jeudi 06 avril 2006
« L’Hystérie aujourd’hui »
Michel Escande - Editions Masson.
Les symptômes d’expression psychique.
Les troubles dissociatifs ( DSM IV ).
Abraham G – Psychothérapie de la mémoire et psychothérapie de l’oubli, 1994 –
Ce scriptum ci-dessus, met en relief l’exergue d’une lecture relative à l’ouvrage sur « l’Hystérie ajourd’hui » de Michel Escande, Professeur à la Faculté de médecine de Toulouse. Il met en lumière et récapitule dans son bref énoncé, une problématique nodale, celle du « Savoir à sa source ». Cette topique commune de la connaissance, impliquée dans la factorielle dialectique entre la mémoire et l’oubli. Ce processus interprète en gros, le propos divers de ces représentations, dans le procès que dresse nos sens, là où s’ancre l’intime constat apparent, d’une essence identitaire. Cette spéculation très didactique du Professeur Escande, est le fruit d’une expérience praticienne au long cours d’une carrière hospitalière, et s’enrichit d’une approche théorique universitaire. En effet, je crois repérer dans cette remarquable démonstration, la finesse et la précision d’une grande acuité clinique, qu’illustrent le caractère patent de ces deux indices fondateurs, d’essence principielle que sont : la « Conscience » et la « Mémoire ». C’est là pourrait-on ainsi dire, que se tient en vis-à-vis, deux notions qui s’inscrivent non pas dans l’expression d’une opposition antinomique et radicale, l’oubli occultant la conscience, - car ce contraste n’est qu’apparent, - mais plutôt, dans la note de cette harmonie du contrepoint, qui met en valeur, les reflets et l’accent de cette réverbération tout en écho, dans le champ sémantique de ces deux vocables. Toute la majesté de cet équilibre très instable, qui s’autorégule dans un délicat mécanisme en curseur, celui du phénomène « montrer - cacher » qui dresse in fine , son constat d’identification, dans le registre de notre conscience. C’est là, le procès Universel de cette essence du Savoir. Dans la vision de ce spectre de la conscience projetant son faisceau de révélations, là où se joue simultanément dans la magie du jeu de l’ombre et de la lumière, de l’oubli et de la réminiscence, la malice fantasque des feux croisés dans ce kaléidoscope de la figuration. Et là, où, s’établit, d’une part, l’instantané d’une perception, se génère d’autre part, un entendement, qui lui, nourrit le propos de nos intimes convictions.
Je trouve, dans ce rapprochement que transcende l’expression radieuse, d’une esthétique et d’une éthique conjointes, cette allégorie qui traduit à merveille l’emblème et le symbole, et de même, l’aspect ludique de cet étonnant mythe qui redonne vie et sens, à la « « Caverne de Platon ».
Dans ce modèle d’intelligibilité, un autre exemple tout aussi net de perception nous est procuré, par l’insight de ce titre très suggestif et flamboyant de Merleau-Ponty, dans son essai « L’œil et l’Esprit ».
Aussi ne nous étonnons pas, si de nos jours encore, l’éclat de ces deux notions qui s’affrontent dans leur antagonisme principiel , ressurgisse sur la scène médiatique, tel le diable toujours en dissimulation dans sa boîte de Pandore.
En effet, une publication très récente dénonce aveuglément, sans vergogne ni probité intellectuelle, l’imposture du siècle. « Le Livre noir de la Psychanalyse ». Certes, on nous avait déjà corné les oreilles avec ce même titre« Le Livre noir du Communisme ». Ce tollé à la mode des « Papperazzi » soulevant dans l’opinion publique, médusée mais très avide de sensations friandes, la visée bien primaire de tempêtes polémiques à caractère démagogique. C’est ainsi que depuis peu, la presse et les radios sous la foudre et l’éclair du scoop médiatique inondent selon la coutume, sous le flot d’ informations inédites et pimentées, le citoyen lambda. Celui-ci s’en trouvait d’autant plus ravi, que comme tout un chacun, il se tenait pour sûr, lui aussi , retranché jusque-là, et bien à l’abri, dans la douce quiescence de ses préjugés ; il est d’ailleurs bien vrai, qu’il se sentait tellement égaré dans ce labyrinthe freudien, s’éprouvant au quotidien, dans l’inquiétude sournoise d’un univers, qui le confinait aux affres de la claustrophobie.
