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La mort est du domaine de la foi

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Jacques Cabassut

lundi 04 janvier 2010

La mort est du domaine de la foi

-Part I-

« Freud, Lacan, Szondi, Winnicott et quelques autres… matérialité et immatérialité de l’inconscient »

Par Jacques CABASSUT

D’abord l’énigme -de la mort-, extraite de la conférence de Louvain (Lacan, 1972) qui nous servira d’appui dans le cadre de ce séminaire, et dont je vais donner une première lecture aujourd’hui, avant que de l’aborder sous le versant traumatique les fois suivantes ( Lecture II - la mort et le sexuel : le troumatisme / Lecture III - la Shoah, trauma du lien social ?) :

« La mort est du domaine de la foi. Vous avez bien raison de croire que vous allez mourir bien sûr ; ça vous soutient. Si vous n’y croyez pas, est-ce que vous pourriez supporter la vie que vous avez ? Si on n’était pas solidement appuyé sur cette certitude que ça finira, est-ce que vous pourriez supporter cette histoire. ; néanmoins ce n’est qu’un acte de foi ; le comble du comble c’est que vous n’en êtes pas sûr ».

« Ne chantez pas la mort, c’est un sujet morbide »…. chantait justement Léo Ferré, avant que le poète n’anticipe les propos de Lacan :

« C’est la mort qui console, hélas ! et qui fait vivre

C’est le but de la vie et c’est le seul espoir » .

Baudelaire, les Fleurs du mal (1861).

Cette positivité d’une mort pas si morbide qui transcende sa propre négativité, révèle également les positions de Foucault 1 : « C’est à partir de la mort qu’une science de la vie est possible, quand bien même on sait mesurer toute la distance qui sépare l’anatomie du cadavre de la physiologie du vivant. De la même façon, c’est du point de vue de l’inconscient que se trouve possible une psychologie de la conscience qui ne soit pas pure réflexion transcendantale, du point de vue de la perversion qu’une psychologie de l’amour est possible sans qu’elle soit une éthique ; du point de vue de la bêtise qu’une psychologie de l’intelligence peut se constituer sans un recours au moins implicite à une théorie du savoir ; c’est du point de vue du sommeil, de l’automatisme et de l’involontaire qu’on peut faire une psychologie de l’homme éveillé et percevant le monde, qui évite de s’enfermer dans une pure description phénoménologique. Sa positivité, la psychologie l’emprunte aux expériences négatives que l’homme vient à faire de lui-même. » (Foucault, 1957, 180).

C’est donc du point de vue de l’inconscient que se trouve possible une psychologie de la conscience, et c’est bien à partir là que je veux interroger « l’énigme » : comment la mort se conçoit-elle à partir de la dimension de l’inconscient ? Quid des questions de croyance, de foi, du couple certitude/incertitude par ce biais ?

Freud (1912-13, 143) à ce titre, nous instruit de la naissance de l’idée de la mort, également dans sa positivité :

« Si ce fut effectivement la situation du survivant par rapport au mort qui porta d’abord l’homme primitif à la réflexion, l’obligeant à céder une partie de sa toute puissance aux esprits et à sacrifier une part du libre arbitre dans son action, ces créations culturelles seraient une première reconnaissance de l’Ananké 2 qui s’oppose au narcissisme humain. Le primitif s’inclinerait devant la surpuissance de la mort par le même geste que celui par lequel il semble dénier celle-ci ».

Bref la mort, ce maître absolu, serait dans la conception freudienne au fondement de la culture et de l’élan créatif, une mort qui pousse l’humain à la sublimation, à la symbolisation, à l’Altérité, celle de Dieu, mais aussi celle de l’Autre et des autres. Par le truchement de « Totem et Tabou », ouvrage d’anthropologie analytique, avais-je envie de rendre hommage, à celui qui nous a quitté à l’âge canonique de 101 ans, inventeur de l’anthropologie structurelle et de la dimension de l’inceste dans la parole et le lien langagier, Levi Strauss.

Aussi avais-je le désir de saluer la mémoire d’un autre de mes pères, de mes ancêtres, de mes aïeux, mon grand père, disparu il y a quelques mois, à un âge assez proche de celui de Levi Strauss, et à qui je dédie ce séminaire.

