun moment des questions fondamentales ont été posées de savoir à qui elle devait s’adresser et quelles étaient les causes des échecs de leurs mises en œuvres » Fort de ces bonnes résolutions, très vite, il annonce sa découverte au travers d’une « Courbe évolutive d’un jeune qui au fur et a mesure des années s’écarte du « droit chemin » pour s’enfoncer dans la délinquance » De judicieux conseils sont prodigués aux parents, extrait :

De 3 à 7 ans : « Ces années se passent traditionnellement à la maternelle et c’est là que les premières difficultés peuvent apparaître. Difficultés dues à la langue, si la mère de famille n’a pas suivie les recommandations de la phase1 (Qui consiste à parler français à la maison) » Pour délivrer l’enfant de son terrible destin délinquant, le recours à une orthophoniste est préconisé pour que le « parler patois du pays », la langue maternelle, soit éradiquée. Evidemment, si l’enfant met de la mauvaise volonté et persiste, c’est au tour de l’assistante sociale d’intervenir.

Enfin, nous avons une véritable méthode pour traiter la délinquance ! Que de temps perdu lorsqu’on songe aux dégâts infligés par ce fléau à la crédibilité de nos dirigeants lors des dernières présidentielles. Mais foin de mauvaise humeur, nous allons pouvoir les mesures qui s’imposent. Ainsi, moi qui suis jurassien, je frémit à l’idée que j’allais peut être conduire ma famille dans un pays forcément dévasté par la délinquance, un pays qui a le malheur d’avoir une partie importante de sa population bilingue, mais aussi (quelle horreur) trilingue ! La Suisse que j’avais projeté de faire visiter à mes enfants sera maintenant pour moi une terre maudite. Bien heureusement elle est hors CEE et de bonnes frontières nous protègent encore. Les hommes politiques, eux aussi pourront, à la lecture de ce très éclairant texte, prendre des mesures, et notre président qui a été si prompt à déconseiller l’Irak aux journalistes serait bien inspiré de prendre des mesures similaires avec la Suisse.

Trèves de plaisanteries, ce rapport préliminaire de la commission prévention du groupe d’études parlementaire sur la sécurité intérieure, présidé par jacques Alain Bénisti député du val de marne, existe bien. Une attitude possible est de traiter par un mépris ce genre de texte qui fait penser à une plaisanterie d’étudiants avinés. Pourtant, le fait même qu’il puisse exister et qu’il soit lu, notamment par un ministre appelle des formes de protestations ainsi qu’une réaction des plus vives.

Le groupe CLARIS promeut une initiative d’un groupe de linguistes du CREPAL (Nancy 2) qui a adressée au ministre de l’Intérieur une lettre de protestation extrait : « Le bilinguisme n’est pas une pathologie linguistique nécessitant une thérapie orthophonique. (Probablement 60% de la population mondiale est au moins bilingue) On ne « guérit » pas un enfant son « patois », on le bâillonne. Interdire aux parents de parler leur propre langue à leurs enfants n’est pas simplement une ingérence totalitaire et une atteinte à leurs droits humains, mais aussi une recette efficace pour réduire la qualité et la quantité de la communication intergénérationnelle (un vrai facteur dans la délinquance ?) »

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