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Séductions et écueils du travail social

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Séductions et écueils du travail social
entre sirène et fantasmes
Téraèdre
31/12/2003

Tout d’abord il convient de saluer la belle initiative de Jean Ferreux qui lance une maison d’édition de qualité dans un contexte éditorial et intellectuel difficile. Le monde pense et lit de moins en moins, nous en avons chaque jour la confirmation. Ce beau pari est soutenu par des chercheurs ou des professionnels de qualité, souvent déjà connus des lecteurs de Science de l’homme-Cultures en mouvement . La collection où prend place ce volume est dirigée par Pierre Le Roy et Thierry Goguel d’Allondans, elle s’intitule « Tains sociaux » et entend participer aux débats autour des engagements du travail social à l’encontre des populations sur lesquelles il exerce ses missions. L’un et l’autre sont connus pour leur rigueur, leur sensibilité, leur engagement dans leur métier, et la qualité de leur écriture. « Notre but, écrivent-ils, est l’exploration de ces territoires –loin du mythe de la transparence, des miroirs sans tain- de les analyser pour ce qu’ils sont : des révélateurs, des tains sociaux , un miroir de nous-mêmes et de la société ».

Le premier volume de la collection s’ouvre symboliquement sur le bouleversant visage de Stanislas Tomkiewicz (1925-2003), un visage qui a traversé les ténèbres sans perdre ni sa luminosité ni sa malice, lui qui fut, toute son existence, mobilisé pour qu’un statut digne soit conféré aux personnes vouées à l’assistance sociale pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Séductions et écueils du travail social reprend les actes d’un important colloque tenu en 2002 à Soulac, lors de l’université d’été du travail social à l’invitation de l’AFORSSE, sous l’égide de Pierre Le Roy. Stanislas Tomkiewicz y fit sa dernière intervention publique, reproduite dans le volume, avant de prendre la parole il annonça aux personnes présentes qu’il s’agissait sans doute de son testament au regard d’un état de santé chancelant.

On lit au fil des pages des interventions de O. Filhol, Y. Hurtubize, P. Le Roy, J. Rouzel, T. Goguel d’Allondans, N. Carpentier, B. Montaclair, J-M. Courtois et S. Tomkiewicz. Des acteurs essentiels du travail social y prennent position, s’y dévoilent et débattent de l’avenir même de la profession à l’épreuve du néolibéralisme et d’un formatage qui prend de plus en plus la place de la formation dans les Ecoles ou ailleurs. Quelle transmission, quelles valeurs, quelles actions s’imposent aujourd’hui aux travailleurs sociaux et à ceux qui les accompagnent. Chaque intervenant s’engage dans le débat au regard de son itinéraire et de son éthique. Le beau texte de Stanislas Tomkiewicz qui clôt l’ouvrage comme une ouverture vers le monde rappelle une valeur fondamentale, battue en brèche par l’âpreté du monde contemporain ravagé aujourd’hui par la concurrence, la performance, l’efficacité, la vitesse, etc. Cette valeur c’est l’attention à l’autre, la reconnaissance de son visage, ce que Tom appelle d’un beau mot aujourd’hui dévalué dans ce temps du mépris, l’amour.

David Le Breton

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