« L’homme de science n’est pas celui qui amène les bonnes réponses mais celui qui pose bien la question » déclarait Levi Strauss. Tenter de suivre la piste de la mort du point de vue de l’inconscient, dans son opposition au conscient, c’est penser l’énigme non plus du côté du Moi (organe des identifications imaginaires, de la perception-conscience) mais du sujet (de l’inconscient, soumis au signifiant et donc à l’ordre symbolique). Pour le dire autrement, comment à partir de l’invention de la psychanalyse, pouvons nous -nous- poser la question de la mort ?

Cette question est légitime puisque non seulement « il n’y a rien d’instinctuel en nous qui réponde à une croyance de la mort » (Freud, 1915) mais que, de plus, l’inconscient est intemporel et ne connait pas la temporalité ; chacun « y » est persuadé de son immortalité 3 . Exit donc, le sentiment de la mort en tant qu’arrêt, finitude, perte suprême etc… pour son contraire « la sensation d’éternité, le sans frontière et le sans bornes ». 4 Ce premier clivage entre immortalité et finitude du point de vue de l’inconscient n’est pas problématique car en son sein, « des opposés coïncident» pour reprendre le terme de Freud , des motions contradictoires peuvent se relier entre elles. Le rêve par exemple « ignore le non » et excelle à à réunir les contraires et à les représenter en un seul objet (Freud, 1900).

Bref, « Ce que nous appelons inconscient, les strates plus profondes de notre âme, constituées de motions pulsionnelles, ne connaît absolument rien de négatif, aucune négation –en lui des opposés coïncident- et de ce fait ne connait pas non plus la mort propre, à laquelle nous ne pouvons donner qu’un contenu négatif » (Freud, 1915, 145) ; Ne rejoindrions-nous pas ici la proposition initiale de Foucault, de Ferré et du poète sur la positivité d’un sentiment de mort qui, du point de vue de l’inconscient, pourrait coexister avec son « contenu négatif » ?

Surgit alors un second clivage, celui de l’ambivalence des sentiments de la mort, qui divise littéralement le sujet, provoquant les mécanismes de défense adéquats en retour. 5 Division évidemment accentuée du fait que l’on ne peut évidemment se représenter sa propre mort nous dit Freud, argument logique vérifiable par chacun.

C’est donc du côté de l’A(a)utre, de la mort de l’autre que nous devons nous tourner mais là encore, du point de vue de l’inconscient, soit en convoquant les notions d’infantile, de haine et de culpabilité inconsciente qui accentuent la division du sujet et l’ambivalence des sentiments (tendresse / hostilité, amour /haine). Freud (1915, 39-40) fait ainsi un sort aux philosophes qui posent la question de la mort du côté d’une énigme intellectuelle, posée à l’homme originaire. Il y préfère « le conflit de sentiments - qui – obligèrent l’homme à la symbolisation : «Près du cadavre de la personne aimée il imagina les esprits, et sa conscience de culpabilité relative à la satisfaction qui s’était mêlée au deuil, fit que ces esprits, une fois crées, devinrent de mauvais démons devant lesquels on ne pouvait que s’angoisser. Les modifications dues à la mort l’amenèrent à décomposer l’individu en un corps et une âme ».

Cette division entre soma / psyché et corps / âme est paradoxale à souhait : en cas de danger de mort physiologique et psychique, de la mise en jeu effective de son risque, à l’occasion de situation extrême par exemple, alors que l’on ne peut donc ni la refouler ni la dénier, la mort donne consistance à la vie 6 , mais également au sujet qui éprouve sa proximité ou son imminence. En octroyant une cause à la mort (accident, maladie, guerre etc…) celle-ci n’apparaît plus comme structurelle mais conjoncturelle voire situationnelle. Nous n’avons plus besoin d’y croire : la mort s’impose d’évidence. Et l’évidence réside dans l’éprouvé : dans les exemples cités, la mort n’est plus alors idée ou représentation mais éprouvée -au sens d’une épreuve que constitue l’imminence de son danger- ; elle affecte le corps comme l’âme.

La mort comme éprouvé, est évacuée de la re-présentation pour advenir à la présentation voire à la présentification. Freud et Lacan se rejoignent à cet endroit : « il est remarquable que les productions spontanées qui se formulent du niveau de l’inconscient s’énoncent de ceci, que la mort, pour quiconque, est à proprement parler inconnaissable ». (Lacan, 1969-70, 142). L’Inconnaissable n’est pas méconnaissance, l’insu de l’inconscient, qui renvoie à l’impossible et non à l’impuissance.

