lundi 24 septembre 2018
S.N.U : Le creuset républicain va-t-il finir par creuser la tombe de notre terre ?
Service National Universel : Oxymore ou antithèse ? Là est la question ! Les intellectuels, les philosophes et les psychanalystes pourraient prendre la peine de l’expliquer, plutôt que de se distinguer par un «silence assourdissant» sur le sujet ! Le SNU relève-t-il d’«un changement dans la continuité» ? D’un «universel singulier» ?
J’apprécie le paradoxe mais seulement quand il est de génie : «Je sais que c’est la coutume D’adorer ces nains géants Qui, parce qu’ils sont écume, Se supposent océans ;» (1) Or dans ce projet, de génie (autre que militaire), il n’y en a point ! Sa dernière tentative d’instauration remonte à 2006, proposition socialiste nommée alors service civique obligatoire (SCO) qui avait au moins, le mérite d’être claire. Ce sujet n’est pas seulement fatiguant par son éternelle répétition, il l’est aussi par son caractère suranné. Si nous avons vraiment besoin dans notre pays d’un développement durable, il va nous falloir trouver aussi, une alternative durable au service national, sous peine de le voir ressortir à chaque quinquennat, tel un diable de sa boite, en brandissant son drapeau national aux prétentions universelles.
L’urgence écologique.
Quand on veut construire une cathédrale dédiée au respect de la Nation, il faut déjà commencer par bâtir des fondations solides, or la terre, notre socle commun à tous, la première qui puisse se targuer du qualificatif d’universel car elle nous permet de respirer, de nous nourrir et de vivre, quelle que soit notre couleur de peau, nos croyances ou notre rang social, autrement dit, notre terre nourricière, peut de moins en moins nous assurer ce socle solide car sa lente agonie est entrecoupée de soubresauts, qui nous obligent tous aujourd’hui et d’urgence à modifier notre rapport à elle. Quand on a pris conscience de cette réalité, on ne peut que s’interroger sur les non-dits de ce S.N.U, on peut lire notamment qu’il serait : « mis à profit pour prolonger la formation civique et la sensibilisation aux sujets de sécurité et de défense en vue d’accroître la résilience individuelle et collective » (2) Déjà, la résilience individuelle n’a rien à voir avec la résilience collective, ensuite, ce terme est très mal choisi car il est revenu sur le devant de la scène, avec l’urgence écologique et terroriste, hasard ou lapsus révélateur ? En informatique, la signification du mot est « la capacité d'un système ou d'une architecture réseau à continuer de fonctionner en cas de panne. » (3) Si on associe ces deux options au domaine de la gouvernance collective du S.N.U, on se rapproche de ce qui peut s’apparenter à «une gestion du risque» climatique et social car le climat autant que le social deviennent de plus en plus difficile à prédire, ils n’ont plus de frontière, le climat se dérègle de façon généralisée, quant au social, le local peut avoir grâce aux réseaux sociaux une ampleur très vite nationale voire internationale.
Vouloir encadrer ces risques, par le truchement de la morale est aussi dangereux qu’inefficace. Dangereux car cela sous-entend un désengagement de la jeunesse, ce qui a l’art de l’irriter et pour ce qui est des bouleversements climatiques, il serait totalement utopique après les multiples appels de scientifiques, artistes, citoyens et la démission de notre ministre de l’environnement, de penser que les jeunes vont docilement et inlassablement s’attacher à réparer les dégâts de leurs ainés, sans remettre en cause les choix de nos gouvernements successifs en la matière.
Ainsi au risque que j’exposais déjà en 2006 (4) de créer une main d’œuvre bon marché vient s’ajouter aujourd’hui, celui de vouloir former les jeunes à la gestion des risques engendrés par le terrorisme et le climat. Ce n’est bien sûr qu’une hypothèse mais il est nécessaire de l’évoquer car c’est une conception inédite du rôle de l’armée qui associé à celui de l’éducation serait en mesure de modifier totalement et profondément, la mission de l’enseignement public en matière de citoyenneté.
