A l’orée de ce temps-là, quand le verbe se fit Chair.….
L’intention par le Verbe incarnée, à l’épreuve, dans ce Chemin de Croix du Désir – Le procès inexorable du corps propre et nu – dans l’enjeu avéré de ce défi du sôma-sêma effleurant la conscience.
Tragédie humaine :
• La parole dans la consternante impossibilité de dire le mot de la fin et celui du début.
• Que belle est l’incertitude – Aristote.
• Elle nous fait « ex-sister » dans la promesse du Verbe – Lacan.
• Tout est pour le mieux dans le Meilleur des mondes Possible. Leibniz.
C’est lors du dépit amoureux aux temps des amours mortes, dans le tohu-bohu d’altercations frontales, celles d’invectives verbales aux offenses trop brutales, que se joue le scénario fatal de la fracture sociale. Aussi, lors des confrontations de ce même verbe en interlocution, excisons de ces folles discussions, le vice, cet indice atavique objet insigne de profus délice, qui se manifeste ingénu dans la
metis,
de bien navrants caprices. Voyons un peu ce qui en germe dans ce fruit gâté de la passion amoureuse, rend dans ces conflits d’humeurs oiseuses, l’esclandre si stuporeuse. N’est-ce pas là en quelque sorte, dans l’expression même de ce dévolu orgiaque où nous plonge ce spectacle, dans les accents d’un drame, ceux d’une irrésistible débâcle, cet empire du sauve-qui-peut, au regard de cette pièce de théâtre. Dans les affres de la perdition, et la mise en scène d’ exposition, où dans ce jeu fou se joue et se dénoue, le tourment d’abominables remous. Ainsi, serions-nous ce soir citoyens Alésiens à ce point si durement confrontés, aux dérives létales d’une société en pleine débauche d’une rupture fractale.
I
Car enfin, lorsque réduits à ce grand besoin d’un ultime recours aux soins, ceux palliatifs, gravement témoins d’une mort spirituelle annoncée et programmée, comment dès lors, et par quels vains recours, venir aux secours des feux de l’amour. A l’adresse toute express de ces amours conjugales et extraterritoriales, lorsque impuissants on est restreints d’administrer à la faveur d’une pieuse consécration, des saintes huiles la ferveur ultime d’une bienheureuse onction. Ce monde fabuleux, celui sous le signe sacré de nos sublimes et chères amours, qui soudain furibondes gémissant moribondes, hélas, trois fois hélas, nous lâchent et nous fâchent ; pour désormais dans l’incertain détaler, et vers cet infernal lointain à tout jamais se cavaler, nous laissant à jamais tomber. Morbleu ! que nenni enfin, ne nous résignons point, et pour que survivent toujours ces amours vouées aux gémonies, balisons têtus et opiniâtres de tous ces vains discours le déplorable parcours, implorons le secours de la providence, celle d’un recours au tout puissant seigneur. Dans sa charité infinie demandons-lui grâce et miséricorde, d’accomplir à des fins plus heureuses ce funeste amour, celui cher à notre humanité ; afin que bien douce et quiescente, cette divine grâce dure et perdure à jamais.