Ces productions de l’inconscient je les définis du côté de l’éprouvé (qui implique un substrat corporel, un corps organique) et la représentation-conception (qui nécessite une psyché, un psychisme) de la mort.

Eprouvés et représentations seraient donc les deux formes de production de savoir, de connaissance (corporelle et/ou psychique) sur la mort.

Or, il se trouve que ces deux formes de productions de l’inconscient définissent parfaitement l’inconscient lui-même dans son héritage spirituel et religieux de la dichotomie de l’âme et du corps, du bios organique au psychique, au psychologique voire au métapsychologique. Ils conditionnent des conceptions opposées, matérialistes ou immatérielles, de l’inconscient.

Ce qui pourrait s’écrire de la façon suivante, à l’aide d’un différentiel qui oppose deux termes (Matériel/Immatériel) sur un axe au milieu duquel se positionne un curseur ( ¥) qui marque la position de l’inconscient (comme il définit la notion de pulsion freudienne et de jouissance lacanienne) dans son rapprochement à l’une de ces extrémités.

Inconscient

Matériel <---------------- ¥ ----------------- à Immatériel

Jouissance / Pulsion

Organique Psyché

Corps Langage

Avoir Etre

Les anciens avaient lié ces deux dimensions, certes en remplaçant l’inconscient par le réel du sacré et des cultes aux divinités. Ainsi, Epidaure, le plus célèbre centre psychothérapeutique de la Grèce antique, où les pèlerins malades venaient de tout le pays pour se livrer au culte d’Asclépios, suivant un « parcours de santé » fait de massages aux d’huiles et autres onguents, et de bains purificateurs aux senteurs multiples. Mais la majeure partie du « traitement » résidait dans ces grands dortoirs (les Abaton , littéralement lieux où l’on ne pénètre pas) où le sujet, une fois ces différents rites effectués, s’endormait, rêvait et, au réveil, racontait ses productions oniriques au prêtre-médecin ; tel l’oracle, celui-ci interprétait le message divin entrevu dans le rêve (Bénazaref, 1994, 20-23).

Freud himself , via le concept de pulsion, concept à mi chemin entre le psychique et le somatique, liera ces deux dimensions sous forme de boutade au sein d'une de ses correspondances adressées à Groddeck : "et si l'inconscient était le chaînon manquant entre psychique et somatique ?" (Freud, 1917).

Si Freud pose la pulsion comme un concept intermédiaire entre psyché et soma, le débat est incessant chez le père de la psychanalyse. Manifeste dans « l’Esquisse » et son modèle biologique, mais également dans l’approche psychologique (fut-elle des profondeurs) de l’inconscient et de son fonctionnement : « dans l’organisme n’agissent que des forces physico-chimiques inhérentes à la matière, réductibles à la force d’attraction et de répulsion ». La conception initiale de Freud est substantialiste, organiciste en tous les cas matérialiste quant au fonctionnement inconscient.

Même en 1929 dans « malaise dans la culture », Freud nous dit que le passage à la verticalité donne à la vue une place privilégiée sur les sensations olfactives, ce qui entraine des changements dans les canons esthétiques et éthiques. Le tabou de la menstruation par exemple, est issu de ce « refoulement organique » (sic) comme défense contre une phase de développement surmontée (Freud, 1929, note p 286). Libéré de ses sensations olfactives, l’être humain délie sa sexualité du processus de reproduction et s’ouvre ainsi de nouvelles perspectives érotiques et axiologiques (Paturet, 2009, 66).

Pourtant, « Freud eut l’audace de formuler l’expérience psychologique si paradoxale qu’en soit l’expression en termes biologiques, soit comme instinct de mort » (Lacan, 1948, 124). Et il serait aisé de pointer les différentes formes d’immatérialité de l’inconscient également présentes au sein des élaborations freudiennes. Citons pèle- mêle : la « représentation spéciale » en provenance de son passage chez Charcot, la culpabilité inconsciente, le rêve, le transfert, les processus primaires…

C’est pourquoi, ce débat endogène qui divise le père de la psychanalyse marquera la division au sein même des courants de pensée internes à la psychanalyse. 7

Cette question a valu la naissance en son sein de plusieurs courants qui finalement vacillent entre le matériel et l’immatériel.

