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Les travailleurs sociaux, dernier rempart d’un service au public ? Que font les formateurs ?

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mercredi 06 octobre 2010

Les travailleurs sociaux, dernier rempart d’un service au public ?

Que font les formateurs ?

La presse spécialisée mais aussi généraliste a salué la naissance d’un nouveau conglomérat du secteur social, éducatif et médico-social. Les deux associations qui regroupaient jusqu’à présent un grand nombre de centres de formations du social ont subi une OPA (bienveillante, malveillante, téléguidée par eux-mêmes ou imposée par le marché ? « rayer la mention inutile ») d’un nouvel opérateur de formation : UNAFORIS.

Ce nouveau lobby Unaforis a pour projet de représenter, (d’assujettir ?), au plan national tous les organismes de formation du social sous son homologation, sa validation, ses certifications face aux différents pouvoirs (publics, syndicaux, professionnels). Le moyen utilisé pour cela par Unaforis, est de concentrer entre ses mains les seuls pouvoirs qui gouvernent visiblement  en France : l’économique, le management et les réseaux et cercles d’intérêts. Les formateurs et les travailleurs sociaux s’inquiètent de cette montée galopante d’un nouvel acteur monopolistique et totalisant, bientôt côté en bourse ? Ce nouveau conglomérat va les transformer définitivement en « cercle des poètes disparus », chronique d’une disparition annoncée des professionnels non inféodés. Cela n’est en aucun cas la conséquence de leur amateurisme ou de leur incompétence, mais bien plutôt celle du fait qu’ils continuent à croire (à bon escient mais ce qui est jugé ringard par les champions de la marchandisation) que le cœur de leurs actions et donc de leurs formations réside non pas dans des captations de marché mais dans un humanisme à l’égard de l’autre.

Les formateurs seront les premiers concernés si cette dérive transforme un accompagnement des besoins psychosociaux de l’autre en monopole économique lucratif pour la prochaine grande surface bientôt franchisée du social.

Les formateurs qui en majorité soutenaient leurs enseignements par les théories des sciences de l’homme, largement reconnues et qui prônent toutes le respect de la différence, de la diversité, de la créativité contre l’uniformisation désubjectivante et excluante des individus dans leur originalité, vont devoir repartir eux-mêmes en formation. Il va leur falloir apprendre le management des ressources des marginalisés, la prospective des niches du marché des exclusions (handicaps à la mode, populations qui rapportent médiatiquement et/ou électoralement), la gestion des tableaux de bord des projets pédagogiques et éducatifs, enfin et surtout l’évaluation quantitative des actions sociales dont le seuil de rentabilité permet des retours sur investissement. Tout cela grâce aux concepts néo-industriels affichés par ce nouvel opérateur : normes AFNOR et cie.

Tel est le destin de notre regretté « cercle des poètes disparus », celui des travailleurs sociaux suivra, devenant experts et ingénieurs de gestions sociales ; quant à celui des « usagers » ils n’auront qu’un pas à faire pour basculer d’un état de désastre de solidarité à une classification de non-utile donc non investissable par des pouvoirs publics nationaux désinvestis et par le règne du marché.

Cette analyse d’un état de guerre larvée, d’OPA malveillante sur le bien public, de promotion d’intérêts financiers, peut sembler noircie à dessein. Tel n’est pas le cas, les acteurs du social ne défendent pas une corporation ni des avantages acquis, mais un bien commun de la société, un bien public qui appartient et profite à tous, et particulièrement aux plus fragiles.

Cette analyse se trouve confirmée par les écrits même de ce supermarché en construction.

Un bref passage d’un texte du 18 Juin 2010 diffusé aux adhérents d’Unaforis précise bien cette déclaration de guerre à tout concurrent non embarqué sur ce cheval de Troie de la pensée unique marchande et à illusion évaluative chiffrée :

« En cas de concurrence venant d’autres opérateurs, il s’agira de constituer une force de frappe dissuasive en mettant les établissements adhérents dans une position haute. » ( voir Passage tiré du texte « Réunion du conseil d’administration du 6 juillet 2010 ». Page 6 «2- les attendus d’une structuration » du document de 16 pages intitulé : « UNAFORIS/Rapport structuration_coordination_18juin2010 »)

Le pacte d’agression est donc largement constitué et acté, la concurrence ou la mort : que font les formateurs du social?

Prochain rendez vous sur le social : 26 octobre 2010 – cité universitaire Paris 14° « Première conférence nationale des formations sociales ».

AFORSSSE (Association des formateurs du secteur social sanitaire et éducatif). Universocial2010@gmail.com

Commentaires

formations sociales : révolution ou opposition

Bonjour Joseph et visiteurs du social,
La publication de l'appel intitulé "que font les formateurs ?" dans la rubrique "textes" de ton site au sujet de l'actualité des formations sociales (projet Unaforis - positionnement des pouvoirs publics - etc.) a recueilli déjà des remarques par d'autres biais.
L'une d'elle, pourrait sembler naïve mais entraîne une question qui a son importance :
"mais concernant les projets de représentation centralisée par Unaforis d'un grand nombre de centres de formations du social en France, je pensais que c'était uniquement pour lutter contre la concurrence européenne et la marchandisation du secteur (projet tout à fait louable pour la défense d'un service public non commercial) !".

C'est à ce sujet que j'attendrais un avis de ta part et des visiteurs du site : pour lutter contre la marchandisation des directives européennes, est-ce cohérent de construire un monopole qui au passage éliminera bon nombre de petits centres de formations qui de par leur existence même représentent une lutte contre les grands monopoles commerciaux (du genre "centrale d'achats...sociaux") ?
La défense des intérêts publics sociaux doit elle passer par la création et médiatisation d'un (encore) nouvel agresseur (l'europe). La défense des intérêts d'une soi disant victime contre un méchant agresseur (les européens qui viendraient manger le pain social des français?).
Nous pensons qu'il faut plutôt défendre l'idée d'une préservation et d'une promotion d'un service pour le bien public (au-delà de tout xénophobisme) en proposant d'autres pistes que la reproduction des modèles néo-industriels.
A vos avis et propositions.

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