C’est ainsi, que dans son éditorial, le Nouvel Observateur consacra récemment un numéro spécial, sur ce sujet brûlant. Le vin est tiré, il faut le boire, se disait donc le lobby des médias, dont la presse se fit l’écho, lors de la parution de ce brûlot sur Freud et sa psychanaLyse. Pour lors, quelque journaliste illuminé, affûta à la hâte sa plume, pour incendier les colonnes de sa feuille de choux, et sur ces mêmes colonnes aligner l’opinion citoyenne. Et là, se prenant pour Voltaire le pamphlétaire, sans retenue aucune, et sans discernement avisé, on agonit d’insanités diffamatoires, le père de la psychanalyse, le traitant d’imposteur, de charlatan mythomane, et de mystificateur. S’appuyant de même pour ce faire, d’un pseudo interprétatif hypothétique, exhumant preuves et témoignages historiques, à l’appui de leurs raisonnements spécieux, comme pour mieux rouler le merlan dans la farine.
Dans leurs galimatias et leurs appréciations, ces détracteurs butés, n’avaient pas saisis, combien dans son approche symbolique, la psychanalyse restait le seul paradigme de ce modèle intelligible, celle d’une finalité heuristique pour appréhender ces phénomènes de la pensée humaine.
Aussi, essayons donc plutôt, de relier les billevesées et tergiversations intempestives de cet épiphénomène médiatique, en s’efforçant de mieux cerner la nature propre des indices en cause dans cet imbroglio, dans les données falsifiées de ce raisonnement torve. Dans cet embrouillamini mystificateur, qui engendre une telle confusion et une telle aberration dans ce méli-mélo, où pour mieux se veut faire accroire, par l’opinion et la doxa , s’engagent farouchement, quelques protagonistes qui dénoncent sans conscience bien avisée, se méprenant piteusement, dans leurs naïveté inconstante, sur les vrais critères en jeu dans cette conjecture.
Identifions les sources d’une origine propre, à ce phénomène d’une telle méprise. Pour cela référons-nous d’abord, sur l’essence implicite du sens contenu dans les intitulés mêmes des écrits de G. Abraham d’une part, et de même, remontons l’esprit qui prévalait dans ce fil du temps, à l’époque héroïque de la Salpétrière. Dans la gestation laborieuse de cette « Hystérie cet enfant magnifique de la psychanalyse » dans ce titre à la symbolique si transcendante de l’ouvrage de D. Nasio.
Cet auteur Nasio, qui d’ailleurs, fut ce même protagoniste à la défense de la psychanalyse, confronté aux occurrences dilatoires de ce Jean Cottraux, détracteur civil, lors d’une émission sur ce même sujet, qui les opposait récemment à France Culture. Entre d’une part, la conception psychanalytique Freudienne et son entité basique qu’est l’inconscient, et d’autre part les courants anglo-saxons d’une psychologie cognitive et comportementale à la lumière en trompe l’œil du courant moderne des neuro-sciences.
De ce fait plus qu’évident, qu’à l’époque, ces grands acteurs étaient en situation de sidération , et dans tous leurs états, durement éprouvés dans leurs affects, face à ce spectacle d’exhibition dans ces interludes du mardi à la Salpétrière. Etaient donc, en présence sur cette scène de la folie des hystériques, Charcot, Bernheim, Babinski, Janet, Breuer tant d’autres et surtout Freud, au comportement très sensitif dans le débordement de ses humeurs thymiques. Et de même, la cohorte de journalistes spécialement convoqués par la presse pour affréter de leurs témoignages, le bons soin administré aux hystériques, était là, présents eux aussi, dans ce parterre, pour jouer, déjà à l’époque, les grands trublions démiurgiques.
