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L'enfant bleu

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L'enfant bleu
Actes Sud
31/12/2006

« Il tourne soudain les yeux vers moi : la petite fille sauvage crie dans la bouche du démon. Elle appelle l’enfant bleu, le démon de Paris est bararbouillé par ce cri que nous on n’entend pas. Ses yeux s’enfoncent, il perd son nez, il se gargouille comme on l’a fait.
Son autobus arrive le premier, il y grimpe de profil, cramponné à son sac, et se réfugie dans un coin» 1

De profil, cramponné, réfugié…

Voilà comment plonger au sein de la solitude et de l’angoisse d’un adolescent en grande souffrance, en grande violence et que le diagnostic de la psychiatrie avance comme psychotique. Psychotique, certes, et délirant, et persécuté par le regard, et en totale dispersion du corps, mais pourtant… Ni handicapé, ni débile, ni monstrueux.
Cet adolescent de 16 ans, est pris en charge par une psychanalyste qui se sent concernée à ce titre : elle, comme lui, font « partie de ce peuple accablé par la sourde terreur de ne pas comprendre le monde et ce qui s’y passe »
Pouvoir partager la douleur, premier acte de tout soin, la comprendre, s’y arrêter ; entendre tous ceux qui ne peuvent « parler le français bon. Nous…on ne peut parler que le français des bazardés, des charabiacés. Ceux qui partent pour être domestiqués à l’hôpital de jour 2 »
Ceux-là même qui sont pris comme otage par le langage parce qu’ils ne peuvent en passer par les lois de la castration. Ceux qui restent envahis par la « lalangue », ce langage empreint de la langue maternelle dont le « parlêtre » n’a pu se dégager. En toute humilité elle se fait « le secrétaire de l’aliéné » pour mettre en mots et par écrit, ce qu’il désigne comme « ses dictées d’angoisse ».
De sa position d’extériorité, elle va saisir la balle d’un talent qui s’ébauche, et la faire rebondir avec à propos, lorsqu’il s’invente une île, son île, son domaine de sécurité. Elle l’accompagne pour lui permettre d’échapper à son enfermement. Elle accueille ses inventions lorsqu’il s’adjuge un double, un enfant bleu qui le rassure, lorsqu’il s’agit d’affronter les monstres et leurs rayons qui le lacèrent, le traversent et qu’il perd tout contrôle de lui-même.
Clinicienne subtile à qui l’instinct ne fait pas défaut, elle a le talent de savoir s’effacer et de se savoir désarmée ; sa justesse de position lui permet d’accueillir la différence et de ne rien interpréter. Démunie mais présente et patiente devant les déferlements de jouissance dont elle ne sait que trop l’imprévisibilité des retours, malgré la cure, elle lui fait construire laborieusement, au quotidien, du possible. Tentative de réglage d’un nouage du réel et de l’imaginaire où fait défaut le symbolique.
Elle étaye inlassablement, et va frayer ce passage vers une ouverture où il pourra inscrire son nom et se fabriquer un « sinthome » comme disait Lacan : l’art, la peinture, voire la sculpture ; bel exemple d’effacement de l’un, pour accueillir l’autre dans sa différence.
L’aider à tracer son chemin, afin de l’inscrire dans cette société d’exclusions et de peurs, afin qu’il trouve une place aléatoire mais acceptable. Elle fait la démonstration que la psychose n’est pas du côté d’un moins, de la carence, mais qu’on peut en faire surgir du nouveau, de l’invention. Elle canalise le délire ; en ne l’alimentant pas mais en ne s’y opposant pas ; en apaisant, en sécurisant. « Délirer » nous dit le dictionnaire étymologique : sortir du sillon, ne pas se conformer, sortir des sentiers battus … Et alors …Est-on un paria pour autant ?
Des Van Gogh, Joyce ou Maupassant en ont ouvert la voie. Démonstration, si besoin était, qu’au même titre que la perversion ou la névrose, la psychose n’est qu’un mode de construction de l’être humain,

Florence Plon, psychanalyste

Commentaires

Bauchau

Ce livre est une merveille, poignante… Mais j'en encore plus aimé d'autres livres de Bauchau : Antigone, Œdipe sur la route. Des chefs d'œuvre.
Je découvre votre site, lié à celui de l'AGSAS. Merci pour ce magnifique travail.

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