institut européen psychanalyse et travail social  
   N° de déclaration: 91.34.04490.34   
Lettre info

Partage Facebook
Partagez votre amour pour psychasoc avec vos amis !

REZO Travail Social
Connexion au REZO Travail Social

Musique
Lecteur de musique

Livres numériques

Textes > fiche texte

L’estime de soi

Suggérer à un ami Version imprimable Réagir au texte

Jean-Luc Viudes

dimanche 28 décembre 2003

" L’estime de soi est la conscience de la valeur personnelle qu’on se reconnaît dans différents domaines. C’est un ensemble d’attitudes et de croyances qui nous permettent de faire face au monde. "

Robert W. Reasoner

L’estime de soi est cuisinée à toutes les sauces. Une sauce grasse qui fait le beurre et l’argent du beurre des stages de développement personnel. Dans le secteur éducatif, c’est une sauce qui est souvent réduite à l’autre. Celui qui manque « d’estime de soi » est souvent cet autre. Pour Lemay, la privation de milieu familial « normal », notamment celle d’une image maternelle satisfaisante, entraîne, des conséquences qui peuvent être fort dommageables pour le développement d’un être humain et retentir, à travers son enfance et son adolescence jusqu’à dans la vie adulte. L’estime de soi joue un rôle important dans de nombreuses dimensions de notre vie. Même si elle n’explique pas tout, elle justifie grand nombre de nos réactions, motivations, décisions ou actions. L’amour reçu au cours des premières années de la vie prend une place importante dans l’édification de l’estime de soi. L’idée plus ou moins avouée que nous nous faisons de nous-même détermine à l’évidence nos manières d’être.

En évitant cette fois-ci de causer « sur » l’autre » que l’on étiquette à tort ou à raison un pauvre de l’estime de soi, il est intéressant de se questionner sur un possible lien estime de soi de l’éducateur / travail d’équipe. On dit souvent des équipes qu’elles sont pathologiques, fatiguées, à bout de souffle. (Au point d’oublier que l’on est un membre de l’équipe.) Les origines sont multiples. De la prise en charge d’un public « difficile » à l’épuisement professionnel la liste est longue. La cause peut être institutionnelle mais également individuelle.

L’éducateur parle souvent d’éthique de travail mais un sujet éthique qu’il ne soulève pas fréquemment c’est sa responsabilité dans cette équipe qui souffle et s’essouffle. Si chacun regardait ce qui l’agite et le motive dans cette relation professionnelle (pas tant que ça peut être) à l’autre, il verrait certains indicateurs qui ne sont observables que par lui. Personne d’autre sauf moi-même, ne peut savoir pourquoi je me suis senti agressé, dévalorisé, rejeté, etc… Robert Reasoner propose quelques indicateurs d’une faible estime de soi. On y retrouve la susceptibilité, la sensibilité au rejet et à la critique, la faculté à critiquer ou à faire des reproches, la plainte, l’attitude consistant à répéter que ce n’est pas de ma faute ou bien à chercher un coupable, l’impression de ne pas être aimé, le besoin excessif d’attention et d’approbation, l’incapacité à recevoir (compliments), le dévouement excessif, le mépris, l’agressivité, la fuite…. Cette liste donne le tournis et le sentiment que l’on est tous concerné à un moment ou un autre (avec plus ou moins d’intensité) par ces indicateurs. Le pire n’est pas de se retrouver « lister » mais de refuser d’être nominer. (mots à la mode) Il est très difficile d’aller voir un collègue et de lui dire que l’on a mal digéré qu’il intervienne sur son groupe trop bruyant à table, d’être blesser que sa sanction soit levée sans son autorisation…. Il y a des blessures qui restent actives des années où vont se ranger côte à côte au fil du temps, les partisans et les opposants. Ce n’est plus la guerre du feu (quoi que…) mais le guerre des clans. Une agent de service mutée depuis quinze ans sur un poste d’éducatrice m’a dit un jour : le pire ici, c’est la rivalité entre éducateurs surtout chez les éducateurs spécialisés. Il faut toujours qu’il garde dignité et certitude. Droit dans ses bottes. La rigidité est d’ailleurs un indicateur à ne pas oublier dans cette liste à rallonge. Comme à la Croix Rouge, heureusement, il y a les gestes (ou la parole) qui sauvent : L’analyse de la pratique professionnelle et également le personnel technique qui aident souvent à nous montrer que le nez est plus dans le guidon que sur la figure, tout cela pour éviter de perdre la sienne. Pour minimiser mes propos, je dirais qu’il ne faut évidemment pas généraliser mais que l’éthique de l’éducateur ne doit pas être en toc avec des bonnes intentions qui soulage le cœur et l’esprit.

Thierry Melchior, psychologue belge a une vision de l’estime de soi que je trouve intéressante. Il dit de l’estime de soi (qui n’est finalement jamais assez suffisante) qu’elle est une notion relativement dangereuse dans la mesure où elle pourrait inciter à penser que pour nous sentir bien, nous aurions intérêt à nous mettre sur une sorte de piédestal. Rien de plus périlleux qu’un piédestal : ce n’est pas facile d’y grimper et l’on risque toujours d’en choir. Thierry Melchior pense qu’il n’est pas nécessaire ni même souhaitable d’avoir de « l’estime de soi ». Il suffit d’avoir suffisamment de bienveillance vis-à-vis de soi et surtout de s’être suffisamment débarrassé du poison de la comparaison.

Chacun peut émettre son hypothèse sur la difficulté de travailler en équipe mais la complexité de la tâche à accomplir ne doit pas faire oublier que cette hypothèse parle de l’éducateur mais inévitablement de l’individu qui est derrière. Dans une profession où nous sommes nous-même notre propre outil, comment peut-on arriver encore à se faire croire que l’on peut entre l’un et l’autre dresser un mur étanche ?

Commentaires

Vous n'êtes pas autorisé à créer des commentaires.

rss  | xhtml

Copyright © par PSYCHASOC
n° de déclaration : 91.34.04490.34

— site web réalisé par Easy Forma