Serions-nous de fait, réduits dans toutes ces manifestations langoureuses, dans ce long décours du désaveu amoureux, à la dérisoire déraison d’une âme en perdition. Et ce bel Eros, si tendre chérubin soudain contrit, bien trop las de l’amer ennui, doit-il à jamais éconduit, s’exiler au loin, banni pour toujours du paradis béni ? Désormais, c’est en solitaire qu’il erre sombre et irrésolu dans sa bien triste déconvenue. Et à jamais pour l’éternité, impuissant et meurtri doit-il se cantonner alanguissant dans le néant, abandonné et gémissant aux accents de son pitoyable tourment ? Dans ce spectacle nous est donc présenté ces protagonistes aux cœurs désamourés, qui bien meurtris, jouent dans cette lugubre élégie, le refrain d’une effroyable tourmente, sur l’air de la sombre complainte des amants déconfits. Dans l’apocalypse et la déchéance des amours mortes, dans l’ombre lugubre de ces alcôves à jamais désertées, où règne désormais l’ennui des amants désunis à jamais bannis de leur humanité. Tel Narcisse ce bel éphèbe mythique, gavé de sa suffisance érotique, si désespérément perché sur son ego surmoïque
II
qui se penchant langoureux, dans le clair miroir d’une onde pure, quête vainement le reflet amoureux, cherchant l’identité de sa vraie nature. Celle où désespérément confiné, il n’est plus que réduit à sa solitude éternelle, qu’indéfiniment et à jamais, il endure. C’est un peu l’écho de cette pantomime allégorique qui dans cette pièce obscure tant nous esbaudit, là où se tiennent bien des discours en jachère, chez ces amants qui vainement désespèrent. Dans cette illustration d’une souffrance amère ne cessant de persifler des propos pervers, et qui pour tout exutoire, vomissent à l’encan les affres de tous leurs tourments, tout en tenant sur l’amour de bien navrants discours. Là où en vain la bête se cherche, et dans sa rage en proie à tant de ravages, quête des avatars, les ombres funestes de son image désolée, contrainte et acculée, se résignant à ravaler ulcérée, les outrages d’un tel esclavage.
Ces sombres propos dans tous ces discours qu’on tient au nom de l’amour, se profèrent dans les accents de folie en tous ces lieux égarés, là où se tiennent dans l’errance, ces figurants demeurés à tout jamais aliénés. Echoués et perdus au grand large de bien sinistres parages. Mais de ces cruels et pathétiques émois, cherchons la cause qui en échoit, invoquons la ressource d’un recours, dans ce grand désespoir de quoi nous porter secours.
Non voyez-vous convenons tout de go, qu’à dire vrai, discourir sur la parole est une entreprise proche de la perversion ; en effet, dans la mesure même où le locuteur feint d’avouer qu’il s’y connaît en parole, le discours s’y désole et jamais ne nous console. Car la parole dégénère trop souvent en discours de pouvoir, dès qu’elle devient l’objet de convoitise, trop envieuse d’un têtu et absurde vouloir. Or le désir est la cicatrice de cet ombilic même d’une parole qui, s’enflammant dans le ton, finit comme toujours à cours d’arguments convaincants, s’épuisant vainement en longs discours désolants. Bien souvent la parole dans tous ses éclats se prétend résolue, alors que dans ces mêmes accès furibonds où elle se profère, elle est, croyez-moi bien inutile, fastidieuse et souvent de fait, indiffère. En réalité étranglée par le nœud du désir qui bien sournois conspire ; ce désir qui trop exclusif se tient à son entière quête, dévolu, et de cesse réclame l’impossible absolu. Ce désir qui nouant nos entrailles, nous
III
fait proclamer vaille que vaille, qu’il nous faut malgré tout tenir bon la rampe, dans l’embrouillamini au long cours, là où nous entraînent tous ces déments discours.
Enfin convenons avec ce cher Blaise Pascal, que si l’ homme est écartelé entre le cœur et la raison, là où le désir ardent le pique dans ses accents très primaires, celui aux accents viscéraux d’une langue mère, c’est que trop souvent sa cause dégénère dans les larges débordements, de ses grands tourments.
Rassurez-vous cher public, je ne vais pas dans la distraction où se perche votre attention si contenue et peut-être toute émue, vous arracher soudain dans cette importune écoute de l’oracle, qui se croyant d’une vérité au pinacle, en arriverait piteusement à vous sabrer ce beau spectacle. Sans pour autant vous donner la migraine, semons un tantinet tout de même, la graine d’une science qui bien qu’éphémère, se révèle aussi, comme philosophie première. Je veux parler de la science des échanges, celle du langage qui en tous lieux se propage. Le guide de quelques réflexions qui assurément nous renseignent tellement, sur le destin de nos sentiments. Aussi tout d’abord orientons-nous vers la linguistique fonctionnelle, qui dans son acception commune dit-on, s’attache à la signification de ces petites unités de sens qui dans leurs désignations référentielles, constituent une monnaie d’échange très providentielle.
