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Clinique et formation des éducateurs spécialisés

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Clinique et formation des éducateurs spécialisés
Presses universitaires de Sainte Gemme
31/12/2012

 

Note de lecture.Jacques Berton, Clinique et formation des éducateurs spécialisés,Presses Universitaires de Sainte Gemme, 2013, 17 €

C'estdevenu chose rare. Le mot a pratiquement disparu du vocabulaire usuelde « l'éducation spéciale », comme la désignait Itard, ensevelie sous les rouleaux-compresseurs du management, des normesIso, de la démarche qualité, des évaluations quantitatives etc.Quel mot? Tout simplement le mot « clinique », qui est fiché depuis longtemps, tel un totem de tribu, au centre desprofessions éducatives. La clinique, terme dont héritent leséducateurs, après qu'il ait fait un long voyage dans le domaine dela médecine et de la psychologie, voire de la sociologie. Al'origine la posture clinique désigne chez le médecin la nécessitéde s'incliner - même racine que clinique - sur le lit ( klinè ,en grec ancien) où la maladie a allongé le malade, pour lerencontrer là où il souffre. Cette teknè klinikè chezHippocrate et ses élèves signe bien l'essence même de l'acte desoin comme relevant d'une clinique de la rencontre humaine. Faute decette rencontre singulière, qui constitue le cœur de toute pratiquedes métier de relation, pédagogiques, éducatifs, thérapeutiques,l'acte lui-même se perd. Il se fait pratique de manipulation, deséduction ou d'emprise. La teknè klinikè de l'éducateur,c'est cette capacité, étonnante quand on y pense, qui exige uneformation particulière, qui ne soit pas un formatage, cette capacitéde rencontre d'un autre humain, là où les vacheries de la vie, lesinjustices sociales, le handicap... l'ont allongé et mis ensouffrance. Cette capacité spécifique de l'éducation spécialeexige un long cheminement formatif, où la posture du professionnelest sans cesse interrogée, y compris dans ses bonnes intentions, -chacun ne sait-il pas que l'enfer en est pavée! Ce cheminementdébouche sur ce que les artisans, enfin les quelques uns qui ne sesont pas industrialisés, nomment: le tour de main. C'est le sensexact du terme grec teknè . Ce tour de main particulier àchacun signe un style et une éthique. On est en droit de sedemander, ce que ne manque pas de faire l'auteur, si le rabattage,voire le rabotage, des formations à grands coups de« compétences », « protocoles »,« référentiels » etc  permet encore ce mode detransmission, qui, il n'y a pas si longtemps s'inspirait plus descompagnons du Tour de France que de l'ingénierie sociale. On peutdu coup se demander si la formation ne restera pas vivante qu'au prixd'actes de subversion (la version du dessous, la version enfouie), outels les personnages de Fahrenheit 451 dans le film deFrançois Truffault, des formateurs, qu'ils opèrent sur le terrain,ou en centre de formation, s'attacheront à restituer chacun lesbribes conservées précieusement des savoirs et des savoir-faireimmémoriaux de la clinique.

Il estheureux qu'un chercheur en sciences de l'éducation - mais on peut sedemander en quoi consiste un telle science, ou alors ne s'agit-il pasplutôt d'un art, d'une métis , d'un savoir-faire?- unchercheur donc tel que Jacques Berton, issu du terrain éducatif, quis'est, comme on dit coltiné le boulot, et qui aujourd'hui s'inscritdans les processus de transmission du métier, remette en selle ceconcept central. Compagnon de route de Vincent de Gaulejac qui s'estillustré en ouvrant la voie d'une sociologie clinique, à partir desméthodologies d'histoires de vie, Jacques Berton trempel'orientation clinique dans la formation (groupes de suivi deformation), dans la pratique (groupe d'analyse des pratiques), touten s'ouvrant largement aux histoires de vie et aux histoires depratique. J'ai toujours pensé que le travail éducatif était trufféd'histoires qu'on se raconte à longueur de journées. Et que c'estde cet humus que des actes de temps en temps émergent qui modifientle trajet, la trajectoire d'un sujet. Faute de cette pratiquequotidienne et spontanée du récit, ça finit par faire... deshistoires. Le travail éducatif en effet ce sont des vies quicroisent des vies. Qu'ils s'agisse de professionnels d'un côté etde dits « usagers » de l'autre, ne change rien àl'affaire. Le métier repose avant tout sur ces rencontres de vie oùse tissent des paroles. C'est proprement ce que l'on nomme cliniqueéducative. Le reste suit: les observations qui ne se soutiennent quede cette rencontre; les projets, partagés dans leur conception etleur mise en œuvre; les évaluations pour donner à lire le sens dutravail. Posé ainsi la clinique présente un tranchant desubversion. C'est sûrement pour cette raison que le discoursambiant, trafiqué par la novlangue, tente de la passer à la trappe.Et voilà qu'un éducateur, formateur, chercheur, la remet au grandjour. Chapeau!

JosephRouzel, éducateur spécialisé, psychanalyste, directeur del'Institut Européen Psychanalyse et Travail Social de Montpellier(PSYCHASOC).

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