Je reprends mon curseur pour m’amuser à positionner quelques uns des différents courants de la psychanalyse en fonction de leur adhésion plus ou moins forte à ces deux dimensions :

Matériel ----------------------- ¥ --------------------- Immatériel

Reich Szondi Anzieu Lacan

a) Reich 8 s’impose d’évidence, comme fer de lance de l’école matérialiste : « ll ne faut pas chercher à construire des appareils comme Reich a voulu le faire pour enregistrer les variations de la pulsion dans sa boite à Orgone » écrit J. Rouzel ( 2007, XVII). Ce que Lacan (1953, 316) aura souligné précédemment : « Car nous remarquerons que se conjoignent dans un même refus de cet achèvement de la doctrine, ceux qui mènent l'analyse autour d'une conception de l'ego dont nous avons dénoncé l'erreur, et ceux qui, comme Reich, vont si loin dans le principe d'aller chercher au-delà de la parole, 9 l'ineffable expression organique, que pour, comme lui, la délivrer de son armure, ils pourraient comme lui symboliser dans la superposition des deux formes vermiculaires dont on peut voir dans son livre de l'analyse du caractère le stupéfiant schéma, l'induction orgasmique qu'ils attendent comme lui de l'analyse. »

b) Léopold SZONDI

Szondi, cité par Lacan lors de son séminaire, est l’inventeur du test qui porte son nom. Il s’intéresse aux grands thèmes « déterministes » de l’époque : endocrinologie, constitution, hérédité. Il essayera de faire rentrer le gène dans le tube de la psychanalyse 10 , désignant par génotropisme le processus suivant lequel la force latente de certains gènes poussent à se rencontrer les individus pourvus d’un même bagage génétique. Il écrit à cet effet, la « Schicksanalyse » (ou Analyse du destin) et résume sa théorie génétique du destin, de la destinée du choix, en amour, dans la profession la forme de maladie et…. le genre de mort (thanatotropisme). L’apport de Szondi (Melon, 1975) réside au carrefour entre une audace théorique, un souci du biologique, et une volonté thérapeutique.

c) DW. WINNICOTT

La conceptualisation de l’illustre pédiatre et psychanalyste anglais emprunte à la matrice organique. Holding, handling, object presenting sont autant de termes intraduisibles sinon à se référencer à un environnement maternel physiologique qui n’est pas qu’une simple métaphore du psychisme. Ces trois concepts sont le psychisme même : le sein c’est la mère, la mère c’est le monde, le monde c’est l’enfant. Le holding s’inspire de la qualité du port de l’enfant par la mère lors de la grossesse. Le handling révèle la qualité des soins maternels précoces dans le maternage et l’object presenting les modalités d’introduction au monde en fonction de la présentation du sein par la mère à l’enfant.

d) Didier ANZIEU

L’approche dite des enveloppes psychiques et autres contenants de pensée propre à Anzieu pose la complexité anatomique, physiologique et culturelle de ces dernières en tant qu’anticipation sur le plan de l'organisme, de la complexité du Moi sur le plan psychique (Anzieu, 1985, 13). Ainsi naîtra le Moi-peau, dont les fondements organiques établiront la constituante psychique. Dans son entreprise, Anzieu rejoint là un présupposé Freudien que la conceptualisation des stades (oral, anal, phallique) vient corroborer : toute fonction psychique se développe en s'appuyant sur une fonction corporelle, dont elle transpose le fonctionnement sur le plan mental (Anzieu, 1985, 95). La structuration du Moi-peau, peut donc s'établir en déduction de ce que nous nommons avec P.L Assoun (1997, 89), le "Moi-corps" Freudien et en s’appuyant sur le modèle freudien dit de l’œuf chez Freud. L'interprétation du texte Freudien donné par ce dernier est celle d'un corps percepteur/sensitif construit à partir d'expériences tactiles princeps, de sensations corporelles, qui façonnent le psychisme en lui fournissant une toile de fond mentale sur laquelle les contenus psychiques peuvent s'inscrire, et se constituer en contenant (l'enveloppe) de contenus.

e) Michel Onfray

Cette composante matérialiste, organique de la psychanalyste est une question contemporaine que les neurosciences promeuvent via les théories cognitivo-comportementales mais restent également actives dans le débat clinique et philosophique. La position de Michel Onfray 11 , à qui j’emprunte cette dialectique d’un inconscient matériel / immatériel, s’avère radicale et sans ambigüité à ce sujet. Il préfère l’aventure d’un Reich (plus politique) au structuralisme lacanien, et exècre l’orientation d’un inconscient qui, en tant que logé exclusivement dans la parole, serait délogé du corps.

