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Jean-Pierre Lebrun

vendredi 24 décembre 2010

Addictions...

Monsieur Jean-Pierre Lebrun, psychiatre, psychanalyste, membre (ex-président) de l’Association lacanienne internationale

Je ne suis pas un spécialiste de l’addiction. Je viens à vous comme psychanalyste intéressé par l’interface entre le social et le psychique.

La psychanalyse est la discipline de l’humanisation. Erasme avec déjà énoncé qu’on ne naît pas humain, on le devient. C’est un trait définitoire de notre espèce que d’avoir l’usage de la parole. On devient donc humain en devenant parlant et comme vous le savez, cela prend un certain temps, entre le tiers et le quart de son existence, pour devenir adulte, c’est à dire être capable de soutenir sa parole.

On deviendrait humain en apprenant le langage, mais ceci n’est pas à entendre comme un apprentissage technique mais c’est plutôt le fait d’apprendre à faire l’usage de ce que le linguiste Benveniste appelait « la forme la plus haute d’une faculté inhérente à la condition humaine, la faculté de symboliser ». C’est comme ça qu’il définissait le langage.

Je vais procéder en trois points. D’abord à quelques réflexions sur ce que parler veut dire. Ensuite, je vais essayer de vous montrer le rapport qu’il y a de tout ça avec l’addiction. Enfin, troisième point, j’essaierai de répondre à la question : pourquoi aujourd’hui l’addiction fait-elle phénomène de société ?

Mais d’abord quelques réflexions sur ce qu’implique cette faculté langagière. Vous en êtes sûrement déjà habitués, vous êtes un public qui connaît ces choses, je crois, mais néanmoins je pense que ce n’est pas inintéressant de se rappeler, d’insister sur le fait qu’il y a comme des lois physiques à la parole. Les lois physiques, ce n’est pas la même chose que les lois qui règlent le Code de la route, celle-ci ne sont pas du même ordre que celles qui règlent la gravitation. Les lois physiques du langage sont comme celles de la gravitation. Même si vous ne les connaissez pas, de toute façon vous y êtes soumis.

La première de ces lois, c’est que la parole est discontinue. Or le sensible que vous éprouvez, lui, il est continu. Donc passer du sensible à la parole suppose déjà de passer du continu au discontinu, autrement dit implique une perte. Il faut perdre pour parler ! Ce qu’on peut entendre, dans le précepte bien connu, « on ne parle pas la bouche pleine ! ». Et comme vous savez, dans toutes les langues du monde, « Maman », s’est toujours dit avec des « Mmm mm mm », parce que c’est le seule phonème qu’on peut dire la bouche pleine. Pour dire « Papa, l’autre là », en plus, il faut accepter qu’il y ait du vide.

Mais il n’y a pas que cette perte-là qui est impliquée par l’usage du langage : du fait que nous sommes des êtres de parole, nous perdons toute certitude quant à ce que nous sommes. Je demande à quelqu’un ici présent dans la salle de bien vouloir se lever, en me disant qu’il sait avec certitude qui il est, quel est son être, son désir. Nous aurons assez vite fait un diagnostic probable de paranoïa.

Au mieux vous savez ce que vous ne voulez pas, ce n’est déjà pas mal. Et on peut s’y tenir, c’est même déjà vraiment bien. Dans le meilleur des cas encore, vous savez dans l’après-coup que ce que vous avez fait est plus ou moins congruent avec ce que vous espériez être. Mais pour ce qui est de vous programmer un avenir à partir de ce que vous voulez être, il va plutôt falloir supporter que ça rate à tous les coups, ou presque. Ce qui nous reste, c’est la superbe formule de Samuel Beckett, c’est « essayer, essayer encore, rater, rater mieux ». C’est très pertinent, de toute façon, c’est du côté du ratage.

Malheureusement je n’étais pas là hier, mais j’ai entendu qu’on y a parlé du bonheur, de la quête du bonheur. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement la quête, comme vous le savez, c’est l’exigence, voire le droit. Malheureusement, il faut bien qu’on reconnaisse que pour ce qui est du bonheur, ça ne semble pas être notre lot. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas des moments heureux. Mais de là à croire que le bonheur est notre lot d’humain, ça n’a pas l’air d’être tout à fait le cas. Puisque rien que le fait de nous contraindre à dire, comme disait l’autre (Jacques Lacan), « On ne peut que le ‘mi-dire’, au mieux », autrement dit, du seul fait de dire, vous êtes déjà contraints à devoir accepter que dire va buter sur de l’indicible. Car vous n’arriverez pas à tout dire.