Qu’ainsi, par le fait très vraisemblable, que ces illustres savants entretenaient entre eux, comme cela va de soi, les relations les plus ambiguës du monde : de maître à élève, de jalousie fraternelle , d’identification héroïque, de haine destructrice, d’esclave à maître. Le sujet qui les réunissait et les opposait n’y était peut-être pas pour rien.
Le moment est sans doute plus que jamais venu, avec l’occurrence de cette situation évènementielle de l’actualité, de réaffirmer, contrairement au « psychiatriquement correct » , à la pensée unique et à la langue de bois que si la psychanalyse est, pour partie, née de l’hystérie, celle-ci ne représente en aucune façon une catégorie crée par la psychanalyse et ne se justifierait que par elle : l’hystérie est déjà présente chez Eve et Adam et, je le gage, se perpétuera tant qu’il y aura des hommes et des femmes.
Une certaine clarté se porte donc mieux à relativiser ce scandale médiatique, à la lumière de ces propos relevés dans la préface de cet ouvrage en question sur l’hystérie, propos cités par Sztulman Professeur de psychopathologie à Toulouse lui aussi. Ce qui nous indique mieux à présent, une plus sereine réalité, face au regard médiatique dans ses éclats et le tapage d’un tel esclandre, qui s’autorisait dans sa semonce, à qualifier tout aussi bien, Freud de « crapulerie hypocrite ». – j’amplifie le ton mais non pas le fond de cette dénonciation - Car enfin, quoi de plus naturel que ces dissensions d’humeurs, confrontations heurtées dans le dévolu de ces d’esprits, en pleine effervescence d’équivoques tatillonnes à l’époque de Charcot et de la Salpétrière.
N’est-ce pas dans cet effet heurté de la friction, celui du silex de nos synapses et de nos neurones, qui génère l’étincelle jaillissante dans les éclairs des échanges et de la recherche, que s’impose les grandes découvertes. Surtout dans ce contexte sulfureux de l’ hystérie. La gestation laborieuse, dans ces feux de l’entendement, dans les affres de l’accouchement, chez l’être humain, dans la coercition et la coopération des individus ; quoi de plus naturel en somme que ces affrontements sur le plan narcissique, dans l’adversité la plus naturelle.
Je tiens à rappeler quand même ma dette à l’auteur de l’ouvrage sur « L’Hystérie aujourd’hui » qui dans ma contribution et la filiation de mon propos se noue à cette autre source très féconde, qui est rapportée sur la nature et la controverse de ces « Personnalités Multiples ».
En effet, personnellement lors d’une première lecture, j’étais dans mes a priori, tout d’abord séduit par les manifestations spectaculaires dans ces questions de l’hystérie, par l’accent de ces bouffées délirantes aiguës soulevées dans ces accès d’histrionisme.
En effet, jusque là, j’ai toujours été très sensible au discours commun des hommes en général, rapporté ici et là, en maintes circonstances, ainsi que ces exercices langagiers qui s’y rapportaient à l’occasion de rencontres fortuites. De même, que ce langage des attitudes dans ses expressions symptomatiques, m’ont toujours paru être le meilleur index de cette philosophie naturelle.
Ce que semblait tout expressément bien structurer le propos clairvoyant, scrupuleusement étayé par tant et tant d’arguments et références très bien fouillés, la trame du discours, dans cet ouvrage sur l’hystérie en question. Le tout enrobé dans un style élégant et cependant rigoureux. C’est ainsi, ce qui de prime abord, me paraissait entamer le problème très spécifique de l’hystérie dans sa clinique et sa thérapie, dans ces entrevues d’une approche historiographique, se révéla, par la suite, au fil de ma lecture, de fait plus riche de connaissances, ce qui conforta de même, ma curiosité et ma quête. Puis de cesse, mon attention se focalisa sur les éléments constitutifs de cette approche, là où se fonde soudain, la magie d’une représentation, dans ces couches profondes d’un imaginaire qui couve, sous les effets d’une curiosité en éveil permanent, qui nous édifie enfin, dans ce miracle des rapprochements inouïs qu’ont se fait à soi-même.
