dimanche 03 février 2008
Ou
Les brises de l’humeur, et le vague à l’âme…..
AVE LECTEUR,
Cet épilogue, soulignant la synthèse chez Freud de l’ouvrage « Au-delà du principe de plaisir » publié en 1920 est paru aux éditions Petite Bibliothèque Payot sous le titre « Essais de psychanalyse » - Ce corpus de réflexions inédites sur la Métapsychologie marquant les états différenciés des humeurs du Moi se révèle si pertinent et de si sens lumineux, que je tenais à en donner l’indication à ceux susceptibles de l’entendre. Certes, il reste bien évident que c’est en pure perte qu’on donnerait des confitures à un cochon dirai-je cependant, pour ne pas me départir de l’accent cynique que j’affectionne en certaine occurrence, dans ce qui donne le ton à un proverbe très disant que j’adopte volontiers par ailleurs..
En effet la quintessence d’une telle spéculation remarquable de clarté et de précision, nous ouvre un horizon grand angle de compréhension sur l’état de nos dispositions intimes et récurrentes, aussi bien dans ce procès de nos perceptions externes, que celui de nos sensations internes, qui subreptices, se télescopent consécutivement dans le climat de nos humeurs versatiles ; celui qui s’installe trop commun dans ces instants du quotidien, dans le cours de nos dispositions de rencontre.…..
La répétition compulsive d’une nécessité d’angoisse existentiale tel serait le décours de notre prestance dans l’abord d’une approche explicite du phénomène grec « Ananké ». Ce thème d’un « souci de Soi » par son universalité, s’inscrit magistral, dans l’essence d’une philosophie naturelle. Il traduit le modus vivendi qui régule le statut de la « Métaphysique de nos mœurs » au sens Kantien, sur le plan de la relation publique…..
Découvrons sous la plume de Freud l’esquisse d’une telle approche des phénomènes qui régissent l’atmosphère des pulsions, celles de nos motions avérées, qu’elles soient librement mobiles et dérangeantes poussant à la décharge, parfois réactionnelles, ou qu’elles soient de celles que nous nous efforçons d’endiguer par la liaison d’un processus liant, quiescent et donc tonique et apaisant. Cet aspect traduit aussi bien l’état d’un processus primaire de nature onirique et donc apparenté au rêve, que celui qui s’élabore au seuil d’une conscience en état vigile. Le rêve éveillé en quelque sorte, dévoyant en instantané l’assise de nos dispositions fictivement trop résolues…..
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Si chercher à rétablir un état antérieur constitue vraiment un caractère si général des pulsions, nous n’avons pas à nous étonner de voir dans la vie psychique tant de processus s’effectuer indépendamment du principe de plaisir. Toutes les pulsions partielles partageraient ce caractère qui pour chacune d’elles seraient en rapport avec le retour à une étape déterminée du développement. Mais tout ce sur quoi le principe de plaisir n’a pas encore acquis de pouvoir ne serait pas pour autant nécessairement en opposition avec lui, et la tâche demeure de déterminer la relation des processus pulsionnels de répétition avec la domination du principe de plaisir.
Nous avons reconnu que l’une des fonctions les plus précoces et les plus importantes de l’appareil psychique est de « lier » les motions pulsionnelles qui lui arrivent, de remplacer le processus primaire auquel elles sont soumises par le processus secondaire, de transformer leur énergie d’investissement librement mobile en investissement en majeure partie quiescent (tonique). Pendant que s’opère cette transformation, il ne peut être tenu compte du développement de déplaisir, mais cela n’entraîne pour autant une suppression du principe de plaisir. La transformation se produit bien plutôt au service de principe de plaisir ; la liaison est un acte préparatoire qui introduit et assure la domination du principe de plaisir.