Dire est fantastique parce que si nous ne pouvions pas dire, nous ne serions pas informés du conflit palestinien, de ce qu’Obama a réussi…, on ne serait même pas là, d’ailleurs. Cette parole est donc une arme extraordinaire, une puissance terrible. Et en même temps, le fait d’avoir cette capacité de dire implique quelque chose comme une opacité, comme une ombre. Ce qu’au fond le psychanalyste lacanien appellera « du réel ». Il y a du réel, il y a quelque chose à quoi, de toute façon, on n’accède pas. Ce qui ne nous met pas à l’abri de devoir le cerner, mais en tout cas, on ne l’éludera pas, on ne l’éliminera pas. C’est un fait de structure. De ce fait, on peut juger de la pertinence d’un fonctionnement : est-ce ce fait de structure est respecté ? Ce n’est pas dans l’air du temps, je vous signale. Aujourd’hui, le réel, tout ce qui n’entre pas dans tous les trous, tout ce qui n’est pas totalement adéquat, tout ce qui est la part de l’ombre, tout ce qui est l’opacité, c’est à faire passer à la trappe, parce que ça dérange.

Vous voyez donc bien que le langage, être un être de parole, un être parlant, un parlêtre comme l’appelait Lacan, ce n’est pas quelque chose qui relève de la communication. Bien sûr il peut y avoir de la communication, mais il y a plein d’autres choses, au-delà de la communication, ou en deçà, comme vous voulez.

Autre caractéristique de l’usage que nous faisons de la parole, c’est que ça définit des places. Permettez-moi, vous en êtes, nous en sommes la preuve vivante, c’est qu’actuellement il y en a un tout seul qui cause, et les autres qui écoutent. Ça va peut-être changer tout à l’heure, mais en attendant, on en est là à deux places différentes. Il n’y aurait d’ailleurs pas beaucoup d’intérêt à ce que nous parlions tous en même temps. Vous ne seriez pas contents et moi non plus. Donc parler implique des places différentes.

Autre point encore – ce n’est pas d’ailleurs le moindre –, tout se passe comme si parler donnait une jouissance nouvelle, inédite, supplémentaire. Il semble bien que les animaux ne la possèdent pas, cette satisfaction-là, cette possibilité-là. Mais une fois que vous entrez dans cette possibilité, vous pouvez la prendre par deux bouts différents. Bouteille à moitié pleine, ou à moitié vide ! Soit je parle, je dis, j’énonce des choses, positivement, soit j’entends que d’office, ce que je dis n’est pas exactement ce que je dis, que ce que j’énonce n’épuise pas le réel, ne dit pas ce que je veux énoncer. Ce qui m’a d’ailleurs fait dire quelque part que « Dire, c’est à la fois dire : ‘C’est ça’, à quoi l’autre, en général d’ailleurs féminin, répond : ‘Ce n’est pas ça’ ». Ce qui donne la matrice de la scène de ménage. Pour autant que vous n’entendiez pas qu’au fond les deux ont raison, et que c’est même parfois très intéressant qu’à chaque fois que je dis quelque chose, il y ait quelqu’un d’autre qui puisse venir me dire : « Ce n’est pas tout à fait ça, ce n’est pas épuisé ton affaire » ce qui est d’ailleurs juste. Et ça fait à nouveau tenter de dire. Tant que la vie existe, on peut essayer de dire au plus juste !

Appartenir à cette espèce humaine, s’humaniser, et arriver à pouvoir soutenir sa parole, c’est quelque chose qui comporte toute une série de conséquences, et celles-ci résultent de ces lois auxquelles nous sommes soumis. Que nous le voulions ou pas.

J’ajouterai même que rien de ce qui est humain n’y échappe ! Vous savez que c’est un très grand moment, dans le livre de Robert Antelme, « L’espèce humaine », lorsqu’il dit que ce que les nazis ne supportaient pas, c’est ça. « Ils pouvaient nous tuer », dit-il, « ils pouvaient nous traiter de toutes les façons, mais ils ne savaient pas ôter que nous restions des humains, comme eux ». Nul n’a la maîtrise, la propriété de cette humanité, personne. Et nous sommes aussi dans l’incapacité de l’enlever à quiconque.

Quel rapport de tout ça avec l’addiction ? Je vais commencer par accepter – contrairement à vos remarques tout à fait pertinentes sur lesquelles je reviendrai après – ce concept. Pourquoi pas ? Allons-y, l’addiction. Je crois que l’addiction, c’est quand, dans la relation à l’objet, celle-ci n’est pas frappée par le manque, autrement dit par tout ce que je viens de dire, lié au fait que nous parlons. C’est ça l’addiction. Si je suis addicté à l’objet, quel que soit cet objet d’ailleurs – ça peut être mon conjoint, ce n’est pas nécessairement une substance, pour moi – quel que soit cet objet, si je lui suis addicté, c’est simplement parce que dans le rapport que j’ai avec lui, j’ai fait l’impasse sur toutes ces caractéristiques qui ne peuvent pourtant qu’être présentes dans l’affaire, puisqu’elles sont tributaires de ce que nous sommes parlants.