Arrêtons-nous un bref instant dans ce propos du Soi-disant réel, qui n’est à vrai dire que virtuel, lorsque se glissant sous les mots et ses signifiants, il persiste à nous rendent trop confiants. Certes le langage dit quelque chose, parler c’est en effet dresser le profil des choses ; non seulement à partir du système de renvois opérés par l’organisation des signes (comme le suggère le discours), mais à partir d’autre chose. Or cet « ouvert logocentrique » est prédéterminé par le processus du désir qui est le lieu de l’avènement du sujet. Le sujet parlant ne se réfère pas aux choses, mais aux signifiants des choses. Telle la parabole en la parole de l’évangile, la synopsis signifiante nous rend la chose visible, et nous-mêmes par cette « miraculeuse faculté de l’Esprit Saint », devenons sujets voyants. Rappelons-nous ce que nous disait
IV
Sartre sur le ton goguenard d’une arrogante malice dans son livre, celui prestigieux, couronné du prix Nobel - « les Mots » - : « J’ai pincé le Saint Esprit dans les caves du Seigneur ». C’est précisément à cet ordre du discours grâce à cette logique d’un pouvoir-sens imaginaire, que notre entendement arrache le signe pour lui donner une réalité tangible, tout en l’intégrant dans le domaine des significations. C’est ainsi que la parole vient précisément me faire exister en lieu et place des choses et quand dérive l’image qui s’estompe, faisant sens dans ma conscience, exaltant ma raison qui m’ouvre enfin des horizons.
C’est lors en ce perpétuel bon en avant que je suis convié à éprouver ma vie, et sans cesse, affronter les aléas de ce temps qui toujours va.
Dire quelque chose, cela paraît tout simple. Molière nous faisait tant rire dans les réparties si cocasses de Mr Jourdain, qui dans ces billevesées si niaises nous mettait plutôt à l’aise. Ce bourgeois aspirant à devenir à tout prix gentilhomme, désirant ardemment dans tous ses atours parader jusqu’en cour. Se tenir de guingois au côté du Roi. En somme arpenter le beau monde des précieuses ridicules et sans vergogne se rapprocher du trône. Oui, mais là où cela se complique, c’est que parlant d’une chose on peut signifier tout autre chose, dans la rectitude du fil à plomb de son expression guindée. Rassurez-vous, le maçon n’est pas convoqué au pied du mur dans ce propos, comme simple placard d’exemple, il s’affiche ici par souci d’illustration pédagogique. Non pas le placard à balai, qui lui planque et dissimule comme de vrai, - voyez que cela se complique, car les mots ont trop de sens et les sens trop de mots comme le disait Foucault. Non, je parle du placard à l’affiche, comme celui dénonçant l’assassinat du Duc de Guise, celui que placarde aux fins d’explications, le maître dans ses leçons, pour mieux informer la compréhension. On désigne ça par un mot savant une catachrèse dit-on, un abus de langage en quelque sorte, …..comme qui dirait bonjour mon cul, ma tête est malade ; non, l’exemple est ici volontairement mal choisi, il se veut trivial pour nous dérider dans ce propos trop alambiqué qui nous colle la migraine. Servi ici, comme simple toast il conditionne tout au plus, de nos humeurs le grand manque. Aussi à vrai dire
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ne convient-il pas à la bonne définition d’une figure de style, mais plutôt à un exercice de langage comme le penserait Wiggenstein.
