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Art et psychanalyse

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Art et psychanalyse
Payot
31/01/2014

Art et psychanalyse, J.-D. Nasio, petite bibliothèque Payot, 2014, 7 €, 157 p.

Quand un décrypteur d’histoires raconte un raconteur d’histoires 1 , on a cette collusion étonnante d’un psychanalyste rencontrant un peintre : Vallotton (1865/1935) un peintre dont l’auteur va nous permettre la découverte, suite au travail dans lequel il se plonge pour inaugurer l’exposition du Grand Palais de 2013/2014 : suivez le guide…

« Il ne voit devant lui que ce que son inconscient lui dicte de voir et de peindre ». 2 Tout est dit. L’auteur va s’attacher, avec ses qualités d’empathie, voire une forme de télépathie posthume, à suivre et poursuivre les détours de l’imagination du peintre en mettant à son service ses propres émotions. Manière inattendue de décoder le don, l’élan d’un artiste emporté dans sa création. Une création sur la création en somme, qui signe un échange finalement très humain. Regarder le beau crée l’envie, le désir, pour l’artiste comme pour le spectateur, entretenant une joyeuse alchimie de partage, de connivence, depuis le regard du peintre sur lui-même et son monde, à celui, porté sur le peintre et son œuvre. Des chemins de vie qui se croisent au gré du hasard et du choc des inconscients les uns sur les autres. Presque de l’écriture automatique, dénuée de toute visée critique, pour faire place à l’esthétique

Mais n’est-ce pas cela le propre de la culture ? Nous sortir de la nature pour nous faire accéder à l’esthétique, à l’humanité… Une façon d’aborder les conséquences de la sublimation, dans leur impact sur les spectateurs des générations présentes et futures. Et ce, à la lumière de l’angle éclairant de la psychanalyse. Ainsi se développe cet accès comme quoi le peintre ne peint pas la réalité, mais sa réalité (ce en quoi il reste un peintre réaliste), une déformation de la réalité prise dans le prisme de son fantasme (du moins en ce qui concerne la névrose). D’où, sans complexe, pour l’artiste, l’introduction de la laideur afin de « saisir la quintessence de l’être féminin, sa part impartageable avec l’homme. » 3

Comment l’artiste se débat-il avec ses angoisses, son amertume (ici pour Vallotton) ou son passé, marqué  du sceau de son fantasme, et de ses démêlés avec la perte de l’objet@ et ses trouvailles de substitution ? Après quoi coure-t-il ? C’est également le thème développé par l’auteur quant à la relation emblématique de La Callas à sa voix !

On y piste la dépendance du créateur à son enfance, à ses traumatismes, à son passé lourd, pour Vallotton, de tragédies qui rejaillissent sur l’âge adulte. Tragédies que le peintre stigmatise lui-même sans aménité : « J’aurai toute une vie été celui qui, de derrière une vitre, voit vivre et ne vit pas ». Sa libido détournée de la femme par l’angoisse se reporte donc sur le plaisir de l’œil. Le rapport à la mère et par delà à la femme, trouve une place de choix dans cette observation. Vallotton peint une sexualité de regard  plus portée sur la maman que sur la putain. Il se fait le peintre de la solitude, peintre solitaire… de l’incompatibilité entre les sexes et de l’éloignement des êtres ! Témoin de scènes intimes dont il s’exclue. Si Flaubert se voyait dans Madame Bovary, Vallotton se voit dans ses peintures, non pas pour ce qu’il est, mais plutôt pour ce qu’il n’est pas.

L’auteur tente des hypothèses, ouvre des voies, recentre l’action de l’inconscient au cœur de l’art, de l’opéra, de la peinture, de la danse, sans chercher à tout révéler, et ce, au gré d’une bienveillante neutralité. Conteur des rêves d’autrui, il se balade dans son imaginaire, qui se balade dans l’imaginaire de l’artiste, pour le bonheur du lecteur emporté par cette passionnante balade !

Florence Plon

Vallotton était aussi écrivain et ses tableaux intimistes signent de véritables scènes de vie.

  p 38

  p 43

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