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CONTRE LA HAINE… LE PEUPLE AIME… UN PROJET POLITIQUE OUVERT A LA PAROLE…

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Laurence LUTTON

mercredi 28 mars 2012

CONTRE LA HAINE… LE PEUPLE AIME… UN PROJET POLITIQUE OUVERT A LA PAROLE…

La haine, cette haine de la différence, cette haine…  entraîneuse de la peur, de cette phobie de l’inattendu singulier du sujet citoyen !

Ravalez votre haine, messieurs les politiciens, laissez les orateurs politiques parler…

Dimanche pluvieux, dimanche heureux… le ciel gris souris qui pleurait des larmes de joie, le peuple réuni dans une carmagnole colorée et chaleureuse des lendemains qui chantent l’espérance d’un avenir commun, celui du citoyen pluriel… Parce que homosexuel à marier, immigré français par le jus solis , autonome face à sa fin de vie… dignes, les citoyens… Le peuple que les médias qualifient de « populiste » à travers la personne de Jean-Luc Mélenchon, ce peuple dont la composante sociologique était plurielle en ce beau dimanche d’anniversaire de la Commune de Paris… Côte à côte, parfois serrés les uns contre les autres, le peuple a chanté « RESISTANCE » à pleins poumons, heureux de se fréquenter… les ouvriers, les enseignants, les cadres, les professions libérales, les demandeurs d’emploi, les retraités, les étudiants, les artisans, les enfants, les artistes, les intermittents du spectacle, les travailleurs sans papiers… il n’y avait plus de haine à l’horizon mais la marche vers des lendemains d’espérance… rebâtir le pacte républicain de la VIème, attendue de nous tous, citoyens !!!!

Educateurs, écoutez… Il y a du désir.

Oubliez donc ces procédures assassines et déshumanisantes, criez « RESISTANCE » face à la manipulation gestionnaire du malheur humain. Il n’y a pas de fatalité, il y a à rencontrer… Rencontrer, un projet politique dont on ne saurait faire fi, nous, les éducateurs !

Ah qu’il m’est pénible et difficile de vous entendre, prisonniers de la névrose plaintive qui est la votre, résignés vous l’êtes, vous courbez l’échine devant les baisses budgétaires, vous manquez cruellement d’imagination mais pire… d’engagement politique. Lorsque vos collègues d’autres secteurs, et je pense ici en particulier aux collègues qui s’éreintent pour l’urgence sociale dans le cadre du 115, vous récitez la litanie de vos malheurs corporatistes, «  dans le handicap, c’est pareil…  », «  Nous, dans les MECS, on ne peut plus rien faire…  ». Alors quittez le métier… Parce que ce métier, il est une vie parmi les autres, parmi les fous, les marginaux, les enfants délaissés, les parents déboussolés, écoutez Fernand Deligny, « J’aimais l’asile. Prenez le mot comme vous voulez : je l’aimais, comme il est fort probable que beaucoup de gens aiment quelqu’un, décident de faire leur vie avec. Il s’agissait bien d’une présence vaste, innombrable, mais dont l’unité était évidente .»[1]

J’aime mon métier pour sa dimension humaine et pour sa dimension politique…

Métier ?

J’ouvre  le Petit Robert et je lis :

«  Menestier, mistier, « service », « office » ; lat. (v. ministère), altéré en misterium, par crois. avec mysterium).  »

Je lis et je laisse ma pensée, voyager du côté du ménestrel, puis je suis rappelée par la signification étymologique, «  service  »… alors je pense « être au service de » oui mais de qui ? De quoi ? Pour qui ? Pour quoi ? Pourquoi ?

De qui ? De la personne, de cet « autre » différent et pareil à moi, pour lequel j’ai donné de mon énergie, dont j’ai écouté les malheurs de son existence et ai eu à recevoir en cadeau ses joies…

« De qui ? » De la personne ai-je dit ? Oui… mais aussi du politique, de ce « Grand Décideur » de nos destins sociaux… « de quoi ? », je sais que la « bonne réponse », à ce moment présent, c’est l’écriture… «  On écrit pour laisser la parole à ce qui ne s’est jamais dit, à ce qu’on n’était pas à même de dire  »[2]. Difficile exercice de cette parole qui rate sans cesse sa cible, alors si je ne parle plus je passe à l’acte… A l’acte d’écrire, ce que j’ai à dire.

