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INTERPRETATION ET VERITE

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Maurice Castello

samedi 20 août 2011

INTERPRETATION ET VERITE .

« L'Homme dispose de la Raison,

mais est guidé par ses Sentiments »

(Jean-Jacques Rousseau).

De la Raison avisée au Senti(ment) averti se déroule le tapis rouge de la conscience humaine dans sa version Oulipo. .

Evoquant Platon dans l'Ion citant le rhapsode, le sage Montaigne ne disait-il pas : « Nous sommes tous les interprètes d'une interprétation et il y a plus affaire à interpréter les interprétations qu'à interpréter les choses; » ? Les latins plus réalistes disent : « Traduttore traditore »

Tout état de conscience d'une « Raison  avisée » est le procès d'une discrimination qui se développe sous la loi de l'empire exclusif d' une relativité, en règle inscrite sous le rapport d'une perspective caractérisée. Mais le réalisme pragmatique de notre réflexion, se fiant lui plus résolument au sentiment émergeant, se réclame plus « averti » dans ses dénégations pâtissantes. Admettons toutefois, que l'étude qui caractérise la démarche initiale de tout état de conscience d'un acte (idée ou sentiment), résulte d'un conflit, d'un trouble que traduit une polarisation psychique où transparaît derrière un processus organique subconscient de pensées immanentes de sensations plus ou moins dérobées, le phénomène d'un tropisme machinal qui nous plonge dans la fascination d'autres perceptions fictives toutes prêtes à jeter le trouble dans notre esprit, sous les effets de contrastes simultanés ou alternatifs. En effet, à côté des souvenirs réels paraît et s'accroît un système d'associations adverses, et par l'entraînement d'un vertige étrange, l'humeur comme traversée, divisée, déchirée par ces luttes intestines, l'on arrive alors malgré soi, à dire le contraire de ce que l'on pensait. C'est ainsi donc, que le principe même régissant la tendance de nos affinités électives, dans ce mode d'inclinaison d'une pente naturelle très encline à satisfaire nos désirs intimes, notre Esprit, se porte par facilité, dans l'option minimaliste et le regain d'une subjectivité dans sa fascination d'amour propre. Fût-elle mensonge?, néanmoins elle pourvoie ce faisant fort opinément, au confort d'un quant à soi par trop en souffrance d'être. Et de fait, par compensation subséquente, l'expresion ainsi vouée, se donne invariablement aux accents d'une emphatique prouesse. Et, sous la contrainte des virtualités primitives urticantes, celles mêmes de l'essence de sa foncière légitimité atavique, le tempérament se guinde alors d'artifices en ressource d'une nécessité primordiale, au préalable d'un viatique, d'une raison d'être indispensable. La faculté d'une attitude régente et décente, se posant ainsi résolue et opiniâtre. Tout azimut posté à l'Orient de nos raisons d'un mieux être, dans ce manifeste trop flagrant d' un Humain trop humain en phase critique d'un paraître soucieux. de soi.

C'est ainsi que nous pourrions énoncer que toute vérité se pèse au trébuchet de notre raison propre dans l'équilibre intangible et donc indéfinissable de la tare de notre sensibilité humaine ; celle d'une matrice de la subjectivité originelle, et pourraît-on dire de même, d'un mensonge ingénu, dans ce climat d'une candide innocence, celle d'une insouciance aux accents d'une guise aux caprices très naturels en somme. Cocteau, se jouant d'un dicton dans la gamme d'une note spirituelle ne disait-il pas : «  rien n'est plus vrai que le mensonge ! »

Dans l'approche plus spécifique de l'Herméneutique, se positionnant pour interpréter nos impressions d'un point de vue plus ancré en regard de perspectives situées.

Aussi, Faisons état des Vérites relatives en mesure ajustée et pour ainsi dire express, inscrites dans la portée avérée de la raison invoquée.

I

Les Visages de l'Universalité de l'Herméneutique.

Si l'herméneutique représente la koinè de notre temps, elle offre un visage plus contrasté qu'on ne le croit souvent. En tant que philosophie, l'herméneutique prétend mettre le doigt sur une composante universelle de notre expérience du monde, mais cette universalité peut être comprise de manière très différente. On peut le montrer en partant de l'adage le plus élémentaire pour exprimer cette universalité : « Tout est affaire d'interprétation. » Les différents sens que l'on peut reconnaître à cette formule peuvent être associés aux grandes représentants de l'herméneutique, mais aussi aux « herméneutes anonymes », qui défendent cette thèse mais sans se réclamer eux-mêmes de la tradition herméneutiqure. On verra que chacune de ces interprétations a des conséquences pour la conception de la vérité.

