lundi 04 janvier 2010
La sortie de l’être (à partir d’Emmanuel Levinas)
Quelques notes sur le séminaire Psychasoc, le 14 Décembre2009, Montpellier
Jean-François Gomez
La présentation donnée au séminaire Psychasoc du 14 décembre s’appuyait sur une pratique assez assidue de la philosophie Levinas.
Celle-ci, depuis longtemps, représente pour moi une source d’inspiration et de réflexion.
Pour ce faire, j’avais rédigé un texte, avec lequel j’ai préféré prendre de la distance, dans mes explications.
Ce texte, produit d’une gestation longue est appelé encore à se modifier, se perfectionner,j’essayerai donc ici de l’oublier.
Je présenterai plutôt un résumé de l’intervention dans ses aspects brefs et les plus saillants, reprenant au passage la partie qui malheureusement semble avoir été un peu sacrifiée ou en tous les cas, abordée trop rapidement faute de temps, et qui renvoie justement à la fameuse conférence de Louvain de Jacques Lacan sur le thème de la mort.
1-Le concept de « sortie de l’être »renvoie d’emblée à une des questions les plus magistrales posées à l’histoire de la philosophie, la démonstration de « Etre et temps »de Heidegger(1927) qui fut un monument de la pensée du XX° siècle. On peut évidemment se défier de cette pensée, ce que n’ont pas manqué un certain nombre de grands esprits. Se lancer dans un débat sur la validité de cette pensée à partir des preuves et des contre preuves de son appartenance au parti nazi, ce qui est loin d’être terminé.
Quoi qu’il en soit, les questions posées par cette grande oeuvre resteront là, ainsi que la façon originale, « historiale », qu’à emprunté Heidegger pour les aborder.
Ce qu’il convient de rappeler, pourtant, c’est que la descendance de l’œuvre de Heidegger est immense. Un inventaire non exhaustif pourrait évoquer Paul Ricœur, Jacques Derrida, Michel Henry, Maurice Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre, plus prés de nous Bernard Henri Levi, Benny Levi, Marc-Alain Ouatknin et bien sûr Levinas.
Pourtant cette filiation ne doit et ne peut se faire qu’au travers d’une autre filiation moins évidente, celle de Heidegger à Edmund Husserl.
2-Quand Levinas arrive à Strasbourg, année 1923 rencontrer des maîtres exceptionnels tels que Charles Blondel, Maurice Halbwachs, Henri Carteron, il s’engagera d’abord dans un abord classique de la philosophie, (une philosophie considérée comme « classique » aujourd’hui mais qui ne l’était pas tellement)encore imprégnée de l’influence de Bergson qui fut à l’époque considérable.
Ce fut une révolution comparable à l’engouement qu’à pu créer Jacques Lacan dans les années soixante dix à son séminaire. Pourtant ,les circonstances vont faire que ses premiers intérêts vont le conduire pendant une année exceptionnelle à Fribourg (1928-1929)dans un moment de transition de la pensée moderne, à la fois passionnant et tragique.
De quoi s’agit-il ?Dans la même année, le vieil Husserl fondateur de la phénoménologie, couvert de gloire, part à la retraite(il en sait pas encore qu’il va peu de temps après être interdit d’enseignement sous le régime nazi),pendant que Martin Heidegger, son assistant, qui suscite un engouement extraordinaire dans l’université allemande et au delà vient le remplacer.
Levinas assistera aux cours de l’un et de l’autre et se familiarisera avec leur travail, au point qu’il sera l’un des premiers auteurs(il avait moins de 25 ans ) à traduire et diffuser ces deux œuvres et les faire connaître en France. Jean Paul Sartre, par exemple, se familiarisera avec le travail de ces deux penseurs du siècle grâce à Levinas.
3- Une des découvertes qui est attribué à Heidegger concerne sa façon de distinguer l’
Etre de l’étant
, ce qu’on appellera par la suite la « différence ontologique ».Dans un texte plus tardif, le penseur allemand qui répond à Sartre et à sa fameuse conférence
L’existentialisme est un humanisme
,pensant qu’il n’a pas été compris dans tout ce que celui-ci désigne comme le
Da-Sein
,
l’être là, l’être jeté
, et que Sartre désigne platement comme « la réalité humaine »,écrit que « l’homme est le Berger de l’Etre »qui pose encore toute la question de l’être et de l’étant. En effet nos sociétés se caractérisent suivant Heidegger par « l’oubli de l’être ».
