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Et puis Paulette

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Et puis Paulette
Calmann-Lévy
19/02/2012

Et puis Paulette. Barbara Constantine, Calmann-Lévy, 2012, 312 P.

A l’heure d’aujourd’hui, que fait-on de nos vieux ? Pardon, cela ne se dit plus ; il convient de parler de « troisième âge », de « seniors », ou de « personnes âgées »… Là, dans ce roman, on appelle un chat, un chat ! Et l’on ne craint pas d’aborder le problème et d’y trouver une solution inattendue, créative et peu protocolaire… Une alternative tout simplement excellente parce qu’elle fonctionne sur le désir, la motivation, la solidarité et des valeurs humaines un peu oubliées de nos jours. Autrement dit, comment passer de la fin de vie, avec son cortège de solitudes et de dépressions, à l’altruisme et la joie de vivre ? C’est ce que développe ce roman qui, l’air de ne pas y toucher, explore un phénomène de société assez dramatique, et dont l’évolution va se situer au cœur de nos problématiques d’avenir sans qu’aucun de nous n’y échappe. Comment réagir devant le fiasco des régimes de retraites, de la perte du lien social et familial, qui vont nous entraîner vers des fonctionnements déshumanisés et des mécanismes affligeants d’égoïsme ? Le papy-boom et le manque de structures d’accueil, maisons de retraite, ghettos de fin de vie, (plus rutilants en apparence si les moyens financiers y sont) font et feront, au vu précisément du manque de budgets, de personnels, de formations et de subventions institutionnelles, le lit de notre déréliction sociale, et cela ne va pas aller en s’arrangeant… Les « usagers » y sont traités comme des patients, des objets de soins, des êtres passifs, voire des victimes de leur âge, de leur maladie, et non pas comme des sujets encore vivants, encore debouts jusqu’à leur dernière heure. Le climat y est morose, entre la perte d’autonomie, l’Alzheimer galopant, les syndromes régressifs, l’isolement au milieu d’un groupe où chacun reste confiné dans son monde. Macération du grand âge parfois sans visites, ou presque, SPA des familles prises dans la tourmente de la vie active, mouroirs en puissance, sans autre sortie, en perspective, que la dernière révérence. Et ce, malgré la présence des soignants, la communauté de vie et, parfois, les liens avec des proches, quand il en reste, et quand ils viennent encore.

Là, rien à voir ! Une communauté certes, mais où chacun tient sa place et intervient dans ses choix, décide et assume. Chacun est habilité à choisir le nouvel entrant en fonction de ce qu’il va pouvoir apporter au groupe et selon des atomes crochus. Les jeunes se mélangent avec les plus âgés et apportent leurs forces et leurs compétences contre l’expérience et la sagesse de ceux qui ont un passé qu’ils peuvent transmettre. De ce melting-pot émane une joie de vivre à l’œuvre pour le bien être de tous. C’est gai, c’est vivant, c’est sympa, ça fait rêver. On y parle de solidarité, de partage, d’entraide, d’ouverture à l’autre, de non conformisme, de tolérance. Les sans famille trouvent un refuge et une sécurité à commencer par les plus jeunes, parfois tout autant isolés. Et par les temps qui courent, que demander de plus ? Chacun met la main à la pâte, fait les courses, le potager, la couture, l’informatique (etc) bouge, agit et de ce fait, ne vieillit pas ; personne ne s’enferme là dans une vieillesse où les magazines et la TV sont les seuls horizons avec la chambre comme limites ; ni ne vieillit relié à des batteries de tuyaux. Disons le autrement : on a la mort et la vieillesse que l’on a en fonction de la vie que l’on a eue ! L’auteur a su écrire un roman charmant sur un sujet grave dans un style alerte. Elle offre un moment délicieux, loin des noirceurs ambiantes, rendant léger ce qui peut être lourd des angoisses de mort. Elle aborde les choses avec les accents du modernisme, tant sur le fond que sur la forme, démontrant avec lucidité et sans concession, comment les choses peuvent être simples quand on décide de ne pas les rendre compliquées et comment cette génération deale avec le mode de vie des plus jeunes (portables et internet) et combine, dans une douce utopie, passé et avenir.

Florence Plon

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