Autrement dit, ça correspond à une contrainte, dans laquelle nous sommes tous, d’une dette symbolique. On paie un prix au symbolique, à ce qui nous caractérise : le langage. Mais il faut payer un prix. Et ça rejoint du coup très bien cette définition de ce que c’est que l’addiction, dans le dictionnaire, celle-là. Vous savez que ça vient du latin « addictus  » qui veut dire « abandonner », et qu’en droit romain, comme ça a déjà été rappelé, l’addiction, c’est la contrainte par corps d’un débiteur défaillant, de celui qui n’a pas payé sa dette, moi j’entends « symbolique ». Celui qui n’a pas payé sa dette au langage se trouve paradoxalement contraint par corps. Ce qui, d’une certaine manière, est pire. C’est ça que ça veut dire.

Si vous n’acceptez pas qu’il y a ces exigences du symbolique, si vous les refusez, si vous les récusez, si vous vous pensez libéré de cette autorité – appelons les choses par leur nom, ça fait autorité –, vous risquez d’avoir affaire à pire, c’est-à-dire à un pouvoir réel. Ce n’était pas tout à fait prévu au programme, cette affaire-là. Simplment parce que c’est : ou l’autorité du signifiant, du symbolique, du langage (je n’ai pas dit « l’autorité de quelqu’un », j’ai dit « l’autorité du signifiant, du langage », même si ça devra toujours en passer par une incarnation pour être transmis à l’enfant, mais je ne parle pas de ça, je parle d’abord de l’autorité du langage), c’est ou celle-là, ou le pouvoir de l’objet. Vous n’avez pas beaucoup le choix. Ou une autorité symbolique, ou une autorité – appelons-là comme ça, encore que l’autorité, par essence, c’est symbolique, tandis que le pouvoir, c’est réel –, le pouvoir d’un objet qui va vous contraindre et qui donc va vous maintenir encore davantage assujettis à l’autre.

Le langage en revanche, paradoxalement, c’est une contrainte, mais c’est une contrainte qui vous permet, parce qu’elle l’exige, une certaine distance, un recul, un détour. Et si vous refusez cette contrainte, vous risquez d’être encore plus soumis.

Quand je vous dis cela, ça ne va pas non plus dans l’air du temps. Je suppose que plus d’un entre vous ont assisté à cette émission qui s’appelle je crois « Le jeu de la mort », où on reconstituait l’expérience de Milgram, c’est-à-dire l’expérience de soumission à l’autorité. On nous fait entendre que la télévision aggrave encore cette soumission à l’autorité. Ce qui est à la fois juste et à la fois pas ! En tout état de cause, les conséquences qu’on veut en tirer sont dangereuses, parce qu’on pourrait croire que ceci apporte du grain à moudre à l’idée selon laquelle il s’agit de ne pas se soumettre à l’autorité. Mais figurez-vous que pour pouvoir ne pas se soumettre à l’autorité, il faut d’abord s’en servir. Autrement dit, pour pouvoir s’en passer, il faut s’en servir. C’est la fameuse phrase de Lacan : « S’en passer, à condition de s’en servir ».

Quelque chose qui nous habite, je crois, en tout cas les gens de ma génération mais je crains que nous en soyons tous là, la preuve, c’est qu’on en parle partout !Cette expérience de Milgram a été faite pour montrer à quel point était dangereux le fait d’être soumis à l’autorité ceci évidemment à la suite de l’expérience nazie. Je pense que nous sommes habités par ce qui s’est passé là car, au nom de l’autorité, on a fait le pire. Parce que les massacres tels qu’on les connaît dans l’Histoire, ce sont des moments d’excès pulsionnel, mais là c’était au contraire froidement et délibérément organisé. C’est quand même quelque chose, même si on n’y est pas directement impliqué comme c’est mon cas, d’insupportable : qu’est-ce qui s’est donc passé là ? Ce n’est sans doute pas pour rien que nous sommes devenus extrêmement méfiants à l’égard de l’autorité.

Et donc ça m’amène à ma troisième question : pourquoi aujourd’hui serions-nous « addictés » ? Je crois que c’est effectivement là qu’il faut élargir la question ; et essayer de repérer dans quoi nous sommes pris et dans quels changement de société nous sommes emportés, changement de société qui n’est pas – et ce n’est pas que ça, entendons-nous bien – sans avoir une relation étroite avec cette méfiance justifiée, à l’égard de l’autorité à partir de ce qui s’est passé au milieu du XXème siècle. Mais c’est une évolution beaucoup plus large, beaucoup plus importante, qui date de bien plus longtemps, puisqu’on peut faire remonter le changement de société au moment où on a fini de penser que c’est un autre… divin en l’occurrence, qui allait nous dire ce que nous avions à faire.