C’est ainsi disais-je, que la parole dans son énonciation, emprunte les formes d’une symbolique envoûtante dans le style accusé de ses inflexions, qui tantôt talentueuses, tantôt malheureuses sont dommage, souvent trop verbeuses. Bienvenue au club, car avec moi rassurez-vous, vous êtes plutôt bien servis. La parole donc, c’est là comme une musique, qui nous informe dans le profond silence d’une conscience, en phase d’une humeur en extase. Qui nous campe un peu dans les ors de beaux souvenirs au merveilleux décor. Ce phénomène inouï s’observe aussi chez maint locuteur, qui tout ébahi dans sa réjouissance, s’écoute dans la complaisance, celle gratifiante de sa douce jactance. Dans ce manifeste mal dissimulé, qui trahit par ces échos sourds et silencieux, le tranchant incisif des arguments proférés. Dans ce réflexe d’animation qui donne en spectacle, la flamme qui soudain allume le visage, le regard, le geste, des intervenants, ce qui peut provoquer suspicion et même, consternation chez les interlocuteurs en concertation. Voyez-vous, dans ce témoignage flagrant de pulsions silencieuses qui surgissent à l’ insu même des interlocuteurs, s’explique ce phénomène intersubjectif en jonction ou en disjonction de sensibilités en aparté, d’ un ressentiment parfois durement réprouvé. Nous sommes tous, des assassins innocents, nous donne d’une citation célèbre, un certain accent.
Par ailleurs, c’est ainsi que Husserl en situait la source dans la jonction « transcendantale » de la fonction intentionnelle et de la fonction expressive de la conscience dans le musette de sa malice. Or, la psychanalyse, met en relief dans son discours l’intercession en forme de fracture de ces deux dispositions du sujet, où le non-dit en question fait signe par delà même le profil de la conscience transcendante, vers cet inconscient qui pâtit de se sentir frustré. Dans ce meurtre qu’exécute le verbe qui s’enhardit dans le ton et souvent se trahit, dans l’aveuglement d’une répartie trop ourdie, qui soudain se démasque et s’avilit. C’est lors que la parole introduit une première rupture à l’intérieur du sujet qui, de ce fait, s’annonce à la fois maître et esclave. Car en chacun de nous habitent en effet, deux hommes : celui qui vit et ressent, celui qui parle et s’expose.
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Or, la parole engendre la vie humaine en la décentrant de son être là, pour qu’elle puisse enfin s’épanouir comme telle dans l’univers de la communication, celui d’une appartenance, en créant du lien, de la solidarité et donc du sens. Afin, de mieux se délecter dans son for intérieur, ruminant enfin dans le dire, le savoir de sa jouissance, dans la plénitude de sa conscience. Il n’y a parole qu’à réactiver au fil du discours cette rupture intérieure, dans laquelle Heidegger a vu la source de la conscience coupable. Coupable parce que se devant faire face à la nécessité impérieuse pour habiter ce monde de devoir d’abord s’habiter soi-même. Ces tentatives, en tant qu’elles restent prisonnières d’une conception idéologique et instrumentale du langage, s’offrent vous l’aurez bien compris, comme des paravents à la folie. Heidegger a montré les impasses auxquelles elles conduisent. En qualifiant ce délire inhérent à l’affrontement et en le transformant en un combat d’une folie amoureuse. Ainsi la question de l’être et du dire, est-elle pour lui, la mise à l’épreuve d’un langage dont le sens se subvertit en non- sens, lorsque l’on s’interroge perplexes, anxieusement penchés sur ces images en miroir tatouant nos mémoires.
