dimanche 18 juin 2017
Politique et pulsion, essai d’analogie.
La pulsion se définit comme une force qui pousse l’humain à devenir. Au plan du collectif, la politique a bien cette charge du devenir, du développement interne et externe d’une société. Tout comme la pulsion est frontière, réunion et séparation du dedans et du dehors, la politique œuvre à fédérer des groupes dans un but d’avancée dans le but assigné. (Qui peut parfois, il est vrai, n’être que la préservation du même)
La pulsion se définit par la poussée, son but, son objet et sa source.
Le destin des pulsions est multiple : sublimation, refoulement, renversement de la pulsion en son contraire, retournement sur la personne propre.
L’objet de ce petit texte est de proposer une recherche qui vise à savoir s’il y a un effet de pérennisation des mouvements politiques en fonction de la congruence de ces quatre éléments cités plus haut, ou d’estimer le poids de chacun dans une logique de durée.
Nous laisserons de côté la pulsion en tant que le politique se propose de l’endiguer de par ses capacités organisationnelles, bien qu’il y ait bien sûr un aspect pulsionnel non négligeable à la base de tout mouvement ploitique.
La poussée : on pourrait mesurer la poussée d’un mouvement, sa force au travers de ses moyens de diffusion et d’expansion. Quel est le média : journaux, télévision (fréquence de passage des représentants des mouvements), livres, essais, culture, à savoir chansons (Escudero, Ferré, Béranger, Lavilliers, mais aussi Claude François, Mireille Mathieu…et oui...opéra, musique contemporaine (Verdi, Wagner, Messiaen, Boulez et son marteau sans maître.) Essayer de mesurer aussi l’impact des manifestations de rue, des collectifs, des groupes de pression, des lobbies ; voire des actions guerrières, lancé de missiles, croisée de patrouilleurs…
Son but : tout mouvement politique se définit par un but.
Ce peut être accroitre le rayonnement du pays, sa place dans le monde, son poids économique. Il peut s’agir de concourir, pour un mouvement politique, à l’affirmation de groupes industriels nationaux, voire à viser une certaine hégémonie économique.
Il peut s’agir de viser à un certain équilibre entre la préservation de valeurs culturelles, le développement de ses modèles sociétaux et le bien être de sa population ; voir à ce sujet l’indice « vivre mieux » lancé par l’OCDE en 2011.
Le but peut être l’idée de préserver une supposée domination ethnique ou « raciale » et ceci bien que les races n’existent pas d’un point de vue scientifique. De nombreux drames du XXème siècle ont eu ce soubassement idéologique à l’œuvre et il en existe encore au XXIème siècle.
il sera important de mesurer si le but affiché est bien celui qui est recherché, en analysant les textes de loi proposés, le maniement des budgets de l’état.
Son objet : là je tendrai à définir l’objet d’un parti par ce qu’il représente en tant que mouvement social. Quel est le groupe social concerné par sa dynamique ? On rejoint là, bien sûr, le but de l’action. Mais il peut être intéressant de considérer en quoi l’objet et le but sont cohérents. Cela revient à questionner les positionnements droite/gauche des mouvements. Que revendique le mouvement, quelle oppression dénonce-t-il ? Quels moyens met-il en place pour aboutir ?
Sa source : Quelle est son point de départ historique ? Quelles figures l’ont généré ? Mesure-ton un écart avec la pensée des fondateurs ? Ces écarts sont-ils justifiés par une argumentation ? Par exemple, un mouvement attaché à la défense des travailleurs anticapitaliste et qui laisse cet aspect de côté du fait « d’un principe de réalité » de la mondialisation, ce mouvement argumente-t-il, reste-t-il cohérent avec son identité ? Est-ce que l’ancienneté de la source a une influence sur la pérennisation du mouvement ? Y-a-t-il un épuisement du fait de valeurs devenues obsolètes ou non renouvelées ?
Il s’agirait aussi d’essayer de comprendre le passage du mouvement au parti politique et vice versa, du fait que certains partis se rattachent après coup à un mouvement, une pensée émergente.
Le ni droite ni gauche prôné récemment, la valorisation de la technicité, une forme d’anhistoricité qu’on retrouve d’ailleurs dans les mouvements thérapeutiques, peuvent-elles se penser comme un mouvement ? Le rejet de la théorie au profit du pragmatisme, de ce qui marche, peut-il s’entendre comme une nouvelle façon de penser et d’agir ? Je ne voudrai pas répondre à priori à cette question. Je propose cela comme objet d’étude. un certain recul me parait exister avec ce qui s’est passé en Italie, en Grèce. La question est un mouvement doit-il être fondé en raison pour être efficace ou suffit-il qu’il s’inscrive dans la supposée (ou réelle) scientificité d’une époque, plus encline au maniement des algorithmes qu’à la définition de ses soubassements.
Patrice BOSC
Le 13.06.2017