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POURQUOI LA TECHNO-BUREAUCRATISATION ?

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Daniel Pendanx

mardi 17 février 2009

POURQUOI LA TECHNO-BUREAUCRATISATION ?

« Je n’écrirai pas de poème d’acquiescement »

René Char

Notre métier d’éducateur aurait-il tant « changé » que des responsables d’Associations, visant à réformer, ou plus exactement à défaire la Convention Collective 66, Cabinet Juridique ou pas à l’appui, aient pensé devoir nous affubler du titre époustouflant de « technicien » ?

Pas d’éducateur, plus d’éducateur, mais des « techniciens d’éducation» : les nouveaux nettoyeurs du désir ! Les régulateurs du troupeau social ?

Que s’engage-t-il derrière cela, sinon le règne de la Technique, l’empire de la gestion sur le sujet, le triomphe du pouvoir brut, à l’état brut, à l’état de brute ?

Mais le technocratisme médico-psycho-éducatif ne serait-il que d’aujourd’hui ?

Le si beau et si signifiant mot d’ instituteur avait déjà été déqualifié (remplacé comme on le sait, par celui, pompeux, de « professeur des écoles »), et voilà donc que maintenant devrait disparaître celui d’ éducateur . Je pense là irrésistiblement à cette autre dévastation du langage impliquée dans le nouveau code civil espagnol, où les mots mère et père ont été remplacés, pour rendre juridiquement légitime « l’homoparentalité », par le mot neutre de « conjoint ». Comme dans Big Brother, les futurs parents se trouveront désignés par des lettres : parent A, parent B ! Mais derrière le neutre, asexué, indifférencié, se pointe une toute autre logique… Et nous ne sommes plus là dans la science fiction !

En vérité, derrière cela, c’est la fonction tierce, traditionnellement appelée fonction du Père , qui se trouve subvertie, assimilée dans le grand cercle, placée sous contrôle de la Grande Gouvernance, des Reines de la Nuit… Nous sommes cul par-dessus tête, à l’envers du vieux patriarcat.

Des lecteurs penseront que je dérive, que j’exagère, mais il n’en est rien. J’évoque cela, cette attaque contre les mots, contre le principe du Père, car l’invasion de la technocratie gestionnaire est en rapport étroit avec le triomphe de l’idéologie anti-normative, libérale-libertaire – triomphe que signe la subversion des digues langagières, juridiques et institutionnelles, de la Loi.

L’administratif absorbe le judiciaire… La société civile, de plus en plus indivisée, absorbe l’Etat et abolit les séparations…

Nous sommes sur la pente d’un totalitarisme inédit
Mais bien des protestataires, ceux qui gobent la vision sociologique (si objectiviste !) d’une société réduite aux groupes et à la « domination », continuent malheureusement :

Pourquoi avons-nous laissé s’installer dans nos milieux, sans réaction significative, l’empire d’un management qui perd le sens de la mesure, le sens de ses propres limites de place, de compétence, et dicte de plus en plus souvent des politiques institutionnelles standardisées ?
Les politiques, les tutelles, administratives, associatives, pourraient-elles prendre la vraie mesure de la limite et de l’écart à faire vivre, la vraie mesure de l’espace de séparation entre fonctions et institutions à soutenir dans l’exercice de leurs propres responsabilités, si nous-mêmes, en raison de notre conception insulaire, a-institutionnelle, du sujet et de la clinique, nous laissons aller une vision globalisante, omnipotente, techniciste, de l’action sociale et éducative ? (J’ai tant d’exemples, et depuis si longtemps, des compromissions et des participations de tant de ceux qui aujourd’hui, du côté psy, poussent les cris d’orfraie, avec les pratiques de la « toutalisation »/ globalisation partenariale…)
Ce n’est quand même pas d’aujourd’hui que se déploient, sur fond d’illusions diverses, des politiques institutionnelles positivistes, globalisantes, une conception « totalisatrice » (sinon totalitaire) du partenariat, toutes ces pratiques de « synthèse » et « d’équipe » qui mettent à mal les distinctions et l’écart entre les places et les fonctions, entre les plans de discours, thérapeutique, éducatif, politique, judiciaire, administratif !
A pousser sans cesse au « tout savoir » et au « tous ensemble », à boucher le point de vide, à vouloir éliminer le « temps mort » et éradiquer l’absence, la porte a été laissée grande ouverte à la confusion de la parole et de l’agi.
Et je répète : les praticiens référés à la psychanalyse se sont massivement engouffrés dans le sociologisme, dans une conception purement objectiviste, dé-mythologisée, des pouvoirs institutionnels et du droit ; nous avons perdu le sens du théâtre institutionnel, le sens de la fiction – le sens de la dimension institutionnelle du primat du « symbolique » pour l’animal parlant que nous sommes. Et nous avons laissé dévaster, en toute innocence, sous des sophistications diverses, dans la défense de nos narcissismes professionnels (narcissisme dont l’identification imaginaire au psychanalyste demeure un verrou) notre propre habitat institutionnel…
Comment dès lors s’étonner que les politiques, ayant à portée de main le nouveau discours idéal et conquérant, simpliste, du management, de la « bonne gouvernance », aient mis leur pas dans cette voie ?
Si, « spécialistes », nous n’acceptons, en modestie, de nous engager, en vérité, dans l’élaboration du lien de Référence, autrement dit si nous ne renonçons à nous auto-fonder (et à ainsi occuper, qu’on le veuille ou non, le lieu vide de la Référence !), je ne vois pas comment nous pourrions véritablement faire entendre, à qui de droit, ce qu’il en est de la parole juste dans la fonction
Daniel Pendanx
Bordeaux, 9 février

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