Autrement dit, le fonctionnement de l’hétéronomie – hétéronome, vertical – est quelque chose qui a finalement aujourd’hui été estimé périmé. Ça prend du temps, de faire ça. Ce sont les Lumières qui ont commencé par mettre ça en péril, ensuite ça a été la Révolution française – je ne vais pas épiloguer là-dessus – mais il y a là un trajet où on voit bien que la référence à un monde qui serait régi par un discours qui lui vient d’ailleurs, aujourd’hui, est périmé et nous nous trouvons désormais dans un monde qui estime que c’est lui qui doit organiser les choses. Il y a des juristes belges qui ont très bien résumé ça en disant : « Nous sommes passés de la conception de la pyramide au réseau ». On n’a plus une conception pyramidale de la société, avec sa verticalité et son, sommet, mais on est dans l’horizontalité.

J’insiste beaucoup sur la légitimité de cette mutation, puisqu’en même temps, il faut reconnaître que là-bas au-dessus, il nous a peut-être aidés à penser comment on devait faire, mais en attendant il n’a jamais fait lui-même, on ne sait même pas s’il est vraiment là ! On est donc bien d’accord pour dire que Dieu est mort, c’est un constat sur lequel on ne va pas revenir. Que vous y croyiez ou pas, ça devient votre affaire privée, mais en tout cas ça ne nous concerne plus collectivement.

Du coup, il y a une conséquence à cela, c’est que toute place de surplomb, toute place qui serait d’exception, toute place différente des autres, se trouve immédiatement désavouée, puisqu’elle rappelle qu’elle pourrait rester un lien avec la façon hétéronome de penser les choses, et qu’elle viendrait s’opposer à mon autonomie. Il faut donc, logiquement, en plus avec les accidents qu’il y a eus, nous méfier de toute autorité, de toute différence de place. Vous savez aujourd’hui que très vite, si vous en appelez à une différence de place, vous allez être ponctué d’anti-démocratie – « d’anti-démocratique », c’est que vous n’êtes pas démocratique.

Mais voilà pourtant quelque chose d’embarrassant, parce que si d’une part, il y a une vraie légitimité démocratique, que d’ailleurs Tocqueville avait bien repéré dans ce qu’il appelait le « fait générateur », à savoir que désormais, il y a l’égalité des conditions. Ce n’est pas parce que vous êtes un aristocrate qu’en soi, vous avez plus d’humanité que moi, ce n’est pas parce que vous êtes ceci ou ça... Nous sommes tous là-dessus logés désormais à la même enseigne : maîtres ou laquais, enseignants ou enseignés, tout le monde est à la même enseigne.

C’est à la fois vrai et en même temps, je vous ai rappelé tout à l’heure que s’il y avait la légitimité démocratique qui est manifestement une évolution dans notre histoire, il y a aussi le fonctionnement du langage qui ne correspond pas tout à fait à cette conception démocratique puisque il continue à y avoir des différences de places. Comment est-ce qu’on met les deux logiques ensemble ? Je crains bien de devoir vous soutenir que tel est le défi que nous avons à relever, celui de tenir ces deux rennes ensembles, chaque fois au coup par coup, au cas par cas. Mais en donnant sa place à chacune de ces deux logiques, parce que sinon, nous allons être mis à mal, dans la possibilité même de faire lien collectif, de faire vie sociale.

Parce que si je pousse la logique démocratique, la légitimité démocratique jusqu’au bout, il est évident que les parents devraient s’arranger avec leurs enfants pour décider comment va se faire l’éducation. Il est évident que l’enseignant doit demander à l’enseigné s’il est d’accord d’être enseigné. Et pas seulement s’il est d’accord. Vous voyez évidemment où on est enmenés avec cette voie-là. Elle est d’ailleurs actuellement souvent à l’œuvre aujourd’hui, cette difficulté-là.

Je voudrais vous donner la lecture que je fais de cette modification extrêmement importante, qui consiste à dire : « Désormais, la place, là au-dessus, est vide ». Vous pouvez le dire de deux façons différentes : « Chouette, je suis débarrassé de quiconque qui est au-dessus de ma tête », ou vous pouvez dire quelque chose qui me semble beaucoup plus juste, c’est qu’il n’y a plus personne qui habite le ciel là au-dessus, mais le ciel, lui, est toujours là. La place est désormais vide, et donc je dois repenser collectivement comment il y a encore de la légitimité à aller l’occuper, ne fut-ce que momentanément. Mais si je pense que de ce fait, de cette place, je serais complètement libéré, si aussi je pense que du fait de ce changement, l’autorité symbolique n’existe plus, j’en arriverai aussitôt à devoir me demander : comment est-ce que je vais faire pour que s’apprenne la langue ? Parce qu’il n’y a personne d’entre nous, d’ici, qui a inventé la langue, la langue, en l’occurrence française, dans laquelle je parle. Elle nous vient toujours d’avant, d’ailleurs.