Eclairons pour parachever ce long discours à la lumière de la conception biblique conçue comme l’événement inaugurateur d’un écart entre Sujet observateur et Objet posé. Dieu crée en divisant, Ciel et Terre, eaux d’en bas et eaux d’en haut, Lumière et Ténèbres, Hommes et Animaux, homme et femme. En divisant, il nomme et donc fait, car il met chaque chose en ordre. De cette coupure entre Dieu et l’Homme, la division de l’homme et de la femme est l’image : Dieu les crée tous les deux à sa ressemblance en les divisant il les unit. Par conséquent , la capacité de la parole, l’aptitude à la nomination (l’homme l’appela femme), passe par la distinction des sexes. La sexualité est bien la cicatrice ( cette coupure et trace) d’une parole créatrice, en sorte que la jouissance qui lui est attachée n’est qu’un aspect de cette dilection vers laquelle dérive la parole. Ce verbe de Dieu qui pose l’être, c’est le verbe de jouissance qui divise et unit, qui coupe et réconcilie, qui permet la renaissance dans la reconnaissance, c’est la Parole Dieu. Aussi nous faut-il penser les mots pour panser
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les maux pour survivre à une époque plus contemporaine. Dans ce rugissement de la Raison depuis les Grecs, et dans le surgissement plus récent de nos sensibilités écorchées de citoyens en révolution, survivre à une ère universelle, celle inquiétante de la mondialisation.
En effet, pour illustrer cette parodie d’une prétentieuse spéculation sur le langage, il nous faut mettre l’accent sur un certain style des mœurs citoyennes. Ce mode que nos gouvernants très cocasses voudraient nous imposer, sans se soucier du reste ni des rumeurs ni de cette opinion publique si dévoyée, qui ne doit surtout pas s’imposer de
facto,
dans ces lieux mal famés, ceux bien sûr des bas quartiers de ces banlieues dépavées, car dépravées.
Citons à cet effet, l’exploit que vise une nouvelle Loi. Il s’agirait en l’occurrence de l’épineuse question d’un dépistage plus précoce, de l’inconduite civile. Par des mesures coercitives et répressives par là même assorties de contraintes plus féroces, tel que la prévoit la disposition en gestation, ce qui vous conviendrez, du peuple soulève la trop légitime consternation. C’est ainsi que dans le louable souci de prévention, un peu dans cet esprit du bon soin de la curatelle sur l’air de la bêtise, et toujours sur le refrain …de toujours plus d’efficacité, très en vogue dans les prérogatives implicites d’une actualité pressentie par certains de nos dirigeants. On veut désormais prescrire, se réclamant pour sûr de l’autorité de quelques penseurs illuminés blottis et bien à l’abri dans les coulisses, celles de la manne curatrice du pouvoir politique : c’est ainsi que dès l’âge de trois ans, dès les bancs de la maternelle, en ce lieu bien naïvement et curieusement, baptisé jadis, l’asile, la loi veut désormais traquer et pister les dangereux écarts d’incivilités citoyennes qui seraient bien trop tragiques pour le devenir de la sécurité publique. On veut contraindre ces bambins encore morveux de leur enfance, et les astreindre à une démocratie forcée, pour sûr encore plus réjouie, et toujours plus épanouie. Cette petite information est à prendre avec toute la délicatesse, celle à l’instar de l’image symbolique de la mimique si souveraine qu’affiche notre très cher Président, à l’occasion très médiatique de ses « croqu’en bouche »
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dont il semble si friand ; séquences Vues à la télé dans cet enjeu si séduisant des Comices Agricoles , le tout spectacle mis en scène et amoureusement ciblé par les caméras, et les commentaires chichiteux de la presse. Aussi, tant bien que mal engoncés dans ce factice confort du pouf et face à nos petits écrans, dégustons nous aussi de bonne grâce citoyens, montrons-nous fines bouches, et dans ces circonstances d’une France en démonstration de sympathies rurales, celles si louangeuses du bon sens paysan, rendons tout de même un vibrant hommage à ce brave Président. Ce candidat joker inespéré des dernières élections, qui nous a sauvé d’une sérieuse panique. Car dans cette dèche où sombrait la France lors d’un dernier scrutin, sans cette chance inouïe d’une ultime providence, celle rassurante de sa lénifiante présence, le sort nous plongeait dans la pire déchéance. J’achèverais là mon délire, rassurez-vous, et pour l’équarrissage de la bête humaine, je laisse ce soin à la télévision, car dans ce domaine, elle est vraiment la Reine du fatras en débat et de l’audimat. En effet, dans sa peine, loin d’être en déveine, elle ne rate jamais l’occasion, surtout aux informations de banaliser la sensation, pour mieux canaliser l’expression de nos moindres émotions.
