J’ai fait un voyage en lisant l’ouvrage de Thierry Goguel d’Allondans.
Ces « sexualités initiatiques » sont un voyage au cœur des initiations à la sexualité. Un regard anthropologique sur les sociétés d’hier, d’ailleurs et nos sociétés modernes. Avec cette phrase énigmatique « la révolution sexuelle n’a pas eu lieu », j’ai voyagé en d’autres époques, en d’autres contrées jusqu’à aujourd’hui, dans ces instants qui marquent à jamais. Le temps des premières fois avec leur caractère initiatique qui font trace en signant un évènement dans nos vies.
L’auteur nous emmène sous différentes latitudes à la découverte de rites d’initiation, et on se laisse embarquer avec bonheur et curiosité, dans les années 30 du pays vendéen ou chez les jeunes Murias. Dans le Guotul des Murias, les jeunes gens font un apprentissage joyeux et empreint d’une innocence et d’une fraîcheur attendrissantes de la sexualité. Là, pas de honte ni culpabilité, mais pas de totale liberté non plus, les adolescents sont accompagnés dans l’entrée de leur sexualité qui participe de la structuration de leurs vies. Ces micro- sociétés ont toutefois des règles très strictes sous des apparences de licence.
Dans nos sociétés modernes, nous assistons à ce « moderne paradoxe que la sexualité se lit partout, de plus en plus tôt, et semble ne se dire nulle part ». Les adultes sont embarrassés avec les questions des adolescents qui doivent vivre les changements qui surviennent dans la gêne, la honte, comme en se cachant. Le corps, la chair, sont offerts aux regards, on ne peut rien ignorer d’une « certaine mécanique ». Mais, là où il faudrait des mots, on trouve des silences embarrassés, « il n’y a que l’absence de paroles, le vide de langage, qui puisse nous laisser tout désemparé ».
La gêne, la culpabilité sont parfois accentuées « par la maladresse des aînés », quand les mots font défaut, les maux nous gagne…
Alors, non, la révolution sexuelle n’a pas eu lieu, puisque ses mots ne trouvent pas de corps… la sexualité ne se dit pas.
Thierry Goguel d’Allondans cite dans son ouvrage Didier Dumas Et si nous n’avions toujours rien compris à la sexualité : « Un siècle de psychanalyse n’a pas suffi à faire comprendre que la santé mentale des adultes que deviennent nos enfants dépend, en premier lieu, de la qualité des paroles sur le sexe et la mort que leur ont délivrées leurs parents ». Comment se débrouiller lorsqu’il n’y pas de mots pour rythmer ce passage fondamental à l’adolescence ? Les adolescents créent leurs propres rites avec leurs corps, le marquant de différentes façons (tatouages, piercing…). Ce corps dit, raconte une histoire, symbolise ce passage.
Avec ce corps, avec leurs mots, ils viennent interroger les questions existentielles. Comme à travers l’exemple de Nadège, cette jeune fille qui voudrait soit travailler dans une entreprise de pompes funèbres, soit dans une agence matrimoniale… Les adultes sauront ils entendre derrière cela la quête de rituels qui nous font défaut aujourd’hui ?
J’ai fait un voyage dans le temps, dans le monde avec cet ouvrage ; ailleurs ici ou maintenant, les sexualités initiatiques traversent les lieux et les époques.
Christelle Garau, éducatrice PJJ
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