Onfray, spécialiste de Nietzche, ne peut que se référer à ce dernier philosophe du corps par excellence. Il s’agit d’un rapport à la philosophie fondée sur une écriture dépendante des différents états du corps. 12 Nietzche introduit dans l’histoire de la philosophie une véritable révolution, car il n’existe plus ce monde éternel où demeurent les « Idées », vérités éternelles, mais une représentation qui dépend de l’expérience du corps propre. Aussi n’est-il pas étonnant que Nietzche soit l’un des premiers à parler d’inconscient : l’on sait que Freud n’aimait pas le lire, car il avait l’impression d’y découvrir avant l’heure l’aventure 13 analytique.

f) Jacques LACAN

Lacan a fait une lecture de Freud hyper dématérialisée :

- L’inconscient est langagier ( l’inconscient est structuré comme un langage / L’ordre symbolique c’est le langage ).

- Le sujet de l’inconscient évacue l’ego psychology , supplante le moi et ses idéaux, l’individu et la personne.

- Lacan invente des concepts sans substance, sans matérialité, soit le réel et l’objet a, dont il revendique la paternité. L’objet a est l’ objet dont on n’a pas idée (Lacan, 1975 a), non spécularisable, un objet qui n’en est pas un.

Quant au réel, seules des rencontres (plus ou moins mauvaises) nous y confrontent. Il n’existe que des modalités de rencontre d’un réel qui reste inatteignable par la représentation.

Lacan apparait comme le champion toute catégorie en la (non-) matière. Et il semble au premier abord exclure la question de l’éprouvé, du corps et du savoir organique de l’inconscient vis-à-vis de la mort. Celle-ci est avant tout un signifiant, maître, absolu, qui s’inscrit dans une chaîne.

Pourtant, via la question de l’inscription (la mort se décline-t-elle à l’identique à partir de ces structures langagières et cliniques que sont la névrose, la psychose et la perversion ?) les questions de l’éprouvé (réel du bios du corps) et de la représentation (symbolique et imaginaire) se lient, et se lient chez Lacan concrétisant ces productions de l’inconscient qui nous conduisent aujourd’hui.

C’est évidemment par sa conceptualisation de la jouissance que Lacan réalise une telle opération :

- La jouissance est un éprouvé : toujours du côté de l’excès, de l’exploit.

- Cet éprouvé est au cœur de la méthode analytique, dans le pathéi mathos d’Eschyle c'est-à-dire la connaissance dans l’épreuve, le savoir par l’expérience, dont Fédida (1971) fait « la tradition tragique du psychopathologique » et de la clinique qui le sous tend.

- Enfin, la rencontre du sujet et de l’Autre 14 produit et se « réélise » autour de son objet, le « a », objet de l’angoisse, cause du désir puis « plus de jouir » dans les différentes acceptions lacaniennes.

Le sujet se construit grâce et à cause de la perte de cet objet, et du renoncement à la jouissance incestueuse qui en découle (et que l’on pourrait désigner comme accès de jouissance à la totalité du corps de la mère, à un rapport massifié et fusionnel du jouir. L’objet en se perdant accède à son statut pulsionnel (objet-voix, regard, fèces, sein) : il va convoquer une jouissance partielle, localisée à quelques endroits du corps de l’enfant (les objets pulsionnels définis par Lacan correspondent à autant d’orifices). Perte de jouissance donc, chez le petit d’homme comme chez la mère (l’arrêt de l’allaitement par exemple) qui enclenche le désir.

Cette jouissance logiquement première 15 « si elle existait », correspond à l’excitation de la chair, la chair devant, afin d’advenir comme corps, supporter la marque du symbolique (l’Autre du signifiant 16 ) et de l’imaginaire (« ces représentations imbéciles » -Lacan, 1975 a- qui « prennent » le corps dans l’image du Miroir)

Pourquoi un tel développement à propos de l’objet a ?

Dans son acception lacanienne et comme le propose avec d’autres argument Noyon (2009), j’avance que la mort (sur le versant de la jouissance, de l’éprouvé et du corps) c’est l’objet a. 17

Nous attendons le retour de quelque « Chose » qui s’est déjà passé, qui a eu lieu, mais qui ne peut plus avoir lieu, ailleurs que dans le langage. Le mot est bien le meurtre de la Chose, ainsi que le renoncement (partiel) au jouir. L’on ne parle pas la bouche pleine, remplie du sein maternel. Pour parler il faut lâcher le sein.