Bien sûr, ce contexte médiatique et ce décor d’occurrences fortuites, me furent très propices dans cette réalité, qui se transfigurait au fur et à mesure à mes yeux. Celles plus propices à féconder ce germe d’une acculturation propre, et qui se nourrit de ce terreau propice aux événements suscités par l’actualité.
C’est ainsi que je finis par tomber en arrêt devant cette rubrique, celle des « Personnalités Multiples », ce miracle de facticités dans l’expression d’une clinique naturelle, qui illustre remarquablement ce spectre des troubles de la mémoire et de la conscience. Aussi, dans ce lumineux algorithme où ces deux facteurs paraissant antagonistes, s’enchaînent enfin, comme par miracle, dans l’esprit, tout en se relayant et s’intriquant mutuellement dans ce module compréhensif, de façon remarquablement congruente dans une belle dialectique.
Aussi, d’emblée je fus emballé par ces notions qui me paraissaient soulever une lame de fond abyssale et vertigineuse, sur bien des aspects de l’hystérie d’une part, mais aussi qui soulevait la question plus globale des troubles perceptifs et de l’aliénation, de l’entendement d’autre part.
Désormais, curieux et mobilisé dans mon attention vigilante, sur ces deux articulations à l’origine du savoir que sont la perception et la conscience, qui déjà historiquement à l’époque de ces grands découvreurs de la Salpétrière opposaient farouchement les tenants de l’inconscient aveugle, et ceux partisans d’une conscience simplement occultée.
Comme vecteur déterminant de ces phénomènes de troubles psychogènes et, notamment Janet, qui de son côté, revendiquait la pleine capacité d’une « conscience inconsciente » furtive passagère ou, définitive – personnalité multiple – qu’il baptisait du vocable de subconscient.
D’ailleurs, il a été maintes fois avéré depuis, que de grands maîtres de la pensée philosophique , Sartre, Alain pour ne citer qu’eux, n’admettaient pas de plein grée, et n’ont de fait jamais adhéré à ce courant freudien d’inconscient. Sartre, parlant lui, plutôt de mauvaise Foi. La Fontaine très cocasse qualifiant de son côté ce « tempérament matois » dans ses fables sur les animaux, les grecs eux, déjà invoquaient le terme de « métis – cette malice de l’intelligence. Dans ce jeu délicat de la conscience et de la réminiscence, de la mémoire et de l’oubli, lequel s’effectue sur le mode parfois ludique, de ces effets de miroir. Lesquels se télescopent à distance leurs rayons de lumière, engageant ou démobilisant une volonté plus ou moins capricieuse, plus ou moins affirmée, soit délibérée ou plus assourdie, plus souvent caractérielle, étouffée parfois, plus ou moins sciemment bâillonnée, dans le manifeste de ce besoin naturel, si impérieux, de se soulager, dans un réflexe d’apaisement, celui en marque d’une réaction, pour conduire une forme d’homéostasie intrapsychique, par trop malmenée lors de contingences existentielles parasites.
C’est ainsi, que dans la complexité de toutes ces alternatives délicates à définir, une grande réserve de pronostic nous rend nécessairement prudents, à interpréter ces termes d’inconscient, de préconscient et de subconscient trop littéralement, dans leur identité radicale.
Je n’insisterais pas davantage sur l’évidence du spectre plus large soulevé par cette problématique succinctement abordée, concernant les prolongements conséquents, d’importance indiscutable, sur les variations incidentes dans ces troubles psychiques du stress post-traumatique et des imagos enkystées, qui perdurent subreptices et ressurgissent à l’impromptu, dans le décours d’une humeur labile et versatile, perturbée, et trop contenue jusque là.