Pour cela le maître de Marbourg ira chercher avant Platon, chez les présocratiques une part de cette intuition enfouie.
Plus tard, dans des œuvres identifiées tardivement, on retrouvera une phrase de Levinas qui fait réponse à Heidegger: « J’ai quelque soupçon que l’être de l’étant demeure corrélatif d’un berger qui garde son troupeau pour lui, que l’être de l’étant perpétue l’unité d’une économie, un ordre d’échange et de calcul »(E.Levinas, Carnets de captivité et autres récits ,2009).Nous y reviendrons.
4-Nous ne pouvons nous plus éviter de dire quelques mots de la phénoménologie, considérée trop souvent à tort comme une sorte de méthode exclusivement descriptive, comme je l’ai entendu quelquefois. Or celle-ci va bien au delà même si sa complexité a pu rebuter quelquefois. Au delà de quelques principes connus( « l’intentionnalité », le fameux « toute conscience est conscience de quelque chose »,le retour aux « choses mêmes »),la phénoménologie pratique l’ époché , c’est à dire la suspension du jugement, elle est attachée en tant que méthode rigoureuse à aborder la réalité dans sa complexité ediétique(ce que Husserl désignera comme l’intuition des essences). C’est dans ce sens qu’elle a pu renouveler les études de philosophie et inspirer les chercheurs que nous avons précédemment cités.
Un spécialiste de la question, dans un colloque consacré à Levinas, justement, définit cette nouvelle philosophie : « [… )il faut tout de même rappeler que la démarche fondamentale préconisée par Husserl-la réduction phénoménologique-consiste à mettre définitivement entre parenthèse l’évidence du monde réel, de tout ce qui va de soi pour tout un chacun et remonter à la source et au sens de cette évidence dans la conscience. C’est donc la recherche de la plus grande clarté, ce rayon de lumière que la conscience projette sur le monde{… ]C’est ainsi que Husserl est amené à réintroduire le concret, non pas du côté de l’objet mais du côté du sujet :le corps, le langage l’histoire- toute cette part d’ombre et bien souvent de ténèbres–sont comme le fond obscur sur lesquels se détache des formes éclairées.[…]La méthode de Husserl ne nous permet ni la pensée de survol-où les idées sont jugées selon leur teneur d’intelligibilité et leur valeur explicative-ni la pensée technicienne qui les mesure à leur degré d’efficacité »( Difficile Justice, dans la trace d’Emmanuel Levinas , Paris, Albin Michel, Paris,1988)
De plus la phénoménologie est une résurgence de la pensée cartésienne, et notamment des troisièmes méditations où Descartes aborde la question de l’infini(qu’on retrouvera chez Levinas) et de la situation de l’homme encombré par cette idée d’infini qu’on a mis en lui.
Enfin, la phénoménologie demeure préoccupée de fonder les sciences. Husserl mathématicien de formation a toujours insisté sur la nécessité en quelque sorte de redonner du sens aux sciences à l’intérieur du socle philosophique, hypothèse révolutionnaire et follement audacieuse. C’est la thématique bien connue de ce qu’on appelle la Krisis( La crise des consciences européennes ,1937),une sorte d’intuition des catastrophes à venir, puisqu’il est mort malheureusement en 1938,avant la guerre comme Freudmort en 1939.
5-Quelques repères montrent que ces questions touchent aux questions propre à la psychiatrie, peut être plus qu’on ne le pense. Trois courants qui irriguent la psychiatrie(et par conséquent tout le domaine des Sciences Humaine) :
L’antipsychiatrie de Laing et Cooper, dont l’influence fut considérable dans les années soixante dix, qui se nourrit aux analyses d’Etre et Néant de Sartre, reprenant un certain nombre de motifs heideggerien, et cela même si elle nourrit quelque chose comme un polémique ou un malentendu avec cette œuvre.