Bref, le lieu de la jouissance c’est le langage. Ou pour le dire autrement, « le réel est ce qui ne relève pas du signifiant mais ne peut s’attraper que par lui » (Menez, 2007, 30) ce que Lacan soulignera par le terme de jouissance phallique 18 .

C’est la raison pour laquelle il faut « y » croire, à l’objet perdu, il faut avoir la foi (et l’illusion) de le retrouver pour faire avec la perte et le manque d’objet (total et absolu qui viendrait combler mon manque à être).

Ce nouage de la croyance à l’objet a, de la jouissance à la mort et à l’éprouvé corporel nous permet de saisir que Lacan place également le savoir du côté de la jouissance :

Certes parce que l’expérience du corps à corps à la mère nous a permis de convertir la jouissance de la chair dans celle du « corps langagier ». L’objet a, objet « plus de jouir » qui échappe à l’ordre symbolique langagier, lance le moteur du désir et nous incite à parler et à produire du savoir susceptible de supporter la part maudite, soit éternellement « maldite », du signifiant. L’on comprend dès lors que la mort, à l’instar de la science, est-elle « ce savoir au milieu duquel s’étale le trou du manque d’objet a ». (Lacan, 1965). C’est pourquoi, ,en ce sens, la psychanalyse s’affiche, a contrario des autres sciences, comme un savoir troué qui ne manque pas de se rencontrer, par le biais là encore de la jouissance, dans la clinique : « Lorsque l’analysant acquiert dans son analyse un certain savoir sur ce qui était refoulé, un savoir sur des signifiants sonores, sur les métaphores insistantes, sur les scenarios après coup imaginaires, etc.. alors se produit une certaine déjouissance qui arrête parfois l’infernale répétition des symptômes. Ce savoir acquis par le sujet, cette levée du refoulement, qui diminue la jouissance, fait supposer qu’il y avait auparavant un savoir qui se savait tout seul et non pas une simple absence de savoir qu’il y avait un savoir qui se jouissait de lui-même dans son coin, un savoir inconscient, un savoir de l’Autre. »(Jadin, 2009, 46)

Nous retrouvons là par un autre biais, cette question de la mort qui dépend du savoir de l’Autre : c’est l’A(a)utre qui dit si je suis mort, au moyen âge en se penchant cliniquement sur moi pour vérifier qu’il n’y a plus de souffle de vie, aujourd’hui via une parole écrite d’un médecin qui délivre un certificat de décès.

J’y reviens, c’est bien la raison pour laquelle il faut y croire à l’objet perdu, il faut avoir la foi (et l’illusion) de le retrouver pour faire avec la perte et le manque d’objet. Car justement lorsque un ratage se produit dans cette coupure, dans la séparation à l’objet, que la représentation de Chose et la Chose se confondent, que le symbolique devient réel, comme nous l’enseigne le champ des psychoses, alors survient le délire, production de l’inconscient car pure « formation de l’objet a » (Nasio, 1987). La « production délirante » fait parler l’Autre au lieu du sujet, « la croyance devient alors certitude et la vérité un savoir inébranlable » (Menard, 2008, 11).

Or, la croyance n’est pas la certitude.

La passion d’ignorance qui est la notre vis-à-vis du refoulé mais aussi de la mort, ici ne se constitue plus en savoir à disposition du sujet lorsque le refoulement est levé 19 . Autrement dit, la croyance du névrosé face à la mort n’est pas délirante à l’instar de la psychose où l’on pourrait reprendre la proposition de Lacan « à la lettre » : si l’on n’était pas solidement appuyé sur cette certitude que ça finira …

L’on pourrait donc avancer que la souffrance du psychosé, condensé dans le « ça » de jouissance, n’en finit donc jamais. Ça n’en finit jamais car il s’agit d’un savoir (et un savoir sur la mort) forclos : savoir forclos sur la perte, non admis dans le symbolique et qui ne pourra jamais y revenir.

Bref, le psychosé est un mécréant. Il n’a pas la foi, il n’a pas le savoir du signifiant qui lui dit qu’en tant que re-présenté dans le monde par le signifiant, il lui est aliéné, voire qu’il n’est que signifiant et qu’à l’instar de ce dernier, il est éphémère. Les non dupes errent.