Donc d’un côté, c’est être débarrassé de toute autorité, et alors évidemment : risque d’en revenir à du pouvoir réel, et de l’autre, contraint de la réinventer, même si c’est dans un contexte de soupçon et de méfiance bien légitimes à l’égard des impasses, non pas de l’autorité, mais de la soumission à l’autorité.

Est-ce que cette réorganisation du social a des conséquences ? Je pense que oui, parce que d’une part nous avons quitté une manière de fonctionner, et nous n’avons pas encore trouvé, inventé les modalités pour faire face à notre nouvelle manière de fonctionner. Et nous sommes donc dans une période transitoire, du coup très houleuse, très confuse, très compliquée, parce que si vous vous référez à l’autorité, on va vous dire : « Non, ça va, on n’est pas d’accord, ici. Démocratie » ; si vous vous référez au contraire à ce que quand même il y ait une action…, d’accord, on doit tous être d’accord, mais qui finalement décide et comment est-ce qu’on fait ? C’est ça aussi.

Dans nos équipes, on connaît bien, cette affaire-là. C’est pour ça que je me suis beaucoup intéressé à ces affaires d’équipe. On est tous d’accord, tout le monde donne son avis, c’est très bien, « Mais pourquoi est-ce qu’il m’a demandé mon avis puisqu’il fait quand même autrement que ce que je dis ? » C’est donc une nouvelle culture à introduire. Vous avez un avis à donner, mais votre avis ne va pas être à la même place que celui qui devra décider, que celui qui a la charge de penser en termes de collectif. « Celui qui pense en logique de collectif, il va donc ^tre amené à limiter mon travail à moi, ma singularité à moi ? De quel droit est-ce qu’il fait ça ? »

Les effets sur la subjectivité sont donc extrêmement importants, parce que, en plus de ça, ce changement est corrélé, pour aller vite, je dirai à la technologie d’aujourd’hui. Vous avez eu hier une conférence sur la consolation, par Monsieur Guérin. J’aurais bien aimé y assister parce que je trouve que c’est vrai que nous sommes dans une société non pas de consommation, mais de consolation. Tout est fait pour nous consoler du malheur d’être humain, du malheur de ne pas obtenir le bonheur que nous nous estimons en droit d’obtenir.

Donc cette perte que je vous indiquais au début, liée à l’être de langage que je suis, n’est comme plus de mise ; aujourd’hui, ce n’est plus fort rappelé ! La coupure, la discontinuité : le portable, ce n’est pas tout à fait ce qui donne l’impression qu’on est coupé de l’autre, d’où d’ailleurs que les parents veillent à ce que les portables soient dans les classes, accessibles à leurs enfants, parce que si, par hasard, il arrivait quelque chose, il faudrait quand même qu’ils soient très vite informés. Vous savez que la mort de Napoléon, on a mis deux mois pour en apprendre la nouvelle sur le continent à l’époque ! Dans notre monde aujourd’hui, nous serions prvenus de l’imminence de sa mort !

L’incertitude, qui est notre lot, vous la tolérez encore, vous ? Vous tolérez de ne pas tout savoir ? Oui, parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement, mais vous allez voir qu’on va y arriver à tout savoir. On va finir par savoir tout ce qu’il faut savoir, pour qu’il n’y ait plus ce non-savoir et qu’il n’y ait plus ce point de réel et d’incertain avec lequel vous êtes contraint à devoir faire.

Et donc ce qu’on ne dit pas, lorsqu’on parle de souffrance en France, c’est qu’il y en a de deux sortes, des souffrances, en France. Il y a celle qui résulte des situations épouvantables, et il y a celle qui résulte du fait qu’on laisse croire aux gens qu’ils n’ont plus à subjectiver, à s’engager, et qu’alors, quand ils doivent quand même le faire, c’est la « catastrophe ». Ceci induit une souffrance artefactuelle qu’il faudrait bien arriver à discerner de l’autre, parce que ce ne sont pas les mêmes ! L’une est légitime, l’autre non !

Tout doit être visible, aujourd’hui. C’est pour ça qu’on donne, dans les crèches parisiennes un peu sophistiquées, une webcam à la mère pour qu’elle puisse continuer de voir son enfant alors qu’elle est au travail ! La crèche qui était le premier lieu de coupure d’avec la mère, donc de socialisation, se trouve transformée en endroit de surveillance à distance. Je ne sais pas qui en ce cas, va avoir le plus difficile à supporter la coupure, si c’est l’enfant ou si c’est la mère, mais en attendant, ça ne nous aide pas.

