samedi 08 septembre 2012
L’accompagnement psychologique de l’homme blessé
" Sibi et Orbi"
Quand nous avons été objet de mépris, de négligences, de maltraitances, d’abus, quand les bras, les paroles, les regards suffisamment aimants ont manqué et parfois très précocement, là où les limites ne sont pas ressenties, la personne ne peut se contrôler ; c’est le règne d’une impuissance angoissante, impuissance à être, impuissance à se contenir, impuissance que les images héroïques révèlent et masquent à la fois. C’est qu’il n’y a pas eu de contenant, ou bien qu’il fut poreux.
Alors l’autre n’existe pas, simplement parce que Soi n’existe pas. Ce mépris de soi et de l’autre se traduira au quotidien par des comportements inappropriés et violents qui expriment les blessures de l’être à des degrés variables. Ici, la fonction paternelle à fait cruellement défaut et la personne dans son fond intérieur n’est jamais assuré d’être à la bonne place ou d’avoir une place dans ce monde.
Ainsi l’homme peut être affecté/infecté par des conflits internes qui mettent en relief une fragilité identitaire, un doute ontologique, une faille. L’impuissance émerge de cette personnalité trouble. L’enfant, pour y survivre, a du refouler parfois jusqu’aux sensations de ses contours corporels, avec dans le même temps des perturbations émotionnelles et cognitives.
Cependant que la jouissance immédiate, irrépressible, mêlée à une angoisse diffuse, apparaît comme une promesse d’accalmie de cet imaginaire sans limite, lequel lié aux pulsions contient les images distordues d’une histoire d’enfant objet. Un travail psychologique doit être engagé qui aura pour conséquences le désamorçage de la spirale mortifère des passages à l’acte jusqu’à ces "danses macabres" qui mettent en scène la personne méprisée dans sa quête pour soulager l’angoisse qui la taraude, voire des peurs très archaïques. Cette quête inconsciente de sensations des contours corporels, d’un "moi contenant", est une quête de la limite rassurante.
Dans le travail que je propose en groupe et en individuel, Il va s’agir d’apprendre à se servir du cadre et du groupe pour construire ces contours, ce qui pour un temps agira comme une sorte d’auxiliaire. En se sentant contenu, le travail psychologique d’étayage et d’exploration relationnelle et le travail autour de la place prendra tout son sens. Le renoncement au "sans limite" doit émerger d’une expérience sécurisée/sécurisante des limites. Car c’est entre la toute puissance supposée et le sentiment profond de l'impuissance que peut émerger la puissance personnelle ; la singularité avec ses possibles, ses limites, parfois au détour de rêves que l’on croyait enfouis sous la poussière du temps.
J’ai nommée processus d’humanisation cette randonnée psychologique qui favorise le travail de mise en lumière et libère l’énergie bloquée au bénéfice d’une plus grande liberté et d’un mieux être. Véritable Chemin de Paroles d’hommes , d’accueil des ressentis, des failles, là où la fragilité devient sensibilité, il s’agit de prendre la mesure de son potentiel. C’est ainsi que, pas à pas, les blessures se referment, deviennent cicatrices, sensibilité ; la violence s’estompe, l’énergie est contenue.
Mon approche clinique met en relief la prévalence du sujet sur celle de l’acte : cette approche est respectueuse de la personne dans sa globalité et sa subjectivité. Je privilégie toute compréhension qui considère cette nécessité de l' implication affective/ subjective du thérapeute qui accepte de mobiliser ses propres mouvements internes conscients et inconscients pour parvenir à un véritable échange susceptible de toucher des éléments psychiques profonds du sujet. Cette implication personnelle permet d’accéder aux ancrages qui sont dans l’inconscient à l’origine des violences, ainsi comprises comme la manifestation de désordres, perturbations, troubles psychologiques affectifs et/ou sexuels.
Jean-Jacques Gérard
Psycho-criminologue et Victimologue
les Ateliers du Théâtre de la Vie
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