Il n’a pas à lutter, tel le névrosé, contre ces productions de l’inconscient qui lui affirment ces vérités insues, ce savoir méconnu cependant à disposition, mais contre d’autres formes de productions de l’inconscient qui font retour comme productions de l’objet a (les hallucinations) sous forme de délire ; Le psychosé lutte contre l’éprouvé de la jouissance qui le transforme lui-même en perte, en objet a, déchu, en « sa propre perte ».

Le psychosé n « ’y » croit pas, il vit et éprouve l’absence (d’objet a ).

Ainsi à propos du pari de Pascal, Lacan (Leçon du 11/06/1969) avance t-il : « Comme je le disais à l’instant, on marche on y croit » nous savons que le psychotique, lui le croit ajoute M-J Sauret (2005, 106-107). L’existence alors peut-être invivable, et la vie parfois insupportable, ce qui le conduit à se transformer en intégriste : la vérité devient un savoir inébranlable soit quelque chose qui n’intègre pas la possibilité d’une marge d’erreur, d’une critique possible de ce savoir absolu, nécessairement vrai, qui n’envisage pas le faux. C’est la conviction délirante, irréfutable qui transforme l’A(a)utre en « soupçonné savoir » (Rouzel, 2007) qui n’est plus supposé 20 .

La psychose, cette « maladie du signifiant » comme l’écrit Assoun (1991), nous permet de conclure momentanément sur cette échelle allant d’une conception matérialiste à une autre immatérielle de l’inconscient. C’est bien dans la façon dont les signifiants gravitent autour de la Chose du jouir, sans pouvoir obturer son vide, ou bien pour le dire autrement de l’appareillage langagier dont le sujet se dote pour régler son rapport au trauma originaire du sexuel, que se conçoit la dimension de la mort. Une affaire de « troumatisme » en quelque sorte, qui sera l’objet de ma prochaine intervention.

Bibliographie

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Cité par Noyon, 2009.

Au sens originaire l’Ananké désigne en grec la nécessité, la déesse nécessité comme l’écrit Freud, ou la contrainte et par spécification la destinée : c’est par l’idée d’inévitable que l’on passe de l’un à l’autre. (Assoun, 1999, 80)

Pour le primitif, la continuation de la vie –l’immortalité- serait ce qui va de soi. La représentation de la mort est quelque chose qui a été accepté tardivement et seulement avec hésitation, elle est d’ailleurs pour nous aussi encore vide de contenu et impossible à remplir ». (Freud 1912-13).

« Sentiment qu’il (L’homme) appellerait volontiers la sensation de l’ « éternité », sentiment comme de quelque chose de sans frontière, sans borne, pour ainsi dire « océanique » (Freud, 1929, 5).

« l’homme originaire a été contradictoire vis-à-vis de la mort, la reconnaissant et la déniant à la fois » (Freud, 1915, 38).

« A la guerre, la mort ne se laisse plus dénier ou n’est plus imputée au hasard ; c’est pourquoi la vie y retrouve son plein contenu ». (Freud, 1915, 34)

Le matérialisme appliqué à la psychologie peut mener à réduire les faits psychiques et les épiphénomènes du physiologique ; ce réductionnisme n’est pas obligé si l’on considère que la matière présente des niveaux différents d’organisation , c'est-à-dire ayant leurs lois propre. Ainsi l’affectivité humaine et la pensée humaine seraient les formes les plus complexes de l’ordre matériel ; l’autonomie des niveaux consistants en l’occurrence non seulement dans la spécificité des lois internes mais aussi dans les capacités de ces réalités matérielles à énoncer les déterminismes qui les régissent. (Delrieu, 2001, 689)

Reich est accueilli aux États-Unis par Théodore Wolfe , il s'établit à New York où il enseigne la psychiatrie et l'analyse caractérielle à la New School for Social Research et où il exerce également comme psychiatre-psychanalyste dans son cabinet privé. Après quelques années, il achète, dans le Maine, une grande propriété, qu'il baptise Orgonon, où il crée l' « Orgone Energy Clinic », destinée au dépistage des maladies énergétiques (biopathies), et l' « Orgonomic Infant Research Center », dédié à l'étude de l'enfant depuis le stade prénatal jusqu'à l'adolescence pour poursuivre ses travaux avec ses assistants dans le domaine de la biologie et la biophysique. Y ont eu lieu des conférences sur ses découvertes, inventions et sur l'évolution de ses recherches, d'où il éditera un journal (disponible en microfilms à la bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris) et où venaient le visiter ses collaborateurs. Ce lieu est actuellement le musée Wilhelm Reich ; il se situe à Rangeley .