Cet objet de consommation-consolation, il est là tout le temps, tout le temps imaginable qu’il pourrait être encore plus adéquat, meilleur, donc autrement dit : « l’état de manque éventuel dans lequel vous vous trouvez, de toute façon, nous faisons tout ce que nous pouvons pour essayer que vous n’y soyez pas confrontés ».

Le temps. On a évoqué tout à l’heure, ce matin, l’immédiateté. Oui, je ne vais pas rappeler ça, l’effacement du réel. Vous savez qu’aujourd’hui, même les conflits doivent disparaître. Il faut s’arranger pour nous soyons, dans nos rencontres, comme des échangeurs d’autoroutes. C’est très bien rendu dans le film de Gus Van Sant, « Elephant », où on voit bien que les jeunes et les adultes se côtoient mais de telle sorte qu’ils ne se rencontrent pas vraiment, qu’il n’y ait pas de heurts. Parce que forcément, si on n’a pas reconnu la différence des places, je vous demande comment vous allez sortir des conflits. Aujourd’hui, il faut de ce fait les prévenir et s’arranger pour qu’il n’y ait pas de conflit. Ça ne marche pas tout à fait bien mais voilà, c’est quand même ça l’objectif.

Et comment est-ce que cette mécanique-là nous touche, à nous, touche à tous les sujets, touche à chaque sujet ? C’est très simple, comment elle nous touche. Je vous donne cet exemple-là : quiconque a la charge, de par la différence générationnelle qui l’occupe, – ça n’est pas que le parent, c’est aussi l’enseignant, c’est aussi le politique, c’est aussi le directeur d’une institution, tout ce que vous voulez –, tout qui a la charge de venir rappeler qu’il y a une autorité qui fonctionne au nom du collectif se trouve aujourd’hui délégitimé, en tout cas en mal de légitimité. Il est obligé de chercher en lui-même ce qui l’autorise à soutenir son action. Demandez-vous combien de fois vous vous dites : « Mais au nom de quoi je ferais ça, moi ? En fonction de quoi ? Qu’est-ce qui m’autorise à faire ça ? » Il faut déjà avoir fait un très grand travail pour arriver à pouvoir dire : « Non, quand même, je ne suis pas d’accord... », c’est d’ailleurs le travail que certains, ayant encore à disposition la « décence commune », dont parlait Orwell, peuvent encore faire : ils se trouvent en mesure de riposter dans l’émission de télévision et de dire : « Non, moi je ne fais pas ça ». Reconnaissez qu’il faut être bien outillé, bien dans ses basketts comme on dit, pour ne pas être mis à mal par tout ce que l’on vous sert et qu’on vous donne comme comportements à suivre, comme consignes à respecter...

Il y a une délégitimation généralisée qui est à l’œuvre aujourd’hui, à cause de ce changement de société, et qui fait que tous ceux qui se trouvent à une place de différence générationnelle, ne sont plus rencontrés par ceux de la génération du dessous. Ou en tout cas difficilement rencontrés. Heureusement, ce n’est pas tout à fait le cas, ce que je dis, et tant mieux d’ailleurs.

Mais alors du coup, le jeune, ou l’enfant, s’il ne rencontre plus quelqu’un à cette adresse, s’il ne rencontre plus quelqu’un qui s’autorise à, entre guillemets, « incarner » quelque chose de cette autorité symbolique, figurez-vous que du coup, il ne se trouve pas aidé à traverser l’épreuve qu’il va devoir faire, et qu’il est logique que lui vienne une violence, parce qu’il y a cette autorité du symbolique à laquelle il est obligé de faire face, qu’il est obligé d’intégrer. Il ne rencontre donc plus personne qui l’aide à faire ce travail psychique. Il se trouve abandonné, dont je vous rappelle que c’est l’étymologie de « addicté ». Il se trouve orphelin de l’appui des autres, de la différence du dessus, pour pouvoir faire son travail.

Ceci évidemment, comme vous le savez, ne sera pas sans effet. Tout le monde est prêt à l’aider, là-dessus il n’y a pas de doute. La preuve, nous pullulons, nous pullulons d’institutions qui veulent aider. Mais attention, quand il s’agit de contraindre, là, c’est beaucoup plus délicat. Il y a un exemple remarquable en Belgique, parce qu’en Belgique nous sommes toujours très en avance. Les contrôleurs de train, nous avons décidé de les appeler désormais des « accompagnateurs de train », comme ça il y a moins de violence… Demander comment un accompagnateur, aujourd’hui, se légitime encore pour contrôler, ça, je ne sais pas. Il ne lui reste plus qu’à tenir le voyageur sans billet par la main...C’est extraordinaire. C’est vraiment dire : « Vous avez le droit de ne plus avoir la fonction de contrôler, mais vous devez accompagner ». D’ailleurs c’est ce que disent sans vergogne aujourd’hui certains juristes : « Le droit doit accompagner ». Mais enfin si le droit se contente d’accompagner, où est-ce qu’on va ? A quoi sert-il encore ? Il y a là quelque chose d’assez effrayant, parce qu’on ne se rend même pas compte qu’on est vraiment emportés par ces changements... Je veux bien qu’on dise que les politiques ne font pas leur boulot, c’est sûrement vrai pour certains, et on peut leur reprocher plein de choses. Mais en même temps, ils sont dans la même mécanique, ils sont pris de la même façon, il ne savent plus…