Distinguons entre fonction et tendance de façon plus tranchée que nous l’avons fait jusqu’à présent. Le principe de plaisir est alors une tendance qui se trouve au service d’une fonction à laquelle il incombe de faire en sorte que l’appareil psychique soit absolument sans excitations ou de maintenir en lui constant ou le plus bas possible la quantum d'excitation. Nous ne pouvons pas encore nous décider avec certitude pour telle ou telle de ces formulations mais nous noterons que la fonction ainsi définie participerait de l’aspiration la plus générale de tout ce qui vit à retourner au repos du monde anorganique. Nous avons tous fait l’expérience que le plus grand plaisir qui nous soit possible, celui de l’acte sexuel, est lié à l’extinction momentané d’une excitation parvenue à un
haut degré. La liaison de la motion pulsionnelle serait quant à elle une fonction préparatoire qui doit mettre l’excitation en état d’être finalement liquidée dans le plaisir de décharge.
Dans le même ordre d’idées, on peut se demander si les sensations de plaisir et de déplaisir peuvent être produites de la même façon par les processus d’excitation, qu’ils soient liés ou non. IL n’est pas douteux en effet que les processus non liés, primaires, produisent dans les deux directions des sensations des sensations beaucoup plus intenses que les processus liés, secondaires. Les processus primaires sont aussi les premiers dans le temps ; au début de la vie psychique il n’en existe pas d’autres et nous pouvons conclure que si le principe de plaisir n’était pas déjà à l’œuvre en eux, il ne pourrait absolument pas s’établir pour les processus ultérieurs. Nous arrivons ainsi à ce résultat qui au fond n’est pas simple : l’aspiration au plaisir se manifeste au début de la vie psychique de façon beaucoup plus intense qu’ultérieurement, mais avec plus de restrictions ; elle doit admettre d’être souvent tenue en échec. Dans un temps plus avancé, le principe de plaisir voit sa domination beaucoup plus assurée mais lui-même n’a pu éviter, pas plus que les autres pulsions, d’être dompté. En tout cas, ce qui dans le processus d’excitation détermine les sensations de plaisir et de déplaisir doit être présent dans le processus secondaire aussi bien que dans le processus primaire
Il y aurait lieu ici d’entamer de nouvelles recherches. Notre conscience nous fait parvenir du dedans non seulement les sensations de plaisir et de déplaisir mais aussi celles d’une tension particulière qui à son tour peut être plaisante ou déplaisante. Est-ce la différence des processus énergétiques liés et non-liés que ces sensations nous permettent de percevoir ? ou bien la sensation de tension ne serait-elle pas à mettre en rapport avec la grandeur absolue de l’investissement, éventuellement de son niveau, tandis que la série plaisir-déplaisir indiquerait la modification de la quantité d’investissement dans l’unité de temps ? Ce qui ne peut aussi manquer de nous frapper, c’est que les pulsions de vie ont d’autant plus affaire à notre perception interne qu’elles se présentent comme des perturbateurs et apportent sans discontinuer des tensions dont la liquidation est ressentie comme plaisir ; les pulsions de mort en revanche paraissent accomplir leur travail sans qu’on s’en aperçoive. Le principe de plaisir semble être en fait au service des pulsions de mort. Certes il veille sur les excitations externes qui sont tenues pour dangereuses par les deux sortes de pulsions, mais il veille tout particulièrement sur les accroissements d’excitation provenant de l’intérieur qui viendrait rendre plus difficile la tâche vitale. Voici qui fait naître une foule d’autres questions qui ne peuvent pour l’instant recevoir de réponse. Il faut être patient, attendre que se présentent d’autres moyens et d’autres occasions de recherche. IL faut aussi être prêt à quitter une voie qu’on a suivie pendant un certain temps lorsqu’elle ne semble conduire à rien de bon. Seuls ces croyants qui demandent à la science de leur tenir lieu du catéchisme qu’ils ont abandonné en voudront au chercheur de prolonger ou même de transformer ses vues. C’est à un poète (Ruckert, dans Makamen des Hariri) que nous demanderont de nous consoler de la lenteur avec laquelle progressent nos connaissances scientifiques :
« Ce qu’on ne peut atteindre en volant, il faut l’atteindre en boitant.
Boiter, dit l’Ecriture, n’est pas un péché. »
Quelques notes autour d’un thème
MOMO.
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