Mais la question reste posée et donc par le fait ouverte à la discussion.
En effet, ce qui m’apparaît important dans ce hiatus de la mémoire et de la conscience, c'est la dialectique qui interfère dans cette adéquation, ce qui traduit très nécessairement sur un plan d’approche, certes d’une évanescence vaguement structurelle, et qui reste à ce jour, encore indéfinie, d’arriver enfin à aborder sur différents plans d’attaque, la structure à inventer. « Equation de la conscience et de la mémoire » - « Equation de l’objet trouvé » chère à André Breton, dans ce courant surréaliste qui ouvre à l’interrogation moderne bien des pistes insoupçonnées encore. Ecriture Automatique disiez-vous alors ? par quel mystérieux courant rationnel, ce passage pourrait-il nous conduire à cet« Automatisme psychologique » dont parle Janet .
Mystère qui reste à découvrir, entité à inventer et qui trouveraient peut-être, son terrain de prédilection dans le trouble de ces états hypnoïdes, l’expression de ces transes chamaniques, ou tout simplement celle précédant le sommeil, dans ce crépuscule d’une conscience assoupie ? Pierre Janet cet auteur si innovant, souleva bien de curieuses questions, pleines de sens potentiellement induit, comme le filon rare d’un minerai toujours brut, pas exploité, ce que n’apportèrent pas toujours, hélas, les réponses d’une théorie psychanalytique très auto-spéculative à certains égards.
D’ailleurs, dans ce passage que je relève sur l’ouvrage de l’hystérie, il est dit que les troubles dissociatifs pourraient trouver le terrain clinique de la conciliation et même de la réconciliation, entre la théorie traumatique et la théorie du conflit interne, entre Janet et Freud. Je pense en effet, comme le soulignent si bien ces deux auteurs Allen et Smith, que si Freud et Janet avaient collaboré afin de mieux appréhender l’essence de cette entité, au lieu de polémiquer sur l’expression d’un sens ambigu, nous n’en serions pas rendu pas où nous en sommes, dans cette spéculation. Car de fait, presque identiques, ces sens qui se jouent davantage, en gradations d’intensité, beaucoup plus qu’antagonistes, dans ces termes – inconscient –subconscient- , auraient sous une connotation déjà, à l’évidence d’une communauté intrinsèque de sens, pris une acception moins équivoque, et limitée, comme ce terme en est réduit dans ces deux appellations verbales.
Les données, les résultats qui auraient pu en découler, se pouvaient traduire sous des aspects tellement plus fructueux, l’intelligibilité, dans ce propos de la psychanalyse, récemment encore si controversée. Car consécutivement à cette fatale éventualité, bien d’autres questions pertinentes restées encore trop sourdes à notre entendement eussent alors, pu être élucidées. De ce fait, ces troubles psychiques dissociatifs couvrent encore de nos jours, un spectre très large d’expérience et restent encore pour les chercheurs une question à creuser.
Sans aucun doute, un trésor de savoir reste encore enfoui, la pioche des idées reste encore à fouir ce terrain mystérieux de l’entendement, pour parodier trivialement encore une fois, ce surprenant La Fontaine, dans la fable plein de bon sens du « Laboureur et ses enfants ».
Ce commentaire personnel encore très balbutiant, auquel je me livre, me donne à rêver et à supputer dans l’imaginaire, les richesses très profuses et si fructueuses de cette problématique, qui s’appréhende certes d’une essence si subtile qu’elle paraît difficilement spécularisable pour qui saurait l’entendre. Aussi plus sagement, je me contenterais de retranscrire le paragraphe in extenso relatif à ces « troubles dissociatifs » qui n’ont pas dit leur dernier mot et dont parle si bien, cet ouvrage sur l’hystérie. Ceci afin de mieux étayer dans le calque de cette transcription, ces références si explicites, et cet argumentaire d’appoint auquel je me réfère, celui judicieusement rapporté par le soin de son auteur émérite Michel Escande.