A Bruxelles en tout cas – ce n’est pas le Bruxelles de la Belgique, c’est le Bruxelles de l’Europe – les gens un peu en place reconnaissent sans aucune difficulté qu’ils sont en train d’inventer de multiples règlements, parce qu’il n’y a plus d’autorité symbolique. C’est tout. Ils le savent, ils le disent : « Il faut bien qu’on riposte au fait qu’on ne peut plus compter sur l’autorité, alors on invente des règlements, on bureaucratise ». Et comme vous savez, les règlements…les interdits, ça n’a pas bonne presse, alors on va éviter d’interdire, et on va donc devoir empêcher ». Mais empêcher et interdire, ce n’est pas la même chose. Donc comme on n’arrive plus à faire qu’on ne dépasse pas 50 km à l’heure, on met des ronds-points à tous les coins de rue. Chez nous en tout cas, c’est incroyable, le nombre de ronds-points qui surgissent un peu partout. Quand vous savez aussi que les ronds-points sont la chose qui coûte le plus cher, vous vous demandez s’il n’y a pas là un arrangement bienvenu....

Pourtant est importante la fonction de celui qui, à cette place, tient le cap et qui, du coup, signifie que la fonction de l’interdit, à quoi sert éventuellement son autorité, n’a pas tellement la fonction d’interdire, mais au contraire, de permettre, puisque cela signifie qu’il est possible de traverser cette difficulté ; quand un jeune ne rencontre plus de destinataire à cet endroit, il se trouve livré à lui-même et souvent recule devant l’épreuve que ça représente. Il s’en trouve comme marqué d’une certaine phobie, il la craint, il essaie de l’éviter.

Autrement dit, le sujet n’est plus aujourd’hui, bien souvent, à cause de ce changement, contraint à subjectiver. Il peut se contenter de surfer, de zapper, de glisser, de se promener, mais il n’est pas obligé de faire siennes ces lois physiques du langage, de la parole et du système symbolique, qui – je vous le signale – n’est pas que symbolique, puisqu’il finit par nous confronter à ce réel.

Il se retrouve donc, paradoxalement, et spontanément, comme invité à l’addiction, c’est-à-dire invité à ce qu’on mette de côté cette contrainte, cette frappe de notre espèce langagière. Et, alors là c’est le comble – et je vous rejoins tout à fait dans ce que vous avez amené tout à l’heure –, c’est que ça arrange très bien l’économie néolibérale, évidemment. Là-dessus il n’y a pas de doute.

Je prends cet exemple, je l’ai toujours pris parce que je l’ai découvert et je trouve qu’il est extraordinaire : vous savez ce que c’est qu’un « piège à singes » ? Autrement dit, savez-vous comment on attrape les singes ? On attrape un singe en mettant un piquet, une petite chaîne, au bout, une boîte. Dans la boîte, on met un fruit. Il y a un petit trou, le singe, très malin, est capable d’aller attraper en passant sa patte, mettre la main sur le fruit. Mais étant donné que le diamètre du petit trou est suffisamment étroit, il est incapable de sortir de la boîte, la patte qui a mis le grappin sur le fruit ! Tout le monde répond : « Mais il n’a qu’à lâcher le fruit ». Justement, c’est ce que le singe ne sait pas faire. Psychiquement, il préférera mourir sur place, ou se faire attraper. C’est donc un travail, c’est tout le travail de la psyché, de savoir lâcher l’objet, d’introduire cette dimension de la perte et du manque. Et vous voyez comment ceux que vous ne savez plus attraper par l’autorité symbolique du dessus de la pyramide, que vous ne savez plus tenir par le dessus, vous allez le tenir par le dessous. C’est-à-dire qu’on va évidemment faire en sorte qu’il ne soit plus en mesure de renoncer à l’objet, on va les addicter, pour reprendre ce terme.

Là je rajoute dans ce que vous avez, vous, amené : et on va en plus les déclarer addictés, comme ça on peut leur apporter, via la médecine, de quoi essayer, non pas de renoncer à leur addiction, mais de faire que leur comportement addictif ne nous embarrasse plus. Ce qui n’est pas la même chose. Et comment la mécanique tourne très bien, dans ce système-là et comment, en fait, à partir de là, nous avons fait une jolie impasse sur la dimension de négativité qui est pourtant ce qui nous constitue humainement parlant.

