mercredi 15 juillet 2020
Quatorze juillet 2016
Il y a quatre ans à Nice, un crétin pseudo djihadiste assassina 86 personnes au volant d’un 19 tonnes. Parmi eux, Pierre Hattermann, psychanalyste, psychologue clinicien, formateur et conférencier. Il fut mon psychanalyste, il devint mon ami, mon interlocuteur principal, un vrai complice. Je l’avais encore vu la veille de son départ en vacances ; il était si content de partir en Corse, en famille. Alors comme beaucoup d’autres, la veille de prendre la bateau, il est allé voir le feu d’artifice. C’était un beau soir d’été, un de ces soirs où l’idée même de mort est hors scène, obscène. Son épouse Françoise et son fils Elouan sont morts sur le coup. Pierre est resté trois semaines en réanimation et décédé le quatre août. La douceur entoura les derniers jours de Pierre. « Il se dégageait de lui quelque chose de magnifique, de puissant » raconta son frère, touché par l’empathie du personnel soignant de l’hôpital Pasteur de Nice.
Pierre était un fédérateur, il rassembla des gens très différents, il anima des collectifs, des lieux -ressources, il créa même un Centre de formation à la psychanalyse, et c’est en ce lieu que j’ai connu les prémices propédeutiques de ma formation de psychanalyste. Il a laissé un vide et certains collectifs n’ont pas survécu, la pulsion de mort fut la plus forte. Seul un groupe de lecture continue à se rencontrer mensuellement. Que dire de plus ? Peut-être que l’existence (trop brève) d’un Pierre Hattermann peut nous réconcilier avec l’idée d’humain, il avait tout pour lui, l’intelligence, la culture, la volonté de transmettre, et…une rare gentillesse.
A Nice, et malgré ce paysage de carte postale, je ne peux me résoudre à y retourner, l’asphalte y saigne…
Serge DIDELET, le 14juillet 2020