Le travail de Biswanger, inventeur de la Daseinanalyse, grand lecteur de Heidegger, phénoménologue responsable du sanatorium Bellevue de Kreuzlingen, prés de Vienne.
Par ailleurs quoi que de façon plus subtile, un courant comme celui de la Psychothérapie Institutionnelle semble concerné par les travaux de Sartre sur la Raison dialectique.
6-Après cet exposé introductif, nous essayerons de montrer ici comment nous avons traité notre sujet, à partir de plusieurs vagues successives.
D’abord en désignant Levinas comme celui qui avait sans doute le mieux compris Heidegger, mais qui très rapidement ressentit le danger de la « philosophie hitlérienne »et les problèmes qu’elle annonçait.
D’une certaine façon on pourrait comprendre la pensée de Levinas comme une machine de guerre contre cette philosophie qui s’est compromise avec le nazisme.
Dans l’ancien testament, lors que Yahvé demande à Caïn : « Où es tu ? »,celui-ci donne la fameuse réponse : « Suis-je gardien de mon frère ? »Ainsi, au « mausolée vide de l’être » qu’a pu édifier Heidegger, Levinas substitue une responsabilité, l’énigme de l’altérité.
A noter que la réponse de Caïn va plus loin que la réponse, si j’ose dire, du berger à la bergère. Il y a lieu de l’analyser dans leur folie logique, en quelque sorte, celle qui fait que A n’est pas non A , qu’il n’y a pas de tiers exclu, que les chose sont ce qu’elles sont, que chaque chose est à sa place. La réponse de Caïn est donc aussi épistémologique même si elle ne se sait pas telle. Elle permettra par la suite, à partir du concept de substance qui lui est primordiale, de passer à l’amoralisme de cette comptabilité en partie double à laquelle on assiste dans le secteur social et médico-social(le domaine hier de la Charité),consistant à considérer une démarche bonne par référence (référentiels) à des critères substantivés et pétrifiés, pour éviter justement la prise de parole, et le débat humain.
«Toute civilisation qui accepte l’être, le désespoir tragique qu’il comporte et les crimes qu’il justifie, mérite le nom de barbare »( De l’Evasion ,1934).
En fait, à la question de l’être posée par celui-ci, Levinas répond par la question de l’autre.
7-Ainsi, il ne s’agit pas de simplifier la pensée lévinassienne en la ramenant à quelques prescriptions de morale judéo-chrétienne, et c’est bien là le danger d’une philosophie qui a pu être ramenée à une simple morale. Or l’originalité de Levinas est précisément de fonder cette éthique ,qui chez lui est « philosophie première » sur un rigoureux travail d’épistémologie, renvoyant à toute l’histoire de la philosophie dans laquelle il produit un renversement.
Elle s’inscrit en position critique vis à vis d’une philosophie de la conscience qui, même si elle ne le sait pas(et c’est là qu’on retrouve les inquiétudes de Husserl) fonde la pensée moderne et notamment l’idéologie managériale et la pensée technique dont le secteur social est complètement tributaire.
8-Nous avons pu examiner comment la fameuse métaphore du visage , présente dans toute son œuvre et très connue exprime beaucoup plus qu’une question de respect de la personne humaine : une injonction éthique, une sollicitation à la parole, un interdit, une responsabilité pour autrui. Nous avons pu préciser ce que Levinas entend par dissymétrie de la relation avec autrui et les conséquences de cette question dans les confusions très actuelles, dans nos métiers sociaux ou thérapeutiques entre la communication , la relation et la rencontre . Il est évident que Levinas nous entraîne dans le champ de la rencontre et dans le tragique qu’elle comporte, bien loin des illusions du « dialogisme » (Martin Buber et le hassidisme mystique de la Cabale) et peut être de l’Agir communicationnel , en tous les cas d’un management ou d’une gestion des ressources humaines qui a évacué une fois pour toutes l’idée d’infini mais aussi la notion de « responsabilité de la responsabilité ».
