mercredi 06 décembre 2006
Ce qui n’est pas visible se révèle à qui sait écouter en dedans jusqu'à ce que cela devienne perceptible par un signe extérieur, et nous ne percevons rien qui ne se différencie de son environnement ambiant, des confusions ou de la séparation des pouvoirs. C’est ainsi qu’au milieu d’une cohorte de chasseurs de voix et d’histoires croustillantes, parlant beaucoup, au détour du chemin, j’ai rencontré une Grande Personne.
Son nom ? Il appartient à tous ceux qui regardent de façon aussi simple qu’un Bonjour qu’on n’oublie pas de dire,, le Respect. Son métier ? Il se découvre entre les lignes du texte, la Conscience. Sa devise ? Droit devant. Ses moyens ? Du désarroi et de la maltraitance. Et tout ce qui s’en suit de son lot quotidien ;
Du souffle court des premières lignes des singulières biographies qui lui sont déposées en vrac, elle sue, trébuche sur les mots à la recherche d’une réalité qui lui semblerait objective, les silences se mêlant aux dialogues. Il lui faut d’arrache cœur mais aussi de casse-tête habiter tous les textes, les absorber, les épurer, enfin les expirer pour en tirer raison. Il en est ainsi tous les jours de son temps consacré aux souffrances, aux événements et à leur analyse qu’elle fait rebondir en écho à l’endroit de la vie. Elle conduit discrètement le labeur jusqu’au bout, en s’excusant parfois de devoir réclamer son juste salaire correspondant à la tâche. Qui exerce cet Art avec une telle délicatesse et si peu de moyens, sans dogme d’aucune sorte, construit maux à mots l’édifice des convictions qui se pèsent, se mesurent une par une, tous les jours. Pratiquer l’Art de cette pensée dans l’exercice de sa mission, c’est bien en cela que réside toute la profondeur de tous ces métiers d’artisans d’affaires humaines, capables de suggérer à l’Autre au-delà de leurs sphères, mille et une idées susceptibles de provoquer une modification des convictions premières, au contraire de ceux qui jettent au centre de l’arène leurs idées arrêtées, tiennent à les conserver, qui croient savoir sans avoir travaillé, sans avoir écouté, et font foi en leur infaillibilité comme autant d’affronts à l’égard de tout Autre qu’eux-mêmes, et si avides d’un pouvoir exercé d’une seule et unique main.
La pensée est une force en elle-même, un principe absolu de liberté de conscience, de liberté tout court, sans qu’elle n’ait besoin d’interprètes, de déformateurs, ni de chiffres pour se communiquer. Certes, le langage manque pour exprimer l’énergie et le temps qu’il faut pour ces choses abstraites qui nécessitent parfois le recours aux images, aux symboles pour la rendre visible aux esprits attentifs. Les plus instruits de ces lois intérieures en respectent l’usage pendant qu’une multitude préfère les clichés à la mode, les effets oratoires, la propagation de l’indifférence, les querelles fastidieuses tout en réclamant œuvre réformatrice pourvu qu’elle ne transcrive que ce qui va servir les appétits féroces de « richesses qui donnent des jambes aux boiteux, de la beauté aux laids ».
RABELAIS transmettait cette devise « Ne bousculez pas les retardataires pour les obliger à marcher malgré eux ; contentez-vous de les précéder en les encourageant ».
Honnêtes marins qui naviguent à vue de plus en plus souvent faute d’instruments, de temps et d’équipiers en nombre, il est temps de les voir et de leur rendre hommage, ceux qui sont puissamment animés du désir de guider humblement chacun des pas qui manquent quand le cœur paralyse à des moments critiques des tourments de la vie., animés du souci de préserver ce droit qui fonde nos rapports des uns envers les autres. Qui se désintéresse des moyens de justice laisse entrevoir le pire dans une démocratie, son abandon. entre des mains tueuses de toutes nos libertés.
Le 8 décembre 2006