L’éducation à l’environnement est aujourd’hui prioritaire.
Dans le parcours citoyen, l’éducation à la défense et celle à l’environnement ne sont pas des enseignements comme les autres, si la première prône l’obéissance et la discipline, la seconde se conçoit dans une démarche de démocratie participative, elle se construit collectivement au sein des établissements scolaires, en y associant les élèves. Les nouvelles règles qu’elle propose ne sont pas extérieures aux élèves; ils participent à leurs définitions et se les approprient soutenus au besoin par des éco délégués.
Le danger du caractère obligatoire du S.N.U est dans le processus de normalisation qu’il engendre, au détriment d’une émancipation de la pensée. Or, cette émancipation est indispensable si nous voulons que le consommateur passif devienne un éco citoyen responsable, pour cela, il faut mettre en place des méthodes éducatives qui favorisent la capacité de réflexion, d’initiative et d’innovation collective. Le parcours citoyen doit favoriser chez l’élève, le sentiment d’appartenance au monde tout en lui donnant confiance en sa capacité à agir positivement sur celui-ci (en son pouvoir créateur.) Pour que cela se puisse, l’élève ne doit pas être intégré à une action déjà existante, dans laquelle il n’aurait qu’à «suivre» l’exemple donné par les adultes. Il doit au contraire être à l’origine de l’aide proposée et pouvoir expérimenter directement cette capacité de création. Notre planète est aujourd’hui à son point de rupture car des générations entières ont manqué d’une éducation solide à l’environnement, de ses connaissances et de ses valeurs de respect fondamentales. Cette éducation ce n’est pas simplement apprendre aux enfants et aux étudiants à faire du recyclage ou à consommer bio : c'est beaucoup plus que cela ! C’est le chemin vers l'alternative à la société de consommation, l'apprentissage de la culture de l’économie sociale et solidaire (E.S.S) grâce notamment aux partenariats que peuvent développer les structures scolaires avec des acteurs extérieurs qui œuvrent dans le domaine de l’environnement. Il s'agit de former des éco citoyens responsables et solidaires.
Nous demandons le transfert du financement prévu pour le Service National Universel Obligatoire à l'éducation à l’environnement, dans tous les établissements scolaires;
Nous interpellons le gouvernement pour qu’il renonce au service national universel et fasse un geste fort en direction des jeunes et de l’éducation à l’environnement , pour former les éco citoyens de demain, en leur garantissant l’exécution de l’article 1ER de la charte de l’environnement qui a valeur constitutionnelle et qui proclame : « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé. »
Nous demandons , que la Journée mondiale de l'environnement, célébrée le 5 juin soit l’occasion d’un grand rendez-vous citoyen et de dialogue territorial et Intergénérationnel dans tous les établissements scolaires ouverts aux familles, au public, à la presse, aux acteurs et aux experts de l’environnement, aux médias…Que la France ENTIERE puisse se retrouver pour un partage d’informations, de savoir-faire et de savoir-être autours de jeunes éco citoyens en devenir, responsables et solidaires.
P.S :Je n’utilise pas le terme de "développement durable" bien que ce soit celui employé par l'éducation nationale car il est plus juste de parler ici de décroissance. "Il ne peut pas y avoir de croissance infinie dans un monde fini."
Notre pétition attend vos signatures ici Merci les amis !
https://www.change.org/p/oui-a-l-education-a-l-environnement-non-au-service-national-universel
1 Victor Hugo, Les Contemplations, XVII
2
3 http://lionel.mesnard.free.fr/le%20site/psy-resilience.html
4 Le Monde Economie 26.06.2006 «Obligatoire une bonne idée ?» Propos recueillis par Propos recueillis par Francine Aizicovici
5 https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_economie_critique/a5705