9-Nous avons essayé de monter comment la biographie de Levinas, mais aussi le développement de l’œuvre, tendues vers une même question éclaire une démarche unique en son siècle. Cette démarche s’inscrit dans l’intuition de la Shoah dans les années trente quatre, jusqu’à devenir, après la deuxième guerre mondiale, après cinq ans de privation de liberté dans un camp prés de Hanovre, puis la découverte de l’assassinat de toute sa famille(sauf sa femme et sa fille cachés par son ami Blanchot),une réflexion sur le « comment ce fait peut il s’intégrer à l’humain ?Comment cet événement a-t-il pu être possible ? »Avec la remarque subsidiaire que les assassins avaient pour la plus part bénéficié d’une éducation religieuse, fait leur première communion et leur baptême. C’est ainsi toute la vision morale de l’Occident son efficacité en situation de crise qui est concernée.
10-Pour cela nous reprendrons point par point le raisonnement du philosophe à partir de deux oeuvres de jeunesse, De l’évasion et Réflexion sur la philosophie de ‘l’Hitlerisme . C’est là que Levinas commence à comprendre la problématique saturée de la philosophie hégélienne. En restant d’abord phénoménologue dans la grande tradition de ce courant, en évoquant le soucis , le plaisir , le désir , la nausée , trois ans avant Sartre, il montre l’échec de toute tentative de sortie symbolique. Sur des registres différents, il montre combien est étroite cette philosophie où l’homme est « rivé » « rattaché à soi même » « fixé ou condamné à ses origines »,comment, dans sa vie « bourgeoise »,il s’attache de toutes les façons à éviter la confrontation avec l’extériorité, transformant l’autre en Même.
Pour lui, l’hitlérisme est une nouveauté absolue dans la conscience européenne, dans la mesure où il exclue la rédemption du futur et condamne l’homme à n’être que lui même dans son autosuffisance. C’est d’une vie sans autre qu’il s’agit. Avec cette conception de l’homme(mais est ce une conception ?),on a affaire à un phénomène complètement nouveau qui épouse la barbarie. Même le marxisme, médiocrement matérialiste, demeure en un sens ouvert à une vision du futur qui modifie l’actuel en le mettant en perspective et intègre la responsabilité des hommes.
11-C’est à partir de cette problématique de l’extériorité que va se développer toute l’œuvre ultérieure, et notamment le grand tournant de Totalité et infini ,(1961) dont le sous-titre est justement « essai sur l’extériorité ».Dans ce grand ouvrage, Levinas en finit avec l’univers Hegélien, « une philosophie du savoir absolu et de l’homme satisfait »,s’appuyant sur les travaux de Rosenzweig et de l’Etoile de la rédemption très peu cité, mais très présent dans sa démarche.
Rosenzweig, un grand auteur juif, est lui aussi un « repenti de l’hégelianisme ».Son ouvrage unique, rédigé en partie sur des cartes postales, sous le feu et dans l’urgence, pendant son expérience militaire aux Dardanelles, au cours de la première guerre mondiale, est plein des cris de détresse des soldats mutilés et mourants. Son cri est inoubliable.
A la totalité de l’Esprit en marche de Hegel, et à la suite de Roseinzweig, Levinas confronte la singularité de la destinée humaine et son visage, qui représente aussi la ligne de fuite vers l’infini, l’énigme absolue.
12-Un deuxième ouvrage répondra au premier, Autrement qu’être et au delà de l’essence (1971 ) .Même si Levinas écrira beaucoup entre temps,(de petits livres) ces deux grands livres restent les œuvres essentielles qui expliquent le reste de son travail. D’une certaine façon, dans Totalité et infini , Levinas tord le cou au principe de totalité, auto satisfaite, autosuffisante et saturée, dans un livre à l’écriture rapsodique, contenant encore des traces du phénoménologue qu’il a été.
Dans Autrement qu’être, au delà de l’essence(1971) , on assiste au dernier retournement de sa pensée. C’est à l’Etre qu’il tord le cou. Il ne s’agit pas d’être ou de ne pas être. Il ne s’agit pas d’être ou avoir. Il ne s’agit pas d’être autrement. Il s’agit d’autrement que l’être .
