dimanche 16 juillet 2017
LA POUBELLE
Ça sert à quoi une poubelle ?
Dans notre lieu de vie, on y trouve de tout en toute simplicité !
Un récipient de yaourt avec sa petite cuillère que quelqu’un n’a pas eu envie par fainéantise de mettre au lave-vaisselle, une boite de conserve qui a fui le container de tri qui est pourtant à quelques centimètres, une brosse à dents toute neuve qui est là par hasard à côté d’une dent de lait toute jaune faisant son beurre, un sachet de mouchoirs neuf qui n’a même pas pu pleurer sa mère, l’agent du beur, le pain de ce jour qui n’enlève pas les pêchers d’un jour sans fin pour un ça sert d’os de qualité ISO, la cacophonie des gens qui bégaient la vie des autres, un steak qui a passé un jour de DLV et qui devient vert de n’avoir pas été mangé, une salade composée décomposée à l’idée de se regarder en face car tout le monde l’a vu faire sa trainée dans le frigo devant un paquet de merguez, une critique constructive gisant dans les ruines d’un château de cartes, un récipient plus facile à jeter qu’à mettre à la vaisselle, un emploi fictif tout endimanché d’une veste de chasse à 10 mille euros et partant pour la messe, un carnet de liaison avec un collège qui vient faire déliaison, une carte de self faisant un selfies pour frimer avec de la nourriture avariée à destination de son compte Facebook, une facture de bus avec des épluchures de légumes comme dernier abribus, l’horizon de jours meilleurs en maturation et qui puent déjà l’archaïsme des jours anciens, une cravate à Macron déjà complètement démodée et achetée par Brigitte sa maman, nos idées les plus folles devenant sécures et du coup véritablement folles et dangereuses, la lie de la terre qui s’ensemence en toute discrétion et qui vient faire compost pour une éternité qui devient trop longue surtout vers la fin, un pansement sanguinolent un jour de placement supplémentaire, des mouches qui crient à l’insécurité et qui manifestent de retrouver le couvercle cassé de la poubelle au bout de son deuxième jour d’utilisation, un bout de Jésus de Morteau faisant relique accroché sur une planche à clous balancée par RARA la fripouille, l’humeur du jour qui gueule la bouche pleine à son inconfort, l’article de la mort raide comme un point d’exclamation, l’étoile du nord complètement à l’ouest, l’anarchie de vécus dissociés mal associés, le bout d’un texte confidentiel qui aurait dû être détruit au broyeur à papier et qui bégaie de l’insolite, la fée Clochette atomisée par une bombe anti frelons et qui se refait une beauté sur un sushi en provenance de Fukushima, une odeur qui hésite même à faire une sortie de peur de trouver plus crade à l’extérieur, des souvenirs d’enfants qui se balbutient en mode économique avec un forfait zéro giga, le photomontage d’une vie fantasmée par un service placeur, un tourne vices très vicieux pris entre un marteau insoumis et une enclume polymorphe et qui jouit malgré tout, une idée géniale perdue après une embrouille entre deux enfants en venant aux mains, la main de l’un d’entre-eux arrachée et s’accrochant pour faire poignée comme pour s’excuser, la polyphonie lointaine mais très prégnante de la voix des gens qui croient tout savoir, une formule de politesse balancée sans ménagement comme jetée aux maux pour germiner d’un discours de l’absurde, une enceinte acoustique de ce qui devrait se dire mais détruite à coup de marteau et qui radote en pointillé une vie de bavardage sans rien qu’on puisse en comprendre, un voyage au bout de la nuit low cost et en plein jour, la reine des fourmis insouciante faisant du shopping comme lors d’un vrai jour de soldes chez Spencer et qui attend sa troupe pour faire taxi et ramener ses courses, Dark Vador rappelant sans ménagement à Œdipe qu’il est son père, la mère d’Œdipe égérie du mariage pour tous et qui épouse en toute discrétion deux préservatifs usagés, l’arrête au carré d’un poisson pas né, un interdit faisant du surf sur un morceau de steak tartare en se prenant pour un Gengis Kahn de Nice, un arrêté de tarification d’un conseil départemental datant de la planète des singes faisant soupe à la grimace et dégoulinant dans le fond du sac, une guêpe ravie de faire open bar dans un fond de bouteille de coca et qui invite ses copines à une happy hour mielleuse, l’utopie d’une prise en soin de qualité fêtant sa crémaillère sans conviction, le bout de la chaine alimentaire mon cher Watson, la clinique qui se tire à toutes jambes mais avec un déambulateur clinique financé Sécu, l’idéal du moi pris au dépourvu et qui sur le coup se sent pour une fois con comme il l’est vraiment, l’insécurité crée par ce constat, l’idéocratie de ceux qui inventent le malheur des autres, l’idiocratie de ceux se moquent de ceux qui s’occupent du malheur des uns, le symbolique qui se prend les pieds dans le tapis du numérique, un tableau d’Excel représentant l’origine du monde comme un trou noir entouré de chiffres incompréhensibles pour masquer ce qui serait soit disant de l’ordre de l’impudique, l’imaginaire qui fait la roue et un djihadiste d’opérette qui fait le paon psychotique dans une bulle du pape sortie tout droit de sa chicha.
Les poubelles parlent et elles disent beaucoup du collectif.
Elles causent sans doute plus que ce dont nous avons à dire de nous-même et de notre façon de vivre ensemble. Elles traduisent parfois de ce qui est de l’indicible question de ce qui nous amène à être là. Nos déchets sont parfois recyclables dans nos machines à transfert et ils tentent de s’agglomérer pour tenter de trouver le signifiant de ce que nous allons pouvoir tenter dans la construction de la relation.
La poubelle vient causer là où on ne l’attend pas. Dans ce container, il est ici question de sens et de détournement d’objet de récupération comme dans l’atelier de Pierrot. L’objet@ n’a qu’à bien se tenir cacher s’il ne veut pas terminer dans la fosse septique du tout à l’égo. Cette fosse est souvent moins clean que notre poubelle et les rencontres y sont dangereuses car les idées des uns sont souvent en état de décomposition avancée.
Mais bon, je ne suis pas là pour aller fouiller dans la poubelle des autres.
J’ai déjà suffisamment à faire.
Eric Jacquot Juillet 2017
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01/01/1967
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lundi 14 février 2022