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Ces troubles sont essentiellement représentés par l’amnésie psychogène, la fugue psychogène, le trouble « transe », les troubles dissociatifs de l’identité (ou personnalité multiple). Ce sont ces troubles complexes, passagers (fugue, amnésie, transe) ou durables (personnalité multiple), impliquant dans leur génèse l’altération de plusieurs dimensions du fonctionnement psychique : la conscience de soi , la mémoire de soi, la mémoire procédurale, la personnalité, les processus de perception , d’intégration et d’organisation de la vie affective et cognitive (Kaplan, Spiegel). Il n’est pas du tout exclu que l’origine de ces troubles soit en relation avec un conflit pulsionnel inconscient , mais leur expression clinique met en jeu en premier lieu les processus de conscience, de mémorisation et l’identité personnelle. G. Abraham argumente bien l’importance pour l’homéostasie et l’équilibre psychique de la dialectique entre la mémoire et l’oubli.
S’il est difficile de suivre Janet et actuellement le DSM IV (courant américain) dans une conception qui confond conscience et personnalité d’une part, laisse dans l’ombre le rôle actif des forces inconscientes d’autre part, force est de reconnaître le primat des processus de conscience dans la constitution des troubles , comme le souligne Amarilli. La « conscience inconsciente « selon le terme de Prévost n’est pas synonyme de l’inconscient au sens freudien. Le subconscient de Janet n’a rien à voir avec l’inconscient et le préconscient de Freud. Il n’est en définitive qu’un fonctionnement conscient auquel il manque la conscience de soi.
Ce détour par l’historique se justifie par l’influence des idées de Janet sur la clinique psychiatrique américaine et le DSM ainsi que la CIM-1O – classement international des maladies mentales - Pour Janet, au même titre que pour Freud au tout début, une relation doit exister entre cette pathologie non voulue par la conscience et les phénomènes de suggestion hypnoïde et le somnambulisme. Ce point de vue permet de comprendre qu’aujourd’hui encore les limites entre les formes pathologiques et les modifications subnormales des activités de conscience, notamment dans certains contextes ou sous l’effet de procédés comme l’hypnose, ne sont pas nettement tranchées ( Kaplan)
Depuis le DSM III deux types d’études ont permis une connaissance plus complète et plus riche de ces troubles, les premières consacrées à la construction d’échelles évaluant les expériences dissociatives notamment les limites entre le niveau de normalité et de pathologie, les deuxièmes consacrées aux relations existant entre ces troubles et les expériences traumatiques (catastrophes naturelles, agressions physiques et sexuelles de l’enfance, guerre etc..).
Ces troubles constituent, au même titre que « le trouble stress post-traumatique, un bon exemple de l’impact très étendu dans le temps et dans l’intensité de certains souvenirs réels négatifs sur la vie psychique consciente. G. Abraham parle de « l’impossible » oubli d’un souvenir-image ou d’un souvenir-expérience comme l’expérience traumatique.
Les troubles dissociatifs pourraient constituer le terrain clinique de la conciliation et même de la réconciliation entre la théorie traumatique et la théorie du conflit interne, entre Janet et Freud. Car consécutivement à cette hypothétique éventualité, bien d’autres questions conjointes restées sourdes encore aujourd’hui dans ce spectre très large des troubles psychiques, eussent pu déboucher sur des aspects plus progrédients et concrets.
En tout cas la dissociation est conçue aujourd’hui comme un processus de défense destiné à exclure un des contenus incompatibles de la conscience,
de fait induite par ces effets contingents perturbateurs et dérangeants.
Pour Allen et Smith, le trouble dissociatif implique même une compétence ou disposition défensive personnelle mise en jeu. Tout ça dans certains contextes, pas nécessairement traumatiques- mais parfois très opportuns car restaurant un mode d’être trop décompensé tel est mon humble avis.
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