« Pour qui ?  Pour eux, ces visages, ces histoires, ces vies racontées, ces vies vécues, ces vies du mal vivre, ces hommes, ces femmes, ces destinées singulières et plurielles.

« Pour quoi ? » pour faire savoir qui ils sont ces gens qui m’ont fabriquée… éducatrice spécialisée.

« Pourquoi ? » je ne sais pas… mystère… ce «  mysterium  » de mon métier.

Métier ?

Je poursuis la lecture de la définition, «  1° genre d’occupation manuelle ou mécanique qui trouve son utilité dans la société  ».

Je me vois dans un atelier, tirant le fil de ma pensée, de mes émotions, de mes ratés, de mes lapsus, de mes affects, détricotant et retissant la toile de mes rencontres. Ces gens… qui m’ont fabriquée éducatrice spécialisée.

Alors chers collègues, allons-nous laisser une idéologie, dont on nous laisse croire qu’elle n’est la seule voie du possible sinon c’est l’effondrement, dénaturer nos identités ?

«  Certains qui font ce métier, le nôtre, croient en Dieu; d’autres ont foi dans les hommes.  »[3], soyons les autres, il n’y a plus de dieux, il y a des Hommes, c’est plus certain. «  Gott ist tot  »[4] (Dieu est mort) déclarait Nietzsche, non pas qu’il le fût physiquement, mais il s’agit d’en saisir ici, qu’il ne faudrait pas céder à la tentation du nihilisme !

Il n’y a plus d’argent… Ce dieu dévastateur des époques modernes, il ya la science trop scientiste pour laisser la place aux aléas de l’existence, tuons ce Dieu menteur !  Mais il ya des hommes et des femmes dont l’humanité abîmée ont une parole à faire entendre, leur « être au monde »…

 Quel monde désirons-nous à l’échelle modeste du « pays des droits de l’Homme » ?

« Droits » bafoués depuis cinq années éprouvantes de divisions, de privations, de déni du pluralisme, de haine !

Alors, je dédie ici, cet article bien modeste à Mr Mélenchon et à sa dimension politique. Merci Monsieur, pour cette ferveur politique que je n’avais pas éprouvée depuis si longtemps, depuis que les gestionnaires et les actionnaires se sont emparés de nos désirs de vivre ensemble…

Laurence Lutton, cadre pédagogique et éducatrice spécialisée

[1] Asiles, (1938-1949)

[2]  Télérama 3111, 26 août 2009, entretien avec Jean-Bertrand Pontalis, philosophe et psychanaliste

[3]  Graine de crapule (aphorismes, 1945)

[4]  Le gai savoir, aphorisme 108

Commentaires

bonjour

bonjour

j'ai lu et apprécié votre texte...hélas je ne sais pas vous écrire donc faire partager à mon tour les mots et les prises de consciences qui ont accompagné la lecture de votre texte. Mais il y a en eu foule dans mon esprit.

Merci

Luc( éducateur spécialisé).

écrivez... vos mots

Cher Luc,
c'est important pour moi, votre message. Oui, il s'agit de transmettre et de partager. Mais peu importe les mots, écrivez les vôtres aussi, je défends coeurs et âmes auprès de mes étudiants cette nécessité existentielle de l'écriture pour faire vivre notre métier et la parole de ceux qui ont à se débattre avec la vie....

Bien cordialement à vous

Laurence

haine et violence

Merci Laurence pour vos écrits.
Merci à vous qui savez écrire si bien de le faire et de nous le donner
Retraitée depuis un an du service social, bénévole dans une assos dans le social,( le vrai, celui de la rue ou presque et pas le confortable médico social ou j'ai passé ma carrière), je suis effarée par la violence faite aux usagers par le pouvoir en place. J'admire le courage des travailleurs sociaux qui malgré tout, donne le meilleur d'eux mêmes pour faire leur "métier". Vers quel monde va-t-on?
Alors oui il ne faut pas se tromper au moment de voter!
Le 1° mai je serai dans la rue (pas pour le vrai travail, je n'en connais pas de faux) avec les syndicats pour dire non à ce monde fait uniquement pour les nantis et qui culpabilisent les pauvres.

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