lundi 23 février 2004
Bon impossible, bien sûr, c’est pour le clin d’œil, il y avait aussi désagréable, casse pied, emm….. . C’est comme ça ! les éducateurs sont souvent pénibles.
Il faut dire que les « usagers » rivalisent avec eux pour enquiquiner les autres. Un gosse délinquant, ça fugue du beau CEF qui vient d’être construit rien que pour lui, ça ne dit pas bonjour à la dame, ça lui pique son sac ! Un gamin handicapé mental, c’est souvent éloigné de l’image qu’on veut donner de lui lors des soirées caritatives pour dames patronnesses. Le plus souvent, ça se balance, oh oui ! ça se balance !! ça bave, ça passe son temps à faire des lignes sur des feuilles, ça se prend d’affection pour un radiateur ! Un RMIste ça comprend pas pourquoi on lui restreint ses droits ! surtout qu’il y a 5 gosses à la maison et que si ça continue, il va sûrement voter plus à droite encore que le pen ! Un père maltraitant, ça maltraite !
Le citoyen, lui, ne comprend pas que ces pauvres ne soient pas gentils. Lui, il paye des impôts et ne veut pas entendre que des gosses ne sont même pas content du centre construit pour eux. Lui ce qu’il veut, c’est que les fous restent bien sages, que les délinquants arrêtent de délinquer, que les handicapé soient réparés. Il ne comprend pas que les pauvres aient encore l’eau coupée, avec toutes ces jolies assistantes sociales que le conseil général leur met à disposition. Le citoyen, fondamentalement, il paye pour qu’on lui fiche la paix.
L’éduc est à la charnière entre le citoyen et les personnes dont il a la charge. C’est bien le minimum qu’il prête un peu sa voix aux pauvres et qu’il dénonce les systèmes ubuesques qui encombres les politiques sociales. De plus, il n’est pas payé pour étouffer, ensevelir les problèmes ! A l’école, on lui a appris que son boulot c’est de permettre aux personnes qu’il fréquente d’être un peu plus libre. Il remet de la vie, et comme la vie c’est du conflit… !
Pour peu, on pourrait mimer Lacan et crier : « Si du poil a gratter l’éducateur à la propriété …. c’est un fait de structure » . En effet, l’éducateur occupe la place, le lieu de la contradiction entre la politique sociale, émanation du citoyen et la souffrance. Pour « l’usager » il est l’émanation, l’agent du politique et de ses contradictions, pour le cadre du social, l’éducateur est cet éternel empêcheur de gérer en rond.
C’est comme ça ! nous sommes pénibles ! Ce n’est pas toujours simple et il faut bien une bonne formation pour comprendre ça ! Pour ne pas en avoir honte et tenir position. Des fois je me dit que c’est pour ça que les éducs sont remplacés par des AMP, mais c’est sûrement mon côté désagréable qui ressurgit !!!
Educateur, un métier d’impossibles
jean-marie vauchez
dimanche 10 janvier 2010