Aussi, tel le boucher mobile en estafette, taillant au coin des rues sa dernière bavette, je me réclame moi, acteur de tout ce boniment. De cette somme d’expédients clamés à la sauvette et sur le cours de toutes ces exactions exonérées de sanctions, je veux à présent publiquement réclamer l’addition, celle d’un légitime règlement.
C’est ainsi que je citerais enfin pour conclure, jouant moi aussi le « Devin du Village » cet unique opéra lyrique si cher à Rousseau, l’énoncé de deux sages préceptes qu’il est bon de mettre en vigueur, pour affronter de ces temps les âpres rigueurs. En vérité, je vous le dis : Point n’est utile d’écouter religieusement de tous ces discours qui se vantent à l’encan, l’expression trop pointue d’un vaniteux talent. Que ce soit ces échanges langoureux prononcés sur le ton hâbleur et rageur des emmerdes amoureuses, qui souvent aussi relèvent de la déconniâtrie médiatique sur la vie très intime des ébats amoureux et privés des stars politiques elles-mêmes, ou de celui plus pernicieux et plus vicieux, jaspiné sur le ton de la rhétorique républicaine à la sauce d’improviste, souvent
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très en verve de confidences médiatiques. Point n’est besoin de ce soin scrupuleux d’écouter tout ce qui se dit, dans le beau phrasé du discours cérémonial prétendument social. Oh Fichtre, pour sûr que non et non ! Mieux vaut plutôt, s’en préserver. C’est ainsi que pour ce soin, devrions-nous plutôt ..malicieusement, scrupuleusement, judicieusement enfin, entendre et interpréter ce qui derrière le verbe proféré se tait et se dissimule, s’escamote et de fait tout bonnement, simplement s’annule. Car dans le ton de la noble rhétorique, celle du bien dire
Bene dicendi scientia
de Quintilien, c’est pour sûr, ne pas oublier que dans le discours et l’aisance de la faconde, se doit entendre les accents de cette
firma facilitas
et surtout bien veiller à ne pas se contrefaire, mais demeurer imperturbable dans la grâce de nos bonnes manières, celles enfin dont on peut se sentir fier. Car discourir à l’envi, c’est bien souvent dire d’un côté pour mieux taire de l’autre. Par ailleurs, ce même langage sous la dictature du désir qui souvent frustré et embusqué ne veut montrer le bout de son nez, dans les emphases de ce jargon logorrhéique qui emprunte parfois le genre d’énonciation héroïque, pour ne rien dire, alors que complaisamment il se banalise sous l’énoncé le plus commun pour ne pas médire de soi ni se trahir lui-même. Ou alors, l’histoire comme qui dirait de ceux qui résolument prennent la tangente lorsque la parole les implique de trop, ce qui de trop les épouvante. C’est là plutôt, ce que j’appelle la philosophie de la targette, celle qui se tait, puis se retranche muette en somme, et qui soudain étanche, se dissimule dans un profond silence. Car l’on déplore hélas trop souvent, que rien n’est plus pressé de partir, que celui, pris de court par l’occurrence de certaines circonstances, dans ce même risque craint de se trop compromettre, préférant alors, prudemment se démettre. Enfin méfions-nous surtout de la valse-hésitation, de ces tribuns, trop pressés de chausser le cothurne, aspirant ardemment s’interposer incontournable Présidium à la tribune. Et enfin, dans l’euphorie des calendes républicaines, se soucier tout de même, de leur panses à garnir. Saigner à l’occasion de célébrations orphiques et médiatiques, le cochon gras pour faire ripaille, en bonne société, dans le clan et la concussion de quelques canailles, bien sûr tout ça après l’honorable bataille, celle bien digne des grandes vadrouilles électorale.