mardi 03 octobre 2006
Madame, Monsieur,
Nous tenons à vous informer de la situation actuelle des hôpitaux psychiatriques du service public, et plus spécifiquement de celui vous concernant, l’hôpital Esquirol.
Notre hôpital dispose d’une maternité qui pratique près de 2000 accouchements par an.
Il couvre les besoins en santé mentale des 1er, 2ème, 3ème, 4ème, 11ème et 12ème arrondissements de Paris, les communes d’Alfortville, de Saint-Maurice, de Charenton et de Saint-Mandé pour ce qui concerne la psychiatrie adulte. Il dessert une partie du Val-de-Marne et du centre de Paris pour le dispositif infanto-juvénile.
Depuis une trentaine d’année, les soins psychiatriques ont considérablement évolué et de nombreuses structures de proximité se sont développées (Centres Médico-Psychologiques, Centres d’Accueil et de Crise, Centres ou Hôpitaux de Jour, Accueil Familial Thérapeutique, Maison Communautaire, Appartements Associatifs, structures implantées au plus près des lieux de vie.) mettant l’accent sur la prévention et le maintien des personnes souffrantes dans leur environnement social. Les patients nécessitant une hospitalisation temps plein sont quant à eux accueillis à l’hôpital Esquirol de St-Maurice.
Mais, à l’heure actuelle, les baisses successives des budgets ont mis les équipes en sous-effectifs, obligeant à fermer un grand nombre de lits et/ou des structures alternatives.
Rien ne laissant envisager une amélioration, et ne pouvant plus assurer notre travail, nous avons décidé de nous mettre en grève.
Nous sommes en grève depuis le 26 septembre pour obtenir les moyens suffisants pour assurer nos missions mais aussi pour protester contre notre Direction qui au lieu d’être solidaire durant ces périodes critiques, renforce nos difficultés en prenant une série de mesures non négociées qui déstabilisent voire anéantissent le travail thérapeutique que les équipes animent au quotidien, ce qui est pourtant la raison d’être de notre établissement.
Que reste-t-il d’efficacité, de qualité de soins et d’humanité quand il y a 2 agents pour 20 patients qui nécessitent de la disponibilité ?
Que reste-t-il de la continuité des soins quand on demande aux personnels d’être interchangeables pour « boucher les trous » à droite et à gauche ?
Ce qui soigne, c’est la rencontre, la relation à l’autre, et surtout le temps nécessaire pour écouter, comprendre, nouer un lien. Ce temps est essentiel pour arrimer notamment les personnes en souffrance psychique à la réalité, pour les aider à tisser des échanges dans une société dont elles sont parfois exclues.
Que restera t-il des alternatives à l’hospitalisation quand les derniers Centres d’Accueil et de Crise auront fermé leurs portes, dont celui de la Roquette, 11ème arrondissement, qui ne remplit plus sa mission faute de personnels ?
Il est urgent de remplacer tous les postes vacants. Mais les recrutements qui semblent possibles au vu des réponses aux annonces diffusées par nos soins, n’aboutissent pas. Car, c’est sur le budget des personnels qu’il a été choisi de faire des économies.
À cela s’ajoute le gel des formations continues par manque de financements, formations qui sont à la fois un droit et une obligation et dont les personnels ont un besoin vital pour développer leurs compétences mais aussi réfléchir sur leurs pratiques, à commencer par les plus jeunes des soignants dont la formation initiale reste très insuffisante au regard de l’exigence de nos missions.
Ces nouvelles pratiques permettant un accompagnement de qualité et exigeant des engagements financiers et humains, et ce sont justement celles qui sont directement menacées.
Au nom de quelle doctrine, de quelle loi peut-on ainsi abandonner des personnes malades et les professionnels qui les soignent ?
La réalité budgétaire, associée à une confusion générale entre le sécuritaire et le soin, est en train d’engager notre établissement vers une régression inacceptable : retour à l’enfermement et à la contention, à la sur-médication, à des conditions d’hospitalisation génératrices de frustrations et de violences. Nous connaissons malheureusement les risques inhérents à la sur-occupation des lits conjuguée au sous-effectif…
A la Maternité, le manque de personnel ne permet plus d’assurer les soins avec toute l’attention et la sécurité que requiert une naissance.
Cette situation n’a que trop duré et nous avons atteint aujourd’hui un point critique. Les équipes s’épuisent et les usagers en pâtissent.
En tant que professionnels de santé nous estimons que les personnes prises en charge par nos services ne bénéficient plus de conditions d’accueil et de modalités de soin de qualité auxquelles elles ont droit.
Nous appelons chacun d’entre vous, patients, familles, citoyens à réagir avec nous et à demander des moyens pour garantir nos missions et vos droits en tant que citoyens.
Nous vous invitons à saisir la Direction de notre hôpital, nos tutelles (DDASS, Agence Régionale de l’Hospitalisation, Ministère de la santé) et vos élus…
Saint-Maurice, le 27 septembre 2006
DASS de Paris
75 rue Tocqueville
94010 Créteil Cedex
fax : 01 48 98 09 39
DASS du Val de Marne
38-40 rue Saint Simon
75850 Paris cedex 17
fax : 01 58 57 11 44
ARH Ile de France
14 avenue Duquesne
75007 Paris
fax : 01 40 34 24 41
Ministère de la santé et des solidarités
17-19 avenue de Flandres
75954 Paris Cedex 19
Hôpital Esquirol
57 rue du Mal. Leclerc
94413 Saint Maurice Cedex
fax : 01 43 96 61 83
Pour tous contacts :
Syndicat CGT hôpital Esquirol : tel 01 43 96 6 0 57
fax 01 43 96 61 52
courriel : synd.cgt@orange.fr
Syndicat Sud Santé hôpital Esquirol : Tel 01 43 96 6 0 54 fax 01 43 96 61 58
courriel : esquirol@sudsante94.com
courriel du site : personnelsesquirol@yahoo.fr
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