1/- La formule « tout est affaire d'interprétation » peut d'abord se lire en un sens nietzschéen celui d'un perspectivisme de la volonté de puissance, idée qu'avaient certainement anticipé les sophistes du temps de Platon : « il n'y a pas de faits, il n'y a

que des interprétaions. » :  Dans un tel contexte, il n'y a pas vraiment de vérité, au sens d'adéquation à la chose , la vérité n'étant, ajoute méchamment Nietzsche, que « cette espèce d'erreur sans laquelle une espèce d'êtres bien déterminés ne pourrait pas vivre ». Ce que l'on tient pour la vérité n'est qu'une perspective, parmi d'autres, secrètement dictée par une volonté de puissance qui cherche à s'imposer. La difficulté de cette théorie perspectiviste est qu'il y a bel et bien des faits, des erreurs et des aberrations. C'est un fait, et non une interprétation, que de dire que Paris (et non Marseille) est la capitale de la France, qu'une molécule d'eau se compose d'une atome d'oxygène et de deux (et non pas trois) atomes d'hydrogènes et que je ne suis jamais allé sur Pluton.

2/- Le perspectivisme peut être compris en un sens plus épistémologique  : la thèse veut alors dire qu'il n'y a pas de connaissance du monde sans schème préalable, sans « paradigme » d'interprétation (selon la thèse de Thomas Kuhn dans la structure des révolutions scientifiques ). D'après Kuhn, toute science opère sur la base de représentations générales du monde qui découpent un cadre d'intelligibilité et de cohérence à l'intérieur duquel on peut distinguer la vérité de la fausseté. Mais ce cadre est lui même variable et sujet à des révolutions scientifiques qui viennent bouleverser les paramètres reçus. Un paradigme réussit alors à en détrôner un autre. La vérité est ici

envisageable, mais dépend d'un paradigme donné (la question de la vérité des paradigmes eux-mêmes faisant l'objet de discussions en épistémologie).

3/- La thèse « tout est interprétation » peut recevoir un sens plus généralement historique  : toute interprétation est fille de son temps. Cette vision correspond à ce que l'on peut appeler l'historicisme. C'est lui que l'herméneutique classique et méthodologique (Dilthey) cherchait le plus souvent à contenir, mais que le relativisme postmoderne salue souvent comme une libération : il nous délivrerait de la conception de la vérité comme adéquation, la vérité n'étant plus qu'une « perspective utile ». En régime historiciste, la vérité reste possible, mais interpréter en vérité un phénomène veut dire qu'on le comprend à partir de son contexte. Une vérité non contextuelle paraît exclue.

4/- L'adage peut s'entendre d'une manière plus idéologique  : il signifie alors que toute vision du monde serait guidée par des intérêts plus ou moins avoués. On pensera ici à Marx, Freud, à la critique des idéologies et tous ceux que Ricoeur appelle les maîtres du soupçon. Cette suspicion donne naissance à une herméneutique des profondeurs qui élève une très forte prétention de vérité, mais qui reste un peu idéale, sinon eschatologique : non seulement demeure-t-elle l'apanage du théoricien (initié, lui, à la vérité dernière des phénomènes), mais son « objet » ne sera en mesure de la connaître pleinement que lorsqu'il sera délivré de l'idéologie qui actuellement sa conscience. C'est

II

cette vérité idéale que le théoricien anticipe lorsqu'il critique l'état existant d'une société ou d'une conscience. Ce sont là des formes tout à fait actuelles et pertinentes de l'ubiquité herméneutique, mais les principaux représentants de la tradition herméneutique ont défendu des conceptions plus ciblées de cette universalité :

5/ - Pour Heidegger, l'universalité de l'herméneutique comporte surtout un sens existential  : étant une interrogation pour lui-même, est d'emblée un être voué à l'interprétation. Il a besoin d'interpréter et vit dès toujours au sein d'interprétations mais qu'il peut néanmoins élucider. Cette dramatisation un peu augustinienne de l'herméneutique en fait une philosophie universelle de la « facticité » humaine qui vise à tirer celle-ci de l'oubli de soi dans lequel elle s'abîme si volontiers.

Ici, la vérité-correspondance est certainement préservée. Heidegger souligne d'ailleurs que la tâche première de l'interrogation est d'élaborer ses projets de compréhension à même les choses elles-mêmes. Mais cela veut dire qu'il est possible d'esquisser des projets qui soient conformes à ce que peut être l'existence lorsqu'elle s'assume elle-même. S'il faut détruire les « mauvaises » interprétations, celles qui sont inadéquates ou recouvrantes parce qu'elles nous éloignent de notre finitude, c'est donc à l'aune d'un idéal d'authenticité. 

6/- Pour un auteur comme Gadamer, comme bien d'autres, l'universalité de l'herméneutique doit surtout être entendue en un sens langagier  : toute interprétation, tout rapport au monde, présuppose l'élément du langage, l'accomplissement et l'objet de la compréhension étant nécessairement langagiers. Dans cet univers, la vérité-correspondance est aussi possible, mais il s'agit toujours d'une adéquation au langage des choses elles-mêmes. Il est ainsi possible de réviser nos interprétations en les confrontant à ce que disent les choses elles-mêmes, donc à leur langage. Cette façon de parler est moins curieuse qu'il n'y paraît. Si l'on veut dire que la thèse selon laquelle « le soleil tourne autour de la terre » est fausse , c'est qu'elle vient réfuter ce que « dit » le réel lui-même, son « évidence ». Ainsi, une conception scientifique ou philosophique peut toujours être réfutée par une compréhension plus adéquate qui en appelle au langage du réel lui-même, à l'évidence des choses, même si celle-ci n'apparaît qu'à travers le langage. Ce langage est d'abord pour Gadamer celui des choses elles-mêmes avant d'être celui de notre esprit lequel le reçoit plutôt des choses ; Cette conception de l'universalité du langage n'est pas la seule qui soit défendue en herméneutique.

7/- La thèse la plus répandue est sans doute celle qui va dans le sens postmoderne (et très moderne en l'occurrence), qui soit plutôt dans le langage une « mise en forme », du « réel », schématisation qui rendrait caduque l'idée même d'une réalité à laquelle nos interprétations pourraient être dites conformes (la réalité étant elle-même « constituée » par nos interprétations). Cette thèse postmoderne s'autorise volontiers des sens perspectiviste, cognitif, historique, idéologique, existential et langagier que nous venons de distinguer, et à chaque fois pour contester l'idée jugée chimérique d'une adéquation au réel. On peut associer cette herméneutique au perspectivisme de la volonté de puissance évoqué plus haut, mais la penséepostmoderne se distingue par son idée selon laquelle le sens serait circonscrit par un cadre interprétatif englobant, plus ou moins rigide, qui provient tantôt de l'histoire de la « métaphysique » (Derrida), tantôt de l' espitémè générale d'une époque (Foucault) , tantôt de l'histoire de la tradition (Vattimo) ou du cadre d'utilité générale qui détermine notre culture (Rorty). Ici non plus, il n'y a pas d'adéquation, sinon au sein d'un cadre donné, mais l'effacement de toute référence extralinguistique rend possible une nouvelle tolérance vis-à-vis de la pluralité des interprétations. Si cette charité est assez louable, la dissolution de la notion de vérité s'avère singulièrement fatale à cette conception de l'herméneutique : pourquoi cette théorie serait-elle plus vraie qu'une autre ?

III

Or, si l'herméneutique est vraiment universelle, c'est d'abord parce que nous sommes des êtres qui vivent d'emblée dans l'élément insurpassable du sens, d'un sens que nous nous efforçons de comprendre et que nous présupposons dès lors nécessairement. Mais ce sens est toujours le sens même des choses elles-mêmes, de ce qu'elles veulent dire, un sens qui dépasse assurément nos pauvres interprétations et l'horizon limité, mais, Dieu merci, toujours extensible de notre langage.

Aussi osons de facto la guise d'une oraison résolue, comme la pure méditation transcendantale d'un recueil à finalité d'une dialectique supra-sensible , restreinte toutefois à une délibération volontaire et résignée. Celle d'une intime et sublime résilience existentiale, en pleine conscience d'une charité en raison ordonnée, d'un exclusif en soi, en admettant malgré tout que :

Dans le Concept fondamental d'une évidence universelle

« Une conscience finie ne sera jamais maîtresse de toutes ses déterminations » - C'est que le travail de l'Histoire continue de déterminer notre conscience par-delà la conscience que nous en avons. Or notons toutefois, que la fortune d'une note heureuse se donne néanmoins dans le juste écho de cet écueil si résiduel de mortification éprouvante. A savoir que : c'est lors, précisément : dans cette écriture et cet avenant incessant, d'une actualité sans cesse différée – au sens derridien de ce concept dans « l' Ecriture et la différance », que la reconnaissance de sa finitude essentielle,

- dont ce cliché d'un procès instantané de la conscience -, est ce même constat rassurant, qui nécessairement, amènera cette même conscience à s'ouvrir de plus à l'altérité vers de nouvelles expériences, vers les augures inédits de providentielles espérances. Ainsi donc, dans cet effet pygmalion, dans cette substance qui tout en puisant paradoxalement ses nutriments au noyau même de ce cœur mythique, celui des origines qui, bien qu' inéluctablement dérobées, se subsument néanmoins dans l'éther transfiguré d'une sourde intuition. Dans l'émergence et la divination spectrale d'une omni-présence labile et fugace qui, depuis une absence recouverte par la durée pérenne, sont pour ainsi dire rendues obsolètes. C'est lors comme indélébiles que surgissent ces êtres contingents d'un vécu antérieur qui, en mystère d'instance apocryphe et indéchiffrable, demeurent gisants latents et comme en gésine d'une récurrence permanente, au tréfonds de notre Être cosmique. .

MOMO

Dans l'humeur d'une inspiration en miroir de lecture soutenue, sur le propos d'une perspective centrale de l'Essence même de l'Interprétation, en relais d'un pôle sensible vers celui de l'intelligible, ce caractère des fondements mêmes de toute réflexion qui nous révèle le cœur vivant du questionnement philosophique.

Références : que Sais-je n° 1758 d'après Jean Grondin de l'Université de Montréal

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