Le 15 décembre 1950 commence l'expérience ORANUR ( Orgonotic Anti-Nuclear Radiation). Reich enferme une aiguille de radium radioactif dans un de ses accumulateurs. Le but de Reich est de vérifier si l'orgone concentré peut contrer les effets mortifères des radiations atomiques. En février de l'année suivante, l'expérience aboutit à une catastrophe énergétique, le lieu devenant inhabitable. Par ailleurs, Reich propose à des patients volontaires un traitement expérimental pouvant les aider à surmonter leur cancer, ses patients s'irradiant dans un " accumulateur d' orgone " et bénéficiant parallèlement d'une "végétothérapie caractério-analytique". (source internet Wikipedia)

Conjonction qui nous laissera sans doute augurer favorablement de la rigueur des formations de l'esprit, quand nous aurons montré le rapport profond qui unit la notion de l'instinct de mort aux problèmes de la parole. (Lacan, 1953, 316).

Pour la petite histoire, Freud lui sauvera la vie alors que soldat de la grande guerre dans les rangs austro-hongrois, un exemplaire de la traumdentung qu’il portait enfoui dans son sac le protégera d’un éclat d’obus.

Se reporter à cet effet à la 6ème Edition des conférences de l’Université Populaire de Caen (juillet-août 2009) diffusées sur France Culture.

Onfray souligne que la volonté de puissance Nietzschéenne ne s’écrirait pas chez Epicure, vieil homme, préoccupé par la gestion des aléas de son corps. Ces états du corps, au-delà de la question de l’âge, peuvent être également des états d’âme : l’on ne rédige pas la même chose selon son humeur, ou selon que le corps est en proie à une certaine souffrance. Nous pensons évidemment au fameux cancer de la mâchoire de Freud qui l’obligea à user de la cocaïne.

Pour la petite histoire, le lien (platonique) de Nietzche à Lou Andréa Salomé –dont on connait le lien à Freud et l’importance pour la réflexion psychanalytique-, dont Nietzche ne se remettra pas, le plongera dans une grande dépression d’où surgira l’écriture d’« Ainsi parlait Zarathoustra ». Lou a en commun avec Nietzsche et Freud d’avoir réfléchi à la mort de Dieu. Elle s’opposera d’ailleurs à ce dernier à propos de la religion.

Se reporter à cet effet à Rouzel, 2007, XIX.

Lacan distingue un premier temps d’avant tout rapport à l’Autre (il créera le concept de la Chose pour traduire cet Autre originaire) c'est-à-dire avant toute intervention du signifiant marquant le sujet, qui est le temps d’une jouissance mythique et d’un sujet mythique hypothétique, primitif de la jouissance, visant à accéder à l’Autre (Ritter, 2009, 177)

L’Autre est le lieu ignoré de la parole. Le lieu d’où ça nous parle (avant notre naissance) et après, tout à fait « extime » (à la fois interne et extérieur au parlêtre). A ce titre, c’est aussi le lieu de l’inconscient, l’Autre en nous, intime au sens d’une parole ignorée que nous portons (ignorée car refoulée).

L’objet a est donc finalement un substitut de la Chose, et la jouissance en ce sens est la jouissance de l’Autre-génitif objectif- ou dans l’Autre comme lieu du signifiant. Le a est ainsi un éclat de cette jouissance totale à la Chose, un bout d’organe libidinal du corps.

C’est la jouissance phallique qui donnera le baromètre régulateur, le point d’ancrage à la jouissance. C’est dans l’après coup d’une jouissance marquée du signifiant, et de façon rétroactive, que se construira la jouissance mythique de la Chose (ou jouissance de l’être) ainsi que la jouissance de l’Autre (celle de l’Autre-sexe, qui est toujours le féminin). C.f à ce propos Braunstein, 1992.

Dans la névrose ce qui est refoulé y est mais non à la disposition du conscient. (Menard, 2008, 9).

Chacun recherche l’objet manquant dans l’A(a)utre, un A(a)utre qui n’existe pas, tout comme la jouissance, lançant la dynamique du transfert, l’A(a)utre étant supposé savoir comme fournir l’objet qui me manque.

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