institut européen psychanalyse et travail social  
   N° de déclaration: 91.34.04490.34   
Lettre info

Partage Facebook
Partagez votre amour pour psychasoc avec vos amis !

REZO Travail Social
Connexion au REZO Travail Social

Musique
Lecteur de musique

Livres numériques

Textes > fiche texte

Quelques nouvelles du front.

Suggérer à un ami Version imprimable Réagir au texte

M. OKOUNHOLLA

vendredi 27 mars 2020

Quelques nouvelles du front. 

« Oui, l ’homme n ’est pas fait pour vivre ni dans la pure ombre, ni dans la pure lumière. Oui, le clair- obscur est le séjour le plus propre à l ’homme. »

Eric FIAT, Grandeurs et misères des hommes, in Petit Traité de dignité, mars 2010

Abreuvé d’un flot de nouvelles plus catastrophiques les unes que les autres via la télé tout au long du week-end, j’ai été saisi dimanche soir d’une peur panique que je ne n’avais jamais ressentie jusque-là… Une peur panique de choper le coronavirus et de le transmettre à ma chère épouse.

Cette peur panique m’a habité tout au long de la nuit. J’étais terrorisé à l’idée de reprendre le boulot le lendemain matin.

Au réveil, le lundi matin, mon passager noir, cette peur panique de la veille était toujours là.

Pour la 1 ère  fois depuis le début de cette pandémie, j’ai eu peur de me rendre au boulot… J’étaistétanisé à l’idée de me rendre au front… Je n’avais ni la force ni l’énergie… Mais, il fallait quand même y aller vaille que vaille ! Allez soldat, courage !!!

Alors, c’est le cœur lourd et la boule au ventre que j’ai franchi les portes de la Maison d’enfants ce lundi matin. Je me suis très vite ouvert au directeur qui m’a écouté avec bienveillance et attention… J’ai lu la compréhension dans son regard…

Puis, comme chaque matin, je suis allé m’enquérir du moral des troupes. C’est avec un grand sourire que la maîtresse de maison des grands ados m’accueillit en me disant tout de go :

« Bonjour Emmanuel, c est reparti ! Il faut bien s occuper de ses mômes ! Nous n allons quand même pas les abandonner !!! »  Ces paroles pleines d’enthousiasme m’ont réveillé de ma torpeur et ont eu le mérite de me revigorer.

Sur un autre groupe, une autre maîtresse de maison m’a confié combien ce week-end avait été long pour elle :  « J avais hâte d être au boulot ! Normalement, je ne travaille pas le mercredi, mais j aidemandé au directeur de pouvoir venir bosser …  »  Quel courage, comparé à ma trouille matinale…

Une éducatrice, très enthousiaste m’a dit :  « Si vous avez besoin de moi pour faire des heures en plus, je suis partante ! »

J’avoue avoir été très touché par cette détermination du personnel à continuer à s’occuper des enfantset des jeunes confinés au sein de la MECS, malgré l’  « ennemi invisible »  (dixit M. MACRON) qui rôde. Si ça ce n’est pas de l’engagement, alors, il faudrait m’expliquer quel est le véritable sens de ce mot tant prisé dans notre secteur. Oui, ce matin-là et les jours précédents, j’ai vu l’engagement en acte ! Je neparle pas de l’engagement dont certains

« sachants » du secteur social et médico-social se gargarisent avec des paroles et des discours (suivez mon regard), mais celui qui se traduit au quotidien en actes et en vérité, notamment en ce temps de guerre et de pandémie !

Au sortir de cette crise sanitaire, il y a des notions comme  solidarité engagement , qu’il faudra redéfinir à l’aune de cette période si trouble et si angoissante…

Ce matin-là, les professionnels que j’ai croisés (cuisinières, homme d’entretien, éducateurs, éducatrices, maîtresses de maison, secrétaire, directeur…) ont, non seulement rallumé la flamme de l’engagementen moi et fait disparaître ma peur panique, mais ils ont, sans le savoir peut-être, fait de moi  « un voleur de Beau ! »

Je tiens ici à leur dire merci.

Oui, merci à tous ces soldats de l’ombre qui, depuis le début de cette crise sanitaire, s’occupent avec une détermination admirable des enfants et des jeunes confinés en MECS.

Oui, merci à tous les professionnels de la protection de l’enfance qui, ne pouvant pas

« télétravailler », sont obligés de se rendre chaque jour au front pour s’occuper de ces enfants de laRépublique afin qu’ils ne soient ni des oubliés ni des sacrifiés… Nombre de professionnels de nos structures ont répondu présents, malgré le virus qui rôde ! Rien qu’à y penser, j’en ai les larmes auxyeux.

Il est des moments dans l’histoire d’une institution où l’abnégation et l’engagement des professionnels ont un goût d’éternité !!!

J’ai une pensée pour toutes les MECS bondées en cette période et qui ne disposent pas d’assez d’espaceextérieur pour permettre aux jeunes de se défouler… Je n’ose imaginer les tensions au sein de ces structures en cette période de confinement…confinement qui risque de se prolonger…

L’histoire retiendra votre sens du devoir et du sacrifice !

Même si vous n’apparaissez pas dans le discours des politiques en ces temps si troubles, sachez que vous faites la fierté et l’honneur de ce beau et grand pays ! La France vous doit à vous aussi, soldats en seconde ligne, une reconnaissance éternelle !

Voilà pourquoi, tous les jours, en applaudissant à 20h pour remercier et encourager les soignants qui sont au 1 er  plan de cette guerre sanitaire, j’ai toujours une pensée émue et teintée de gratitude pour lestravailleurs sociaux de nos MECS qui prennent des risques inouïs pour s’occuper des enfants confinés…Merci à vous toutes et tous !!!

Puissiez-vous être associés à ces clappements vespéraux, car vous êtes des soldats de l’ombre, des sentinelles du quotidien !

Au nom de tous ces enfants accueillis et confinés en MECS en ce moment, je vous dis simplement MERCI, MERCI et Mille fois MERCI !!!

J’ose espérer qu’au sortir de cette crise, on vous donnera enfin toute la considération et la reconnaissance que vous méritez !!! Vous méritez tout notre respect !

M. OKOUNHOLLA

Chef de service éducatif en MECS

Coudoux le 26 mars 2020

Commentaires

Vous n'êtes pas autorisé à créer des commentaires.

rss  | xhtml

Copyright © par PSYCHASOC
n° de déclaration : 91.34.04490.34

— site web réalisé par Easy Forma