Ce dernier ouvrage est revêtu d’un apologue : « A la mémoire des êtres les plus proches parmi les six millions d’assassinés par les nationaux-socialistes, à côté des millions et des millions d’humains de toutes confessions et de toutes nations, victimes de la même haine de l’autre homme, du même antisémitisme. »
Georges Hansel, chercheur qui s’est intéressé tant à Levinas qu’à l’œuvre de Maurice Blanchot donne une idée intéressante de ce dernier texte difficile et de son articulation à l’ensemble de l’œuvre : « J’en viens maintenant à la phase suivante de l’itinéraire de Levinas, celle qui est parcourue dans son important ouvrage Autrement qu’être au delà de l’essence . Il ne s’agit plus de décrire l’exceptionnalité de la rencontre d’autrui effectuée par un moi déjà constitué. Levinas radicalise sa position en scrutant ce qui définit le sujet humain dans sa grande profondeur même si cette profondeur n’est pas observable dans la vie courante. Avant même toute rencontre, professe Levinas, le sujet humain est structuré comme responsable pour autrui ».(Georges Hansel, Maurice Blanchot, son ami, son allié ,p.285-297 free. Blanchot. PDF ).
13-Reste la question de la mort et la conférence de Louvain introduite par Joseph Rouzel, qui a donné la première note à ce séminaire.
A ce moment de notre réflexion et dans les pas du philosophe de l’altérité, nous l’aborderons sans doute autrement. Il semble évident que Levinas s’oppose sur cette question à Hheidegger-et peut être à Lacan-quand ils en font l’extrême butée , « la possibilité de l’impossibilité ».La mort d’autrui plutôt que sa propre mort, voilà où se trouve la pensée de Levinas dan son soucis et non pas l’inquiétude de sa propre mort, ce qu’il illustre par les figures de la maternité (qui au bout du compte, n’est pas si exceptionnelle)de la paternité et de la filiation, très présentes dans son œuvre. Mais il y a aussi le souvenir, au delà du traumatisme de la Shoah, de ceux qui, auprès des chambres à gaz et sachant qu’ils devaient immanquablement mourir, ont laissé les traces enterrées de leur passage hallucinant sur terre, s’adressant par là à l’espoir représenté par les générations suivantes et leur compréhension. Là encore, Levinas retourne ce réel implacable pour y puiser un noyau de sens et de vie jusque dans la mort et le froid absolu une leçon d’éthique.
14-En conclusion, chez Levinas, nous insisterons sur l’aspect exigeant de cette pensée de l’altérité qui pourrait évoquer ,plutôt qu’une vision abstraite de la transcendance ou d’un espace sacré, d’un Saint des Saints, d’ un arrière-monde ou d’une « pensée océanique »évoquée par Romain Rolland, renverrait au contraire à «un traumatisme de la transcendance ».
On pourrait penser que l’homme accepterait d’être héritier d’un héritage qui ne lui appartient pas et qu’il n’a pas besoin d’un Dieu personnel ou impersonnel pour fonder la morale. Car pour Levinas, la question de Dieu n’est pas très loin de la vision cartésienne d’une idée d’infini placée dans l’homme fini.
On ne s’étonne pas que certains auteurs( Raphael Lellouche, Difficile Levinas, peut on ne pas être lévinassien ?Paris/Tel Aviv,2006) soient très critiques à l’égard de cette morale héroïque qu’ils considère comme doloriste, emphatique, et trop coûteuse, pensant qu’elle serait à ranger au rang des outils utiles en situation de catastrophe.
C’est bien là que Levinas pose la question la plus permanente au travail social qui devrait être tout entier prise en compte du réel .
Trop souvent, c’est ce réel qui précisément se trouve nié par les organismes savants qui prétendent régenter aujourd’hui le travail social.
J-F G.
le 18/12/2009
A noter que ce dernier eut le même maître que Husserl à Vienne en psychologie dans sa jeunesse, Frank Brentano, qui eut le premier l’intuition de l’importance de l’intentionnalité.
Lire à ce sujet : Joseph Mornet Psychothérapie institutionnelle. Histoire et actualité , Nîmes, éd. Champ social, 2007.
Jÿrgen Habermas Théorie de l'agir communicationnel,1981, trad. fr. 1987, rééd. Fayard, 2001 pour le t. I, Fayard, 1997 pour le t. II.
Franz Rosenzweig, L’etoile de la rédemption ,1921,Paris,Seuil,2003.
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