samedi 23 avril 2005
Puis j’y étais aussi la semaine dernière auprès d’équipes d’IME de l’Institut Levavasseur à Sainte Clotilde. Là encore, même entrée : il s’agit de soigner les soignants et d’éduquer les éducateurs… Toujours l’acte éducatif. Comme l’IRTS de Saint Benoît m’avait fait faux bond, en me bloquant une semaine de travail et en ne m’accordant que deux jours au final auprès des ME1 et ETS1, j’en ai profité, je suis monté sur le volcan. Ça grimpe ! 5 heures de marche. Départ au petit jour. Le soleil levant sur l’Enclos. Paysage lunaire. Calme plat. Le volcan dort. Quelques fumeroles témoignent qu’il ne dort que d’un œil.
Quelle métaphore : la jouissance jaillissante d’août fait place à l’apaisement d’avril. Il y a des haut et des bas. Cela m’a fait penser à une image que développe mon amie Jeanne Lafont dans sa Topologie lacanienne et clinique analytique (Point Hors Ligne, 1990) sur la logique des trous et des bords. L’analyste serait au bord d’un volcan d’où jaillit la lave, voire la bave, substance jouissante du corps de l’analysant. « La psychanalyse est une pratique de bavardage » précise Lacan dans son séminaire, un des derniers, La topologie et le temps . Voire de « bave hors d’âge » ! A lui de tenir les bords, de les consolider. Qu’est ce qui fait bord à la jouissance, comme à la lave volcanique ? Héraclite nous indique le chemin. Tout est en feu , puros , la nature, le corps de l’homme, l’univers. S’il n’y avait que cette état, le monde serait livré à un embrasement généralisé, autrement dire à l’immonde. Il y a donc un contenant qui fait barrage à ce feu central et le maintient dans des limites disons humainement raisonnables. Ce bord, le philosophe présocratique qui vivait il y a bien 2700 ans, le nomme logos , la parole et le langage. C’est cette dialectique incessante entre ces deux forces puros et logos qui détermine l’ordre du monde. Héraclite d’en conclure que se refuser à la parole, c’est produire du désordre et menacer le monde. Rien que ça !
dimanche 24 avril 2005.