mercredi 24 août 2005
Une certaine méthodologie imposée par certaines écoles de formation au travail éducatif me paraît problématique. Dite de « résolution de problèmes », telle que présentée, elle produit des écrits très désincarnés, l’éducateur étant placé en situation d’extériorité par rapport aux personne suivies. Il s’agit de repérer un usager qui dysfonctionne (selon des critères jamais énoncés, évidemment), d’analyser le défaut et d’y remédier, avec des outils institutionnels, relationnels, éducatifs, thérapeutiques, pédagogiques, culturels etc. selon des doses appropriées. Voilà les habits neufs du nouveau projet éducatif personnalisé. Les êtres humains ne sont pas des machines que diable ! Où il suffirait de repérer un dysfonctionnement et de produire une réparation. Qu’en est-il du sujet ? Passé à la trappe ! Et de la rencontre qui fait le fond de tout acte éducatif ? Gommé comme vieillerie. Plus besoin de se rencontrer, c’est trop aléatoire, plein d’imprévu, de bazar : on observe, on analyse, on répare et on évalue si la réparation tient ou s’il faut en remettre une louche. Alors on aurait raison de nommer ces professionnels : « techniciens de la relation » . Quelle horreur ! Cette approche m’a mis en colère. Ce n’est pas ma conception du travail éducatif ni ma conception de l’être dit humain, c’est une pente, très en vogue dans la foulée managériale et « big brotherienne » qui conduit au pire, à une forme d’instrumentalisation des usagers et des professionnels. Avec une illusion de maîtrise et d’emprise des professionnels sur les usagers. Qui n’est qu’une maille dans la série des déclinaisons de l’aliénation : emprise des parents sur les enfants, des formateurs sur les élèves, des directeurs sur les équipes, des patrons sur les employés, des politiques sur les citoyens etc. et au bout du bout, de la machine néo-libéraliste sur les habitants de la planète. Y’a longtemps qu’il n’y a plus de pilote dans l’avion planétaire : c’est passé en automatique. Ne vous faites pas de souci, ne posez aucune question, ça roule tout seul. Tous unis vers où?
Ajouté à la fameuse démarche qualité et autres normes ISO, et je ne parle pas de la résilience, on va dire que je suis obsédé, c’est à une véritable déferlante idéologique que l’on assiste dans le secteur social, le secteur de l’entreprise ou des services publics étant gangrenés depuis belle lurette. L’idée est claire et simple : l’homme-machine de temps en temps se met à déconner comme toute machine qui s’use (entropie disent les mécaniciens scientistes), mais heureusement la science, la bonne, la vraie, c’est à dire la bonne à tout faire du capitalisme (pardons on dit aujourd’hui néo-libéralisme) fournit clé en mains les machines-outils pour réparer. Les éducateurs seraient bien alors les techniciens de cette machine, il faut bien le dire, pas très au point. Alléluia !
Qu’est-ce qu’on fait ? On laisse filer ou on se bagarre ?
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