Ça produit donc une série de sujets que j’ai appelés les « pervers ordinaires », mais peu importe, parce que je pense que ce qui est important, c’est d’identifier que je crois que dans tous les groupes d’analyse, d’après ce que j’entends, on essaie de mettre le doigt sur ce que ça provoque, certains parlent de psychoses ordinaires, d’autres états limites, de perversions ordinaires. Je les ai encore appelé « sujets des limbes ». « Pourquoi sujets des limbes ? » Je dis : « Mais c’est parce que ce sont des gens qui ne sont pas des êtres de désir… », Michelet avait déjà parlé de gens qui n’ont pas assez vécu.» Oui, parce que si vous construisez toute votre existence sur cette sorte de zapping, vous évitez d’être mordu, vous évitez d’être entamé et l’autre n’aura pas vraiment de prise sur vous. Et vous pouvez même passer votre existence à vous « remparder » contre toute intervention de l’autre, et avec un peu de chance « vous mourrez avant d’avoir vécu ». Avant d’avoir vécu comme désirant !

Vous avez évoqué l’« addiction généralisée », je vous suivrais volontiers, d’une certaine manière. On est dans une sorte d’état limite généralisé. Quand je dis « généralisé », ça ne veut pas dire que tout le monde… C’est comme l’histoire de la peste, on n’en meurt pas tous, mais quelque part on en est quand même tous frappés.

Vous comprendrez pourquoi, du coup, j’introduis comme ça, pour rendre compte de la pathologie actuelle, une triade : l’addiction, oui, évidemment, la dépression, pourquoi la dépression est au cœur, parce que la dépression, c’est ce qui vous arrive quand vous n’êtes plus arrimé dans le vide, quand vous ne savez plus soutenir que ce que vous décidez, vous le décidez à partir de vous, c’est-à-dire du trou qui vous constitue, du réel qui vous constitue, de la confrontation au réel qui vous constitue. Et si vous essayez de tenir, parce qu’on vous dit de partout qu’il faut néanmoins tenir, à un moment donné, vous lâchez, ça fait burn-out , ça fait « on n’en peut plus », ça fait « fatigué d’être soi », comme disait Ehrenberg, et ça fait justement dépression. Ça fait addiction, dépression.

Et troisième symptôme sur lequel je pense qu’il va falloir se pencher et pour lequel, à mon avis, les enseignants sont aujourd’hui en très bonne place, c’est l’absence à soi-même. Beaucoup d’enseignants parlent de ces élèves qui sont là devant eux, qui font ce qu’ils doivent faire, mais c’est comme s’ils n’étaient pas là. Ils ne rencontrent personne, il n’y a pas personne.

Dans son journal, Luc Dardenne, à propos de leur avant-dernier film, « L’enfant », disait à propos de Bruno : « Bruno n’était pas là », à la fin du film, il sera là. Pour ça il va faire l’épreuve d’une souffrance, d’une douleur qui va être métaphorisée dans ces pleurs qu’il aura à la fin du film, là, devant sa compagne, dont il avait vendu l’enfant ... puisque aujourd’hui « Pourquoi est-ce qu’on ne vendrait pas un enfant, étant donné que de toute façon on peut en faire un autre, et qu’on a besoin d’argent, où est le problème ?

Vous voyez que ça suit bien son cours de ce côté-là. N’étant pas contraint à subjectiver, c’est fou ce qu’on peut se permettre, évidemment. Et c’est dans l’après-coup qu’on vient tout à coup être remis à sa place, si tant est qu’on ait la chance de rencontrer quelqu’un qui veuille bien le faire. Parce que ce quelqu’un qui veut bien le faire, d’où assure-t-il sa légitimité pour tenir cette place d’autorité à l’égard de quelqu’un d’autre ? C’est ça la question !

Voilà pourquoi, je dis que l’addiction est effectivement un symptôme de société, parce qu’elle est plutôt le symptôme de comment notre société contrevient aux lois de la condition humaine. Ceci n’est pas du tout pour moi un constat catastrophiste, je vous le dis tout de suite. C’est un constat médical. Il vaut toujours mieux savoir à quoi on a affaire. D’abord essayer de voir où est le mal, de quoi s’agit-il ? Plutôt que de partir dans 1001 ripostes, réponses, qui seraient peut-être totalement inadéquates et qui nous feraient perdre du temps. Je pense, j’espère avoir un tout petit peu contribué à vous faire entendre où se trouve la difficulté. Elle est donc importante, puisqu’elle nous atteint tous, d’une certaine façon. Elle est aussi sujette à nos propres réponses. Là je prendrai volontiers appui sur la phrase de Hölderlin, que vous connaissez, sûrement : « Là où croît le danger », du verbe croître, « croît aussi ce qui sauve ». A nous de le trouver. Merci beaucoup.

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