mercredi 18 avril 2007
La clinique ne se porte pas très bien. Elle parle moins aux personnes, elle occupe un strapontin dans bien des institutions. C´est en tout cas ce qu´on entend de nombreux professionnels. Mais plus généralement, qu´est ce qui parle, aujourd´hui ? Qu´est ce qui s´écoute ? Certainement plus les discours issus des grandes vérités révélées, quoique leur retour brusque et violent se produise parfois, moins ici qu´ailleurs, mais ça peut changer. Qu´ils soient moins présents est un bien.
Il y a bien eu, lors de cette dernière campagne pour les présidentielles quelques essais pour mettre en exergue quelques valeurs différenciatrices, mais leur mode de communication, en slogan évidé de tout développement, et qui ne livrera aucun développement ultérieur, leur mode de communication, leur forme et leur contenu disent expressément non à ce qu´ils prétendent promulguer. Ainsi, parler de la valeur travail sans qu´il ne s´en dise rien de son effectivité, son application et son objectif de production mais également de mode du faire ensemble, n´a aucun sens. Donc, si aux grandes vérités sont préférées des petites plus percutantes, plus séduisantes, plus rapides à assimiler et à oublier, n´y a-t-il pas quelque chose de l´ordre d´un devoir, au risque d´une apparente obsolescence, à revenir et à affirmer le souci de la culture, dans sa lourdeur même, dans sa légèreté parfois, mais dans sa lourdeur aussi, dans sa finesse sûrement, mais dans son épaisseur, si possible. N´y a-t-il pas une responsabilité générationnelle, quitte à être le vieux c...de service, ce qui a au moins le mérite de différencier des âges, à rappeler que souvent l´essentiel est imprévu, que l´histoire et le temps nous l´ont enseigné, mais que nous serons peut-être plus à même de l´affronter, si justement nous ne liquidons pas trop rapidement ce dépôt nauséeux à la techno science qui a aussi pour nom littérature, psychanalyse, culture, le pourquoi des choses et non plus seulement le comment. Ce qui a aussi pour nom, souffrance, pénibilité, parfois jouissance, ou plaisir, enfin tout un rayonnage de l´excès qui tend à être étêté, comme dans les techniques de compression du son. Petite parenthèse technique, un disque analogique reproduit un événement analogiquement à ce qui a été produit, c´est en quelque sorte plus en lien avec la réalité de ce qui a été l´événement sonore, tout comme la photo argentique garde bien, comme le disait Barthes dans la chambre claire, quelque chose de l´événement lumineux, la trace de cet événement là lorsqu´il s´est produit et a réagi chimiquement pour imprégner la pellicule.
Que ce soit en photo ou en musique ; l´avènement du numérique offre théoriquement plus de grave et d´aigu, mais il y aura forcément des événements sonores jugés non pertinents qui ne seront pas gardés. On garde ou on jette ? Travail de tri préalable à tout désir d´efficace.
Pour poursuivre mon analogie brinquebalante mais dont tout ne sera pas certainement à jeter, je trouve indéniablement le discours politique, les discours sur la santé et les soins, les lectures actuelles des plans possibles d´amélioration des prises en charge, dans un spectre médium bien lénifiant, très MP3, qui ôte ce qui est trop grave et se ferme à ce qui est trop aigu. Aux grands axes, psychose, névrose, perversion, qui orientait la clinique, il est préféré une multitudes de petite axes, scrupuleusement rassemblés dans un grimoire moderne pour petits sorciers fringants et novateurs, la bible, le DSM. Mon appel est le suivant : nous avons tout à gagner des gains méthodologiques, techniques, que les développements actuels proposent et j´en suis souvent un défenseur quand ils permettent un partage facilité dans la mise en ordre de certaines connaissances. Je suis absolument contre lorsqu´ils se prétendent l´alpha et l´oméga, le dernier cri de la science qui rendrait inaudible des techniques plus anciennes mais pas moins fondées et qui ont d´ailleurs été pillées par les partisans par exemple des psychothérapies dites nouvelles. Formaliser, n´est pas inventer.
S´il est intéressant d´être plus performent dans la synchronie, l´efficace, n´oublions pas la diachronie et son apparente pesanteur, pesanteur qui peut avoir le mérite d´arrimer des pratiques. En un mot, sachons croiser l´histoire et la géographie, le passé et le présent. Après avoir, ces dernières années, tenté de qualifier le quantitatif, il pourrait être pertinent de quantifier le qualitatif au regard de la masse critique de